Travis Strikes Again: No More Heroes
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Travis Strikes Again: No More Heroes, Arnaque, Crimes et Otaku – TEST



Quand on parle des héros de jeux vidéo au caractère irrévérencieux et insolent, de grands noms de l’industrie tels que Dante et Bayonetta surgissent immédiatement dans l’esprit des joueurs. Alors que le chasseur de démon revient dans deux mois en compagnie de Nero et que la sorcière de l’Umbra se prépare pour un troisième volet de ses aventures, un autre tueur surgit après plusieurs années d’absence et ce en exclusivité sur Nintendo Switch. Car oui, Travis Touchdown est enfin de retour ! Après No More Heroes et No More Heroes : Desperate Struggle parus respectivement en 2008 et 2010 sur Wii, l’assassin porteur du Katana Beam revient dans un spin-off déjanté et baptisé Travis Strikes Again : No More Heroes. Suite à ces presque 10 années passées en retrait, comment se porte le baron sanglant de Goichi Suda ?

The Game of Death

Dès la séquence d’ouverture du jeu, on sent directement que Travis Strikes Again n’entend pas suivre un chemin classique. Un petit rappel s’impose : dans le premier No More Heroes, Travis Touchdown, assassin de première classe et otaku assumé, en vient à tuer Bad Girl, une folle jeune femme assoiffée de sang et maniant savamment la batte de baseball lors de la vaste fumisterie qu’est le tournoi de la United Assassins Association. Des années plus tard, Bad Man, son père, réclame vengeance et entend tuer de ses mains l’assassin de sa fille. Fidèle à son amour des jeux rétro, Travis est en train de jouer sur une mystérieuse console, la Death Drive Mk II, quand Bad Man débarque dans sa caravane, batte à la main et canettes de bière prêtes à l’emploi. Bien vite, une bagarre commence entre les deux hommes, bagarre rapidement stoppée par un phénomène paranormal des plus inattendus : la Death Drive Mk II aspire nos deux protagonistes et les piège en son sein ! Les deux ennemis jurés se retrouvent alors embarqués dans un monde virtuel dont ils devront repousser les multiples ennemis pour espérer sortir de la console et retourner dans le monde réel.

À deux, c’est mieux !

Travis et Bad Man auront ainsi à arpenter 7 mondes inspirés de jeux d’antan qui ont marqué les années 80. Si ces sept univers proposent chacun une vision unique du jeu vidéo, Travis Strikes Again reste néanmoins dans la veine des No More Heroes avec un style hack and slash composant la base de son gameplay. A l’aide du Katana Beam, le joueur doit affronter des vagues d’ennemis aux patterns variés dans chacun de ces univers pour en atteindre le Boss de fin. Sans révolutionner les codes de la série ou du hack and slash en lui-même, Travis Strikes Again propose néanmoins une expérience plaisante et plutôt soignée dans ses combats : attaques faibles, attaques fortes, sauts esquives et attaques chargées sont au rendez-vous, le tout agrémenté d’un ensemble de techniques spéciales indispensables pour espérer triompher des monstres arpentant les 7 jeux de la Death Drive Mk II. Il faudra par ailleurs surveiller la batterie de votre Katana Beam : une tâche parfois fort ardue quand on se retrouve noyé sous une vague d’ennemis en furie et que votre précieux sabre vous lâche ! Une composante RPG s’ajoute à cela avec la possibilité de gagner de l’expérience et de monter en niveau pour augmenter la puissance d’attaque et les PV de Travis. Le jeu se veut également placé sous le signe de la coopération en proposant un mode où un deuxième joueur incarne Bad Man. Globalement pourvu de la même palette d’attaques que son ennemi juré, Bad Man possède néanmoins quelques techniques exclusives reposant sur sa batte de baseball. Il est possible d’alterner entre les deux personnages à tout moment en mode Solo et de partager l’expérience pour qu’aucun des deux quidams ne sentent lésés.

Guns and Blood

Si un sentiment de répétitivité s’empare fatalement du joueur à force de trancher encore et encore dans le tas, force est de constater que Suda51 a fait de nombreux efforts pour varier les expériences proposées avec plus ou moins de succès. Alors que le deuxième jeu (Life is Destroy) flirte avec le puzzle-game sur fond de légende urbaine pour un résultat très convaincant, Coffee And Doughnuts ne parvient pas à accrocher le joueur à force de répéter constamment les mêmes objectifs et en imposant une phase de plateforme plutôt brouillonne. Golden Dragon ravira les amateurs de Tron avec ses courses futuristes et sa DA “laser” très engageante tandis que Death Marathon fera vibrer votre corde nostalgique. Malgré quelques inégalités dans l’intérêt de ces différents univers, le joueur est toujours récompensé par des combats de Boss extrêmement plaisants à jouer : le design de ces ennemis majeurs est recherché et les batailles réservent un vrai défi nécessitant une bonne préparation pour être remporté. Globalement, Travis Strikes Again propose une bonne dose de difficulté au joueur, avec la possibilité de moduler celle-ci de bien des manières pour vous tailler un challenge à votre goût. Il est d’ailleurs possible de revisiter chacun des 7 jeux de la Death Drive Mk II pour récupérer les nombreux collectibles disséminés et améliorer votre score face au Boss de fin.

