Immortals Fenyx Rising, le premier BOTW-like ? – TEST

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La mythologie grecque a inspiré notre culture de bien des manières. Les librairies foisonnent d’éditions diverses et variées de ces légendes parfois incongrues, parfois dramatiques tandis que le cinéma nous a proposé une multitude d’oeuvres inspirées plus ou moins largement de ces dernières, avec un succès pas toujours au rendez-vous. Dans les jeux vidéo, l’Olympe se fait plus rare bien qu’il semble jouir d’une popularité plus présente qu’auparavant. Après l’excellent Hadès et son aperçu des Enfers, nous remontons à la surface dans Immortals Fenyx Rising, anciennement connu sous le nom de Gods & Monsters. Créée par Ubisoft, et plus particulièrement l’équipe derrière Assassin’s Creed Odyssey, cette nouvelle aventure est d’ores et déjà vue comme le premier représentant d’une nouvelle catégorie : le Breath of the Wild-like. Est-ce le cas ?

Votre épopée commence par le naufrage du navire transportant Fenyx, votre héros entièrement personnalisable en devenir : si la communication d’Ubisoft a essentiellement montré la version féminine du personnage, sachez que vous pouvez tout à fait opter pour une figure masculine si tel est votre souhait. Passée cette étape cosmétique, Fenyx se retrouve embarqué, sans trop savoir pourquoi, dans une querelle opposant les dieux grecs et Typhon. Ce Titan autrefois banni par Zeus s’est récemment libéré de ses chaînes et entend bien prendre sa revanche sur l’Olympe : quoi de mieux que de lancer une malédiction sur plusieurs de ses habitants ? Ainsi, les malheureux Aphrodite, Arès, Athéna et Héphaïstos se retrouvent privés de leurs pouvoirs tandis que grandit l’influence maléfique de Typhon sur l’Île d’Or, lieu de l’action. Officiellement reconnu par Prométhée comme étant le dernier espoir aussi bien des dieux que de l’humanité, Fenyx se voit investi de la lourde tâche de libérer les divinités maudites et utiliser leurs prodigieux pouvoirs pour abattre le tyrannique Typhon. Votre quête consistera donc à explorer le vaste monde que représente l’Île d’Or à la recherche de chaque dieu maudit. Une fois ce dernier débusqué, il s’agira de remplir une série de quêtes plus ou moins scénarisées qui aboutiront à sa libération.

Les bases sont posées mais sous quelle forme Immortals Fenyx Rising nous invite à remplir cette quête assurément épique ? De nombreux joueurs ont souligné une certaine ressemblance entre le titre d’Ubisoft et The Legend of Zelda: Breath of the Wild sorti en 2017 et parfois avec une certaine malveillance. On aurait pu leur répondre que le jeu phare de la Nintendo Switch, aussi excellent soit-il, n’a pas non plus inventé les plaines herbeuses et les codes des Action-RPG ! Pourtant, force est de constater qu’Ubisoft a puisé, peut-être inconsciemment mais ne soyons pas naïfs, de manière évidente dans les propositions faites par Breath of the Wild.

Assassin’s Creed: Breath of the Wild

Immortals Fenyx Rising montre en effet de grandes similitudes avec ce dernier à l’image de sa structure narrative : le scénario vous propose de visiter quatre lieux clés en lien avec un dieu grec et dans l’ordre que vous souhaitez. Une fois les quatre lieux visités et leurs quêtes accomplies, vous serez à même d’aller à la rencontre de Typhon et de lui administrer une bonne correction. On retrouve la possibilité d’escalader n’importe quelle paroi dans l’univers dans lequel vous évoluez, une mécanique permettant de planer depuis les hauteurs (matérialisée ici par les ailes de Dédale au lieu d’une Paravoile) ainsi qu’un système de mini-donjons (les Cryptes du Tartare) plus ou moins facultatifs éparpillés un peu partout dans le monde et dans lesquels il faudra user de certains pouvoirs spéciaux comme la capacité d’attirer des objets à vous. Bref, on reconnaît là un ensemble de mécaniques que proposait également Breath of the Wild. Immortals Fenyx Rising s’inspire également (et logiquement) d’Assassin’s Creed dans ses combats ainsi que dans un système d’arbre de compétences que vous pourrez améliorer de diverses manières ainsi qu’un semblant d’infiltration.

Que le titre mythologique d’Ubisoft s’inspire largement de grands jeux de ces dernières années est plus que louable bien sûr. Après tout, Breath of the Wild ne s’est pas gêné pour puiser dans des jeux précédemment mis sur le marché ! Seulement, Immortals Fenyx Rising pose un double problème dans le cas présent : il reprend le gameplay de fameux hits sans en garder le meilleur, ni en ajoutant sa propre plus-value, si bien qu’on a effectivement l’impression de jouer à un bâtard issu d’une union mal arrangée entre Zelda et Assassin’s Creed.

