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TEST – RiME



Annoncé initialement sur consoles concurrentes, Rime (stylisé en RiME) profita de la présentation organisée par Nintendo pour annoncer qu’il ferait un arrêt sur la Nintendo Switch. Le titre de Tequila Works, studio indépendant espagnol, eut toutefois la vie dure entre reports répétés et tensions avec les constructeurs. Rime arrive finalement sur la console hybride avec son lot d’énigmes et d’émotions pour proposer une aventure teintée de mélancolie aux joueurs Nintendo. 

L’Île Mystérieuse

La mer déchaînée, le vent impitoyable et l’orage embrasant le ciel : c’est dans cette ambiance presque shakespearienne que commence Rime. Le titre se présente comme un jeu mélangeant aventure et réflexion dans lequel nous aurons à explorer l’île sur laquelle nous avons atterri dans l’espoir de comprendre qui est notre jeune héros et de découvrir son passé. Tout de suite, une des grandes forces du jeu apparaît : son ambiance. La direction artistique mise sur un très joli cel-shading avec ses couleurs chatoyantes et ses jeux de lumière harmonieux qui, accompagnés de ces musiques douces et si apaisantes, crééent un cadre tout à fait unique où la tristesse, mais aussi l’espoir, sont rois. Le joueur se sent immédiatement concerné par l’histoire de ce jeune homme perdu et de cette île si étrange, aux multiples formes de vie et aux mystérieux mécanismes. Rime fait partie de ces oeuvres capables de provoquer une immédiate empathie pour le personnage. On ressent tout d’abord de la compassion pour notre héros totalement livré à lui-même. Vous ressentirez également une certaine forme d’oppression, et même de la peur, dans certains contextes où des ombres rôderont autour de vous en murmurant des paroles inaudibles. La panique vous atteindra quand la vaste silhouette d’un monstre ailé sera au-dessus de vous telle une épée de Damoclès. La joie et fatalement la tristesse viendront enrichir le tout quand vous ferez équipe avec des compagnons tels qu’un jeune renard joueur ou des robots bipèdes.

Autant d’émotions ressenties grâce au soin évident apporté à l’aspect visuel du titre mais également à la gestuelle et aux expressions du personnage qui varient subtilement selon les cadres. Une pente escarpée, un terrain irrégulier, des créatures aux alentours… tant de facteurs qui modifieront la posture et les émotions du héros à l’image de ce que l’on observe dans The Last GuardianL’histoire proposée par Rime représente à elle-seule une raison valable d’essayer le titre. Il est impossible d’en dire plus sans spoiler le lecteur, mais sachez que Tequila Works a réellement trouvé de quoi captiver les joueurs. En ligne droite, vous en aurez pour envrion 7 heures de jeu qui montent à 12 si vous désirez mettre la main sur tous les collectibles (tenues, balsons, jouets, images…) cachés dans les recoins de l’île. Les environnements parviennent à motiver le joueur à partir à leur recherche, autant pour la satisfaction de la collection que pour la beauté si poétique du cadre. Celle-ci est magnifiée par une bande-son qui rivalise avec les plus grands chefs-d’oeuvre d’animation de Walt Disney, alternant avec art les instruments et les sentiments et provoquant ainsi une immersion totale dans les aventures du jeune garçon.

“Enfant du Soleil, tu parcours la terre, le ciel…”

