L’Atelier du Jeu Vidéo, les mains dans le cambouis – TEST

L'Atelier du Jeu Vidéo, les mains dans le cambouis – TEST
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Nintendo a souvent voulu nous permettre de créer nos jeux, nous donner la possibilité, le temps d’un instant, de nous placer dans l’enivrante place du développeur qui crée son produit ludique de toutes pièces : si l’on pense évidemment aux deux Mario Maker (qui nous ont montré qu’être level designer était bel et bien un métier à part entière), nous avons aussi eu le droit au Nintendo Labo et à l’excellent Wario Ware D.I.Y., encore et toujours l’un des meilleurs titres pour initier les jeunes à la programmation. L’Atelier du Jeu Vidéo, qui nous intéresse aujourd’hui, s’inscrit dans cette logique là et nous permet de plonger encore plus loin dans les abîmes d’un jeu, de façon complète, très complète… tellement complète, en réalité, qu’il m’est difficile de vous livrer aujourd’hui un test, étant donné que nous sommes ici plus dans le logiciel que dans le jeu vidéo – ce qui ne veut pas dire que l’accessibilité a été mise de côté, comme nous allons le voir. Trèves de bavardages, plongeons-nous ensemble dans la piscine des nodons !

Mon nodon favori, c’est le nodon Corleone

Quand vous lancerez L’Atelier du Jeu Vidéo pour la première fois, vous découvrirez qu’il vous est impossible de commencer à programmer : en effet, seul le mode “leçons interactives” est disponible. Il va falloir suivre au moins une leçon avant de vous plonger dans le grand bain. Vous lancez donc la création de “le chat et la souris“, votre tout premier jeu. Et c’est le moment où vous risquerez de piquer du nez, tout du moins si vous avez déjà quelques bases en programmation : le personnage qui dirige ce tutoriel, Bob, se répète beaucoup et vous prend la main en chaque instant, ce qui s’avère agaçant quand vous aurez compris où il veut en venir. Néanmoins, il va falloir s’accrocher, et les leçons suivantes vont vous laisser de plus en plus la main libre tandis que des concepts à la complexité grandissante vous seront proposés. On regrettera presque durant les trois dernières leçons que certains d’entre eux soient survolés, tant ils peuvent paraître difficiles à maîtriser.

Il faut dire que L’Atelier du Jeu Vidéo propose un langage assez logique, mais plutôt nouveau, à base de nodons, des petits blocs représentant les actions de votre code, à déplacer. Si certains d’entre eux sont assez basiques et donc simples à comprendre (les personnages, les sticks), la plupart demanderont une pensée mathématique et logique à laquelle je n’aurais pas pensé être confronté ici. Heureusement, le tout est très bien organisé sur l’écran : les nodons “entrée” représentent les boutons, mais aussi l’inclinaison de la manette, la caméra infrarouge… ; les nodons “milieu” se concentrent sur le gros du code, avec tout ce qui à trait au calcul, à la comparaison, à la logique ; les nodons “sortie” permettront de lancer une musique de fond ou de faire redémarrer votre jeu ; et, enfin, les “objets” représentent grosso modo tout ce que vous serez amené à voir dans le jeu. On regrettera cependant que nous n’ayons pas eu droit aux 80 fiches de la version japonaise, qui expliquaient le fonctionnement de chaque nodon, bien qu’il y ait en jeu une “Nodopédia” qui recense les mêmes informations.

Alice, ça glisse

Des actions parfois simples nécessiteront souvent des cheminements complexes – mais toujours logiques. C’est là le prix de la liberté pour pouvoir créer les jeux que l’on souhaite, comme on le souhaite, et j’ai apprécié l’accent mis sur la propreté du code, avec raccourcis et annotations qui permettent de s’y retrouver dans ce qui ressemblera très vite à une carte heuristique géante. Dommage, d’ailleurs, que l’écran tactile de la Switchà moins que ce ne soient juste mes gros doigts – soit si imprécis : en mode “programmation libre“, il ne sera pas rare de faire bouger des nodons ou créer des connections sans le vouloir, en essayant juste de se déplacer dans le programme. La meilleure façon de créer des jeux sera donc de brancher une souris à votre console quand elle est dockée, ce qui s’avère facile et très pratique.