Pourquoi ce ressenti ? Tout simplement car Ubisoft a pris toutes ces mécaniques en leur enlevant ce qui faisait leur sel. Le système de combat concentre les défauts de celui d’Assassin’s Creed et ne présente que peu de subtilités. En résumé, vous disposez d’une touche pour les attaques rapides, une autre pour les attaques lentes mais un peu plus puissantes et une dernière pour tirer à l’arc (et encore, ce dernier est si faible qu’il est largement plus utilisé pour résoudre diverses énigmes). Ce manque criant de possibilités fait que les affrontements se résument davantage à un matraquage de deux boutons qu’à une véritable joute. Le joueur peut esquiver les attaques (quand la hitbox le permet) et peut ralentir le temps en esquivant au dernier instant (encore un système familier). Quant aux énigmes des Cryptes, celles-ci ne présentent que peu d’intérêt, exceptées les grandes Cryptes obligatoires, et ont une nette tendance à se répéter dans les énigmes qu’elles imposent. Le seul avantage dans cette absence de profondeur est que le gameplay en devient très accessible : on pourrait donc très bien imaginer utiliser Immortals Fenyx Rising pour introduire quelqu’un aux jeux en monde ouvert, d’autant que sur ce point, le jeu d’Ubisoft est clairement à la hauteur.

Un monde digne de ses modèles

Car oui, si je n’ai pas été convaincu par le gameplay du titre, j’ai pris un véritable plaisir à explorer son univers. Colorée, variée et remplie de secrets et de défis à relever, l’Île d’Or offre un terrain de jeu formidable et propice aux longues promenades solitaires. Ce monde n’hésite pas à faire dans le gigantisme avec de colossales statues de dieux grecs et de créatures mythologiques dont l’escalade vous récompense souvent d’un objet d’amélioration mais aussi et surtout de panoramas exceptionnels qui m’ont souvent fait vibrer. Le plaisir de s’élancer depuis le sommet du casque d’Athéna et de planer doucement vers le temple de la déesse de la sagesse (que j’aurais repéré grâce à la fonction de vision lointaine) est présent et donne des sensations d’espaces que bien peu de jeux sont capables de procurer. On regrettera peut-être certaines zones moins esthétiques que d’autres (la région d’Arès notamment) mais globalement, l’Île d’Or est un vrai petit paradis pour l’explorateur en herbe. Il est possible de repousser les limites de son exploration en augmentant votre jauge d’endurance grâce à la Foudre de Zeus que vous obtenez pour chaque Crypte remplie et ainsi escalader toujours plus haut et planer toujours plus loin.

Pourtant, votre aventure ne sera pas aussi tranquille que vous pourriez le croire ! Là où l’influence maléfique de Ganon est somme toute très en retrait dans Breath of the Wild, Immortals Fenyx Rising se veut bien plus strict de ce point de vue avec la présence malveillante de Typhon. Cela passe en premier par une population de monstres assoiffés de sang qui vous sauteront dessus à la moindre occasion ! Minotaure, Gorgones et autres Griffons arpentent la terre et le ciel, prêts à vous dévorer tout cru, le tout sous la domination de Typhon qui ne rate pas une occasion pour vous mettre des bâtons dans les roues. Du haut de sa montagne, le Titan vous observe régulièrement et n’hésitera pas à déchaîner sa rage si vous vous avisez de contrevenir à ses plans, que ce soit en progressant dans le scénario ou en remplissant une quête secondaire. Cela se traduit par un changement drastique dans l’atmosphère de l’Île d’Or où les monstres se feront plus insistants et où vous serez même traqués sans merci par les spectres vengeurs de héros légendaires comme Achille et Ulysse.

Une narration qui divisera

Ceci rejoint un autre point qui m’a beaucoup plu concernant l’intégration très réussie de ce cadre mythologique dans un jeu vidéo. Comme je le disais, Immortals Fenyx Rising fourmille de références aux légendes antiques que ce soit dans son monde ouvert, son système de jeu ou sa narration. Ce sens du détail témoigne d’une véritable appétence pour cette mythologie fascinante et on sent la passion des développeurs pour cette dernière, donnant un sentiment complexe mais délicieux de prendre part à une aventure écrite avec le coeur. Dommage que la narration ne soit pas forcément la plus adaptée dans le cas présent.

Tous les faits et gestes de Fenyx seront narrés par le duo comique formé par Prométhée et Zeus (qui doit sa voix française à Lionel Astier que vous connaissez sans doute en tant que Léodagan dans l’excellente série Kaamelot), un choix qui risque de ne pas plaire à tout le monde puisque l‘histoire doit être vécue au second degré, si ce n’est au troisième. Globalement, on passe un bon moment, l’humour étant omniprésent même si l’effet est parfois gâché par les interventions incessantes de Zeus qui trouvera toujours le moyen de décrédibiliser ces instants (même si on ne peut qu’apprécier l’évocation d’une romance qu’il aurait développée avec Achille). Pour autant il s’agit là d’un ressenti très personnel, d’autant plus que l’humour fait parfois mouche : les rencontres avec les différents dieux grecs sont souvent hautes en couleur mais gagneraient à être épargnées par les injonctions du dieu des dieux. En bref : la ferme, Zeus.

