The Hundred Line: Last Defense Academy est un jeu particulier à tester. Mélange de visual novel et de tactical, le nouveau bébé de Kotaro Uchikoshi (AI: The Somnium Files) et Kazutaka Kodaka (Danganronpa) est un titre fou, avec cent fins différentes et un scénario aux multiples embranchements qui part dans des directions insoupçonnées, dont il est difficile de parler sans vous spoiler. C’est pourtant ce que je vais essayer de m’atteler à faire aujourd’hui afin d’essayer de répondre à la question : est-ce que cette histoire est faite pour vous ?
Paroles et paroles et paroles
Votre aventure débute alors que vous découvrez la vie rangée de Takumi Sumino, un lycéen qui profite d’une vie banale, trop à son goût, dans le nouveau complexe résidentiel de Tokyo, un lieu de vie complètement fermé à l’éclairage artificiel. Cette vie paisible est simplement ponctuée par des alarmes retentissant de temps à autre, signalant aux résidents qu’ils doivent se rendre dans l’abri le plus proche le temps que la menace passe, sans qu’ils ne sachent vraiment la nature de celle-ci. Un jour, en se rendant en cours en compagnie de son amie d’enfance (et accessoirement crush) qu’il a juré de protéger, Takumi va se retrouver nez-à-nez avec des monstres attaquant le complexe résidentiel.
L’issue semble fatale, mais un drôle de petit bonhomme ressemblant à un fantôme va lui proposer un deal : se transpercer le cœur à l’aide d’une épée magique en échange d’un pouvoir lui permettant de vaincre les monstres. Acculé, Takumi ne va pas avoir d’autre choix que d’accepter et, après avoir vaincu les monstres, se réveillera dans une école mystérieuse, loin de son lieu de vie, en compagnie de quinze autres étudiants. C’est alors que le petit « fantôme » va réapparaître, et se présenter : il est Sirei, le commandant et directeur de l’école Last Defense Academy, que les quinze larrons vont devoir défendre pendant cent jours, pas un de plus, pour pouvoir espérer retrouver leur vie d’avant et ceux qu’ils aiment.
Cent jours ponctués de mystère et de rebondissements, alternant entre moments calmes et discussions entre élèves, et attaques impromptues des monstres durant lesquelles il vous faudra tenir le front contre des assaillants déterminés à réduire l’école en cendres et s’emparer de son mystérieux trésor. Bien que les combats soient une part non-négligeable de The Hundred Line: Last Defense Academy, le titre est avant tout un visual novel et se concentrera donc sur le scénario, avec beaucoup, beaucoup de dialogues. Ceux-ci sont malheureusement en anglais uniquement, mais le niveau de langage relativement simple ne devrait pas poser de problème de problème à qui maîtrise un tant soit peu la langue de Shakespeare.
Contrairement à mes craintes, je dois avouer ne m’être jamais ennuyée à suivre cette histoire passionnante, qui maîtrise ses effets et sait distiller son mystère de façon à ce qu’on ait toujours envie de connaître la suite. J’ai particulièrement apprécié la vitesse d’affichage du texte, qui a aussi participé à donner un bon rythme à l’histoire alors que c’est un problème assez récurrent dans les visual novels. Je ne peux malheureusement pas dire autant de bien de l’écriture des différents personnages, très unidimensionnels et ancrés dans des archétypes d’anime d’un autre âge (le héros typique de shōnen, le frère protecteur et la sœur réservée, le petit qui n’a pas confiance en lui et passe son temps à s’excuser d’exister, la tsundere badass…). J’ai malheureusement poursuivi l’aventure malgré eux et non pour eux, plus intéressée par comprendre où l’histoire voulait m’emmener plutôt que par découvrir une énième remarque de la gothique du groupe qui aimerait que nous nous trouvions dans un jeu de massacre (un jeu de massacre dans une école, comme dans Danganronpa, t’as capté la ref, hé c’est bien trouvé hein, dis-moi que t’as capté).