Entre chaque leçon, L’Atelier du Jeu Vidéo vous demandera de valider votre progression par le biais de casse-têtes à résoudre qui permettront de vérifier les acquis, une bonne idée, d’autant plus qu’ils s’associent bien au “guide d’Alice“, une encyclopédie très complète qui recense toutes les informations que vous aurez acquises au cours des leçons et que vous devrez quasi obligatoirement consulter au delà d’un certain stade. Tout ce contenu fait que le mode “leçons interactives” vous occupera pendant sept à huit heures, plus longtemps, donc, que certains jeux entiers : si tout cela peut donner le vertige, la présentation, qui se fait avec beaucoup d’humour (les nodons ont toujours une petite blague à balancer), ainsi que le fait de voir directement le résultat de ses efforts font que le temps passe vite et rendent l’apprentissage gratifiant. Je conseillerais cependant de prendre votre temps et d’avancer à votre rythme : enchaîner les leçons en trois jours pour les besoins du test a quand même fait gonfler ma tête comme un ballon face aux très nombreuses choses à assimiler.

Le partage façon Jeff Bezos

Si le logiciel vous permet une grande liberté dans la programmation, on ne peut pas en dire autant au niveau de l’aspect visuel de vos créations : vous aurez à votre disposition un certain nombres de personnages et d’objets pré-modélisés, mais aucun éditeur de sprites 3D n’est disponible, ce qui vous contraindra à être imaginatif (quelle est la différence, finalement, entre une balle de golf et un missile tiré par un vaisseau ?). Il y a bien un éditeur de sprites 2D à votre disposition, mais il est grandement limité dans ses options (surtout quand on le compare à celui proposé par Animal Crossing: New Horizons) et par l’écran tactile de la Switch, si peu précis. C’est bien simple : il me semble impossible de produire des sprites de qualité sans l’aide d’un stylet adapté aux écrans capacitifs (vous pouvez en trouver chez tous les e-commerçants ou simplement en achetant le Programme d’Entraînement Cérébral du Dr Kawashima). On regrettera aussi, toujours en comparaison avec Animal Crossing, de ne pas pouvoir partager ses spirites les plus réussis avec la communauté, ne serait-ce que par le biais d’un code.

C’est d’ailleurs l’occasion de mettre un dernier carton rouge à Nintendo : non seulement il est impossible de partager ses sprites, mais L’Atelier du Jeu Vidéo ne propose tout simplement aucun aspect social, aucune page à la Mario Maker où vous pourrez retrouver les créations des autres, rien, nada ! Un choix que l’on peut comprendre quand on connaît la crainte du constructeur de voir des petites têtes blondes exposées à du contenu qu’elles ne sauraient voir, mais qui ne crée aucune émulation autour du titre et vous laisse bien seul face à vos créations, sans exemple à décortiquer. Heureusement, vous pouvez recevoir les créations de vos amis et un site internet a d’ores et déjà été créé pour pallier à ce manque du constructeur, mais l’on ne pourra que regretter ce choix conservateur de la part de Nintendo, d’autant plus que des pas dans le bon sens avaient été faits récemment, par exemple dans Miitopia.

L'atelier du jeu vidéo Standard | Nintendo Switch – Code jeu à télécharger

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L'Atelier du Jeu Vidéo, les mains dans le cambouis
  • Complet mais handicapé - 65%
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Complet mais handicapé

On ne peut que saluer la rigueur didactique de L’Atelier du Jeu Vidéo, ainsi que sa capacité à rendre des leçons aussi intéressantes. On ne peut qu’applaudir, pareillement, face à la puissance du moteur de programmation fourni ainsi que l’intelligence avec laquelle celui-ci a été conçu. Mais le titre de Nintendo se tire une balle dans le pied face à l’absence de fonctions communautaires qui auraient pu aider les moins bons à progresser comme motiver les meilleurs à faire de leur mieux. Un peu dommage, mais nous ne sommes pas à l’abri d’une mise à jour rajoutant ces éléments : si celle-ci arrive, vous aurez ma permission pour rajouter dix points à la note ci-dessus.

Les +

  • Aussi simple que possible mais aussi puissant que nécessaire
  • Malin
  • Vous fait vous sentir malin
  • Sait être drôle
  • Une bonne introduction à la programmation
  • Sans doute le cours magistral le plus fun de ma vie

Les -

  • Impossible de partager ses sprites
  • Impossible de créer des sprites 3D
  • Impossible de découvrir facilement les créations des autres
  • Impossible d’acheter le jeu en physique en Europe
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Note des lecteurs :
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lunapolitana
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Fan de consoles Nintendo et de jeux japonais depuis que je suis en âge de tenir une manette. Si je ne suis pas dispo, c'est probablement que je visite un parc Disney.

1 Commentaire
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Ceillier

J’ai trouvé le jeu parfait pour initier mon enfant de 5 ans à la programmation.

Pour les plus grand, suivre un tuto unity me semble plus intéressant et adapté si vous voulez vous frotter à la joie de la conception de jeux.