Immortals Fenyx Rising sur Switch : un mariage heureux ?

Au fait, comment se porte Immortals Fenyx Rising sur Switch ? Plutôt bien, merci pour lui. Je ne m’attarderai que peu sur les comparatifs (stupides, n’ayant pas peur des mots) qui auront été faits avec la version PS5 si ce n’est pour dire qu’ils sont aussi pertinents qu’aurait pu être l’avis de Staline sur l’importance de la démocratie dans le monde. Le monde ouvert est suffisamment bien optimisé pour rester enchanteur malgré un framerate parfois crissant lors des mouvements de caméra. Le seul impact est que les zones les moins belles le seront d’autant moins à cause de modèles 3D fatalement moins fins. Par contre, et ceci est indépendant des capacités de la console ou de l’optimisation du jeu, les animations d’un autre âge font parfois franchement tâche, surtout concernant les chevaux qui vous servent de monture. La distance d’affichage reste tout à fait correcte et le regard est ainsi toujours attiré par quelque chose de brillant au loin qui nous pousse à poursuivre nos pérégrinations pour notre plus grand bonheur. Si l’image est flatteuse à l’écran TV, le constat est un peu moins enthousiaste sur l’écran de la Switch qui offre un rendu moins fin et moins agréable à mes yeux mais qui ne dérangera probablement pas les accros du mode Portable (voir les screens juste en dessous).

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N'est pas Breath of the Wild qui veut
  • N'est pas Breath of the Wild qui veut - 70%
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N'est pas Breath of the Wild qui veut

Quel dommage ! Ubisoft est passé à côté d’une excellente occasion d’intégrer la mythologie grecque dans une production ambitieuse à haute échelle. À force de puiser dans Assassin’s Creed et Breath of the Wild sans en tirer le meilleur, Immortals Fenyx Rising pêche par un gameplay limité qui ne contentera pas les joueurs expérimentés. On ne peut cependant que saluer la richesse de son monde ouvert dont l’exploration reste un plaisir authentique et la qualité de son univers où les légendes de la Grèce antique s’insèrent parfaitement bien, malgré une narration parfois envahissante de la part du duo Prométhée / Zeus.

Les +

  • Un gameplay simple…
  • De l’humour…
  • Un monde ouvert d’une qualité rare
  • Techniquement solide sur TV…
  • Une excellente intégration des mythes grecs
  • Zeus says gay rights

Les -

  • … mais trop superficiel et sans plus-value
  • … parfois trop envahissant
  • Des énigmes peu intéressantes
  • … moins en Portable
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Note des lecteurs :
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LatoJuana
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Gamer de 26 ans avec un penchant pour les jeux racontant de belles histoires. Je suis rédacteur sur le site depuis 2017. Zelda reste ma licence de cœur mais j'aime découvrir des jeux de toutes sortes !

2 Commentaires
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Endy

J’y joue depuis samedi en physique et pour l’instant je me régale. L’histoire est fun (faut aimer l’humour quand même), c’est très coloré (plus que Zelda qui était en sépia), la direction artistique est magnifique (décors, tenues, armes…) et la map a l’air immense !!
Pour moi, mise à part les Mini donjons avec leurs phases de plateforme ou l’utilisation du pouvoir télékinésique, je trouve que pour le reste il ressemble beaucoup plus à Assassin’s Creed Odyssey qu’à Zelda (compagnon oiseau, infiltration, combos, arbre de compétences, nombreux équipements).
Il ne faut pas oublier que l’escalade n’est pas le propre de Zelda BOTW, Assassin’s Creed l’utilise depuis son tout premier jeu.
Vous dites qu’il n’utilise pas le meilleur du game play des deux, je ne suis pas d’accord. Les aptitudes et combots issus d’Assassin’s Creed rendent les combats plus dynamiques et moins redondants que ceux de Zelda. Les flèches peuvent être téléguidées comme dans les derniers AC et ça rajoute du game play dans la résolution de certains puzzles bien plus complexes que ceux de Zelda.
Bref, si vous aimez les action-rpg avec un monde ouvert immense et que vous aimez aussi la Mythologie grecque comme moi, foncez ! Des mondes ouverts de cette qualité on en a pas beaucoup sur Switch à part Zelda, Xenoblade et the Witcher.

Tom

Merci pour le test ! J’hésite quand même … Il n’y a pas grand chose à se mettre sous la dent pour cette fin d’année.