Comme dit plus haut, l’île sur laquelle vous évoluez renferme un grand nombre de mécanismes étranges, rappelant la célèbre série des années 80 des Mystérieuses Cités d’Or, qui font toute la dimension réflexion du jeu. Une bonne partie des énigmes repose sur l’utilisation de la voix du jeune garçon avec des interrupteurs spéciaux qui seront activés par son cri, ou bien des pierres lumineuses dont l’éclat s’intensifie quand il chante, ce qui donne lieu à des moments aussi poétiques qu’apaisants. Un autre type de puzzle utilise d’une manière très ingénieuse la perspective du jeu par le biais de la caméra, quand d’autres énigmes sont d’une forme plus classique telle que le déplacement d’objets. On se souviendra d’avoir révélé un chemin invisible dans une pièce plongée dans le noir en chantant ou d’avoir joué avec le cyle du soleil et de la lune pour ouvrir une porte. Ajoutons à cela que certaines phases se déroulent en compagnie d’un allié temporaire, à la manière des Temples de la Terre et du Vent dans The Legend of Zelda : Wind Waker. Ces différentes épreuves de réflexion prennent place dans des décors diversifiés, où la végétation se mêle harmonieusement aux structures en ruines ce qui offre des milieux très colorés et parfois de superbes panoramas. Par ailleurs, Rime ne se contente pas de la terre et se joue également dans la mer. Tequila Works parvient à proposer un gameplay aquatique, certes un peu rigide, mais tout à fait maniable, là où de nombreux jeux peinent à ne pas noyer le maheureux joueur. À noter qu’aucun système de combat n’est présent, ce qui ne signifie pas pour autant que vous êtes hors de danger dans ce monde hostile. La vulnérabilité du héros face aux sombres créatures qu’il rencontre parfois est transmise au joueur qui finit par se sentir lui-même menacé ou tout du moins, oppressé. On regrettera cependant la raideur quelque peu problématique du personnage dans les sauts.

Une technique nuisible

Nous allons aborder désormais l’aspect technique malheureusement très médiocre du jeu. Si le jeu offre une direction artistique splendide avec une résolution acceptable en Mode TV, les choses se gâtent du côté de la fluidité et du passage en Mode Nomade. Tequila Works semble avoir voulu atteindre les 60 images par seconde pour cette version Nintendo Switch, un objectif louable mais non atteint. Pire, le framerate est véritablement anarchique par moment avec des saccades qui parviendraient presque à briser le charme dégagé par le jeu. Et cela, sans parler du rendu en Mode Portable extrêmement décevant : imaginez une sorte de violent downgrade, comme si la version Portable de Rime devait paraître sur Wii et non sur Switch et vous y êtes. Flou, grossier, saccadé, le résultat est affreux et parvient à tuer tout ce qui fait la beauté du titre au point d’en donner la nausée et la migraine (véridique !) face à cet aliasing abusif . On ne peut qu’espérer que Tequila Works prenne conscience de cet aspect technique scandaleux qui ne tient même pas compte du concept de la Nintendo Switch : obtenir un rendu similaire entre TV et Portable. Si nous pouvons vous donner un conseil en attendant : n’y jouez que sur votre télévision. Jouer en Mode Portable revient à mettre à mort toutes les qualités artistiques de Rime, un comble quand on pense aux reports qu’a subis cette version ! Nous espérons réellement qu’un patch correctif paraîtra bientôt pour corriger cela, car il nous a été extrêmement désagréable de rapporter ces faits.

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Avis final
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Résumé

Si nous devions résumer Rime, nous dirions qu’il s’agit d’une merveille de narration et de création artistique mais d’une calamité sur le plan technique. Cette magnifique expérience révèle un très beau talent de conteur chez Tequila Works mais des lacunes sur le plan de l’optimisation. On ressort bouleversé par cette histoire dont la conclusion inattendue vous laissera littéralement pantois. Elle vous donnera envie de lancer une nouvelle partie, ne serait-ce que pour observer avec un regard neuf les éléments du jeu, notamment cette silhouette vêtue de rouge qui semble vous suivre partout. Tequila Works a cependant bâclé son travail technique : une direction artistique aussi belle soit-elle ne peut se passer d’un minimum de performance matérielle et cela, l’éditeur espagnol ne semble pas l’avoir intégré pour cette version Nintendo Switch. La différence de rendu entre la télévision et l’écran de la Nintendo Switch est une énorme déception et l’on espère que cette erreur sera rapidement corrigée d’ici le lancement du titre, le 17 novembre. Au final, si vous êtes à la recherche d’une expérience splendide du point de vue artistique, foncez les yeux fermés !

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LatoJuana
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Gamer de 26 ans avec un penchant pour les jeux racontant de belles histoires. Je suis rédacteur sur le site depuis 2017. Zelda reste ma licence de cœur mais j'aime découvrir des jeux de toutes sortes !