Last défonce les ennemis
Mais ce n’est pas tout de lire : il va aussi falloir se battre ! Le système de combat de The Hundred Line: Last Defense Academy est, à mon sens, la partie la plus réussie du jeu, au point où on voudrait en avoir encore plus. Sur un terrain quadrillé, vous allez devoir déplacer vos unités afin – généralement – d’empêcher les ennemis de détruire l’un des générateurs de l’école, signal de défaite. Ennemis qui, à défaut d’un character design marquant, possèdent tous des capacités différentes qu’il va falloir comprendre et exploiter pour éviter de mordre la poussière. Il en va de même pour vos héros : chacun d’entre eux possèdent des attaques avec des zones d’effets différentes ainsi que des capacités passives qui vont dicter votre stratégie. À titre d’exemple, Takemaru va sur sa moto gagner un point de bouclier pour chaque case de déplacement durant le tour, ce qui le rend particulièrement efficace pour servir de tank une fois le commandant ennemi arrivé sur le terrain.
J’ai vraiment beaucoup apprécié les multiples couches du système, avec aussi la possibilité d’améliorer les personnages durant votre temps libre à l’école grâce aux matériaux ramassés durant les (peu intéressantes) phases d’exploration, durant lesquelles vous vous déplacez sur un jeu de l’oie et rencontrez des événements aléatoires, tels que des combats. Une autre originalité du titre, c’est que la mort d’un personnage est ici récompensée : quand l’un des élèves n’a quasiment plus de vie, il peut se sacrifier dans une dernière attaque dévastatrice, qui va non seulement faire monter votre note à la fin des batailles mais aussi remplir votre jauge de « voltage« , qui vous permettra entre autres de balancer une attaque spéciale (non-létale cette fois-ci pour celui qui la lancera) avec un autre de vos héros. Une vraie originalité qui permet de se démarquer parmi les nombreux tactical auxquels on joue chaque année.
Ne vous inquiétez pas : vous aurez largement le temps de vous familiariser avec le système de combat. Car The Hundred Line: Last Defense Academy est un jeu long, très long. Certes, il ne faut qu’une vingtaine d’heures pour arriver à la fin. Mais à la manière d’un NieR, l’aventure ne s’arrête pas là et c’est en recommençant la partie que l’on pourra essayer de progresser encore et encore jusqu’à arriver la conclusion de l’histoire. De fait, la première partie n’est qu’une espèce de prologue un peu balisé, et ce n’est que dans les suivantes que l’on pourra faire des choix pouvant nous amener à l’une des centaines de fins possibles. Certaines sont tragiques, d’autres presque humoristiques.
Originellement vendu comme « toutes les fins sont une bonne fin », je ne trouve néanmoins pas que cette promesse soit vraiment tenue, car des fins qui amènent à une vraie conclusion pour l’histoire, il n’y en a qu’une. Et malheureusement, j’ai trouvé que celle-ci, qu’il m’a fallu près d’une centaine d’heures à atteindre, n’est pas entièrement satisfaisante. Elle repose sur des clichés assez vus et revus, mieux traités ailleurs, et j’avais pu globalement preshot celle-ci au bout de quelques heures de jeu. Cela ne gâche pas la satisfaction de la découverte de tout le reste, mais dénote bien de faiblesses d’écriture de la part du duo, qui gagnerait d’aborder les choses avec un peu plus de subtilité.
The Hundred Line: Last Defense Academy, aussi bon que long ?
-
Faillible sur l'écriture, pas sur les combats - 70%
70%
Faillible sur l'écriture, pas sur les combats
D’une certaine façon, The Hundred Line: Last Defense Academy est l’anti-13 Sentinels: Aegis Rim : très réussi au niveau de son système de combat, loin d’être un passe-temps accessoire, il se prend en revanche un peu plus les pieds dans son écriture, avec des personnages très clichés et peu sympathiques et un récit qui se finit de manière convenue. Néanmoins, l’aventure n’est pas déplaisante et les nombreux rebondissements permettent de donner à l’ensemble un côté extrêmement addictif. À conseiller sans l’ombre d’un doute si vous parlez anglais et que les tropes des animes ne vous dérangent pas.
Les +
- Le système de combat, un petit bijou
- Très généreux
- Un chouette character design qui donne vie à l’univers
- Addictif et pas ennuyeux
- Beaucoup de surprises tout au long du chemin
- Tourne nickel sur Switch
Les -
- L’écriture des personnages qui tombe trop dans les clichés
- Trop long
- Une fin attendue et vue et revue
- Des phases d’exploration pas très engageantes
- Pas de localisation française