Indies lover

Vous l’aurez compris : Travis Strikes Again s’impose d’emblée comme un voyage sous ectasy où la normalité n’a pas voix au chapitre. Le joueur retrouve ou découvre un Travis plus insolent et acide que jamais avec bon nombre de répliques assassines, en parfaite adéquation avec son emploi. Et un tel personnage ne pouvait s’inscrire dans une ambiance classique ! Pour ce Travis Strikes Again, Goichi Suda rempile pour une nouvelle valse sauvage de hack and slash sur un fond rétro que les enfants des années 80 trouveront véritablement savoureuse. Travis Strikes Again se veut comme une véritable déclaration d’amour à l’industrie du jeu vidéo mais plus précisément sur l’industrie du jeu indépendant. A de nombreuses reprises, Suda51 avait affirmé qu’il considérait l’équipe de Grasshopper Manufacture comme une équipe indépendante et ce sentiment se ressent profondément dans l’oeuvre folle qu’il apporte à la Nintendo Switch.

La Chute du Quatrième Mur

Folle dans tous ses aspects si nous sommes honnêtes : la sauvegarde se fait quand Travis passe aux toilettes, le déblocage des différents jeux de la Death Drive Mk II passe par un visual novel (baptisé Travis Strikes Back) volontairement anarchique et parodiant Dragon Ball Z tandis que la caravane de Travis fait office de menu principal. A noter que la caravane est l’occasion de personnaliser Travis avec une sélection de T-Shirt rendant hommage à plusieurs stars du jeu indépendant mais également des jeux Nintendo. Vous aurez ainsi le privilège de slasher vos ennemis avec élégance en arborant un T-Shirt Hollow Knight, un T-Shirt Zelda : Majora’s Mask ou, si le coeur vous en dit, un T-Shirt Hatoful Boyfriend.

L’aspect le plus extraordinaire de cette aventure reste le sort réservé au fameux quatrième mur, la limite tacite qu’impose normalement un créateur entre son univers et la réalité du lecteur. Si Deadpool est connu pour briser régulièrement le quatrième mur, Travis Strikes Again le pulvérise à la bombe nucléaire. Vous aurez ainsi régulièrement des remarques sur le manque de ressources techniques et le déficit budgétaire pour le marketing du jeu aux moments les plus inattendus, et honnêtement : quel bonheur ! Rarement un jeu n’aura été aussi décomplexé et c’est cette légèreté constante qui fait de Travis Strikes Again une expérience aussi unique.

Avis final
  • Un retour réussi - 80%
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Résumé

Déjanté, unique, fou, étrange, sanglant… Beaucoup de qualificatifs me viennent à l’esprit concernant Travis Strikes Again : No More Heroes. C’est déstabilisé par ce tourbillon de couleurs, de références et de sang que j’ai reposé ma manette et que j’ai commencé à écrire ce test. Pour quelqu’un comme moi qui voue un amour inconditionnel aux jeux vidéo depuis que je suis capable de tenir une manette, j’ai expérimenté ce jeu complètement hors catégories à tous points de vue et je ne le regrette pas. Outre l’annihilation assumée du Quatrième Mur à n’importe quelle occasion, Travis Strikes Again se démarque de l’ensemble des jeux de l’industrie par une ambiance complètement survoltée qui parvient à faire oublier le sentiment de répétitivité qui s’installe à long terme. Malgré quelques insuffisances ça et là au niveau du gameplay dans certaines phases de jeu, Travis Strikes Again reste une expérience sympathique qui peut se revendiquer comme l’outsider de ce début d’année. Désormais, j’attends avec une impatience renouvelée un No More Heroes 3 qui reprendra les codes plus classiques de l’univers de Suda51 !

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LatoJuana
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Gamer de 26 ans avec un penchant pour les jeux racontant de belles histoires. Je suis rédacteur sur le site depuis 2017. Zelda reste ma licence de cœur mais j'aime découvrir des jeux de toutes sortes !

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Gunstarred

Je pense que le jeu prend tout sont sens en coop.