Dragon Quest XI test Nintendo Switch
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Dragon Quest XI S, la version définitive – TEST

Fruit d’une amitié intergénérationnelle entre feu Satoru Iwata, l’ancien PDG de Nintendo décédé en 2015 et Yuji Horii, créateur légendaire de la série Dragon Quest, le portage sur Switch de ce onzième opus qui semblait s’annoncer comme un épisode chorale arrive enfin. Premier titre annoncé pour la console, encore appelée projet NX à ce moment là, il nous arrive ici dans une version définitive suffixée “S”. Au delà des ajouts spécifiques à cette itération, que nous détaillerons, Dragon Quest XI reprend les grands principes de la franchise afin de convaincre les joueurs déjà conquis par un ou plusieurs épisodes précédents, mais fait aussi usage de fraîcheur pour séduire les nouveaux venus. Ainsi, voyons si Yuji Horii et son équipe ont réellement donné naissance à leur épisode définitif de la Quête du Dragon.

C’est l’histoire de quatre jeux dans un bateau…

Sorti sur Nintendo 3DS (uniquement au Japon) et PS4, Dragon Quest XI nous arrive enfin sur Switch

Il existe donc en tout et pour tout 4 versions du même jeu, réparties sur 3 supports différents (il faut suivre). Sur Nintendo 3DS, l’épisode qui semble être celui prévu au départ, nous avons droit à une version en trois dimensions, qui ressemble beaucoup à un Dragon Quest IX(Nintendo DS, 2009) aux hormones, car plus beau et plus fluide. Toujours sur la dernière console exclusivement nomade de Nintendo, nous trouverons une version que l’on peut qualifier de “deux dimensions 16 bits”, semblable aux épisodes Super Nintendo (V et VI). C’est celle-là même qui est transposée sur Switch, mais avec plus de limitations, notamment en termes de basculement entre 2D et 3D.

Sur PS4 et PC, une seule version, totalement en trois dimensions, mais cette fois à la mesure des capacités des deux supports : ce n’est plus un moteur maison comme sur Nintendo 3DS qui est utilisé pour donner vie au jeu, mais l’Unreal Engine 4, et cela se voit. Modélisation, textures, profondeur de champ, couleurs, effets de lumière : on est ici face à un jeu de 2018, qui, même s’il n’adopte pas le ton réaliste de God of War ou Spider-Man sortis la même année, propose de nous en mettre plein la vue avec une esthétique de conte comme Dragon Quest sait si bien le faire. Évidemment, suivant la configuration avec laquelle on joue sur PC, la finesse des traits, les effets de lumière et les textures sont  magnifiées par une configuration musclée ou moins agréable sur une machine plus modeste. Notons également que les moutures occidentales de Dragon Quest XI bénéficient d’un doublage en anglais, de fenêtres de texte moins austères mais surtout, ô joie, d’un “dash” bienvenu, qui rend l’exploration beaucoup plus fluide et dynamique que leur homologue japonaise.

Maintenant que les bases sont posées, nous pouvons parler de la version qui nous intéresse ici, cette fameuse “Definitive Edition”. Comme il était impensable de ne proposer qu’une seule apparence dans une itération dite ultime, Square Enix a fait le grand écart pour offrir aux joueurs Nintendo Switch le choix du roi : vous pourrez soit jouer à un portage de celle sortie sur Playstation 4, soit à la version deux dimensions “16 bits” de la 3DS. Évidemment, pas besoin d’être un technicien chevronné pour se douter que des concessions ont dû être faites pour adapter l’édition PS4 à la Switch. Néanmoins, si la résolution moins importante et le manque de finesse des textures sont visibles, on ne peut que saluer le travail des développeurs qui rendent une copie très propre, fluide, qui n’a pas à rougir de la comparaison face à des machines bien plus puissantes.

Maintenant que l’on peut statuer que la partie technique de ce Dragon Quest XI est au niveau, et même au delà de ce que l’on pouvait attendre, il est temps de s’intéresser au contenu. Forcément, avec un tel suffixe, “S Definitive Edition”, Square Enix se devait de faire preuve de la plus grand générosité. Sur le principe, on ne peut pas leur reprocher grand chose : le choix entre les doublages anglais et japonais, le “dash” et les fenêtres de texte des versions occidentales, des quêtes bonus en rapport avec les précédents épisodes de Dragon Quest, des pans entiers de scénario dédiés aux autres personnages de la troupe, les musiques en version orchestrale qui font du bien aux oreilles, la possibilité d’appeler sa monture plus facilement, une ergonomie améliorée, les choix de mariage avec plusieurs personnages contre un seul auparavant, une option d’accélération de la cadence des combats… le “S” pour “Super” ou encore “Seiyû(le mot japonais pour les acteurs de doublage, superstars de l’archipel) n’usurpe donc pas son statut, et vient bien satisfaire la promesse initiale d’une édition pour mettre tout le monde d’accord.

Cela étant, sur la forme, on peut se permettre quelques reproches, dont le plus gros concerne le passage de la 2D à la 3D. Si l’on peut effectivement basculer de l’un à l’autre en allant le demander poliment dans chaque église du jeu, ce passage entraîne systématiquement votre retour au début du chapitre en cours. D’une part, les divisions entre les chapitres étant assez obscures, c’est un peu la roulette russe de l’espace temps, et d’autre part, si vous souhaitez changer plusieurs fois de mode dans le même chapitre, vous devrez le recommencer à chaque fois. D’ailleurs, ce choix est d’autant plus curieux quand on considère la difficulté assez faible de base du jeu : d’une traite il n’était déjà pas bien dur, ainsi proposer au joueur de gonfler ses gains de points d’expérience et d’or de manière artificielle n’arrange pas la chose pour qui vient chercher le défi.

Pour conclure sur cette longue mais néanmoins nécessaire partie concernant les principales différences entre les éditions de Dragon Quest XI, j’ajoute un petit ressenti personnel au mode 2D que j’ai trouvé brouillon en docké, avec un rendu moins agréable que sur l’écran embarqué de la console, surtout au niveau des combats contenus dans une fenêtre qui ne prend pas tout l’écran. D’ailleurs, et c’est cette fois une bonne chose, dans ce mode, soyez prévenus : les combats ne se font plus au tour par tour “par personnage”, mais par “équipe”. En résultent des joutes plus tactiques à la manière des premiers épisodes, pour satisfaire les nostalgiques, les joueurs en quête de défi, et montrer aux nouveaux venus ce qu’il en était de jouer à Dragon Quest dans les années 80.

Un jeu pour les gouverner tous

Versant sage des jeux de rôle japonais, en opposition à la série Final Fantasy qui chamboule ses mécaniques à chaque épisode (de beaucoup à trop, selon les avis), Dragon Quest est souvent aimé, ou raillé, pour son classicisme. Si l’on n’échappe pas à son statut de doudou pour rôliste console, on ne peut nier les efforts des développeurs pour proposer un épisode plus libre au niveau des mécaniques, que ce soit pour les combats, l’exploration, ou même la liberté de composition de son équipe. 

Ainsi, on parcourt des décors variés allant de la forêt luxuriante jusqu’au volcan le plus aride, le tout avec une liberté jamais vue dans la série : on peut marcher, courir, chevaucher et même sauter! Si vous n’avez jamais joué à l’un des opus précédents vous aurez sûrement un sourire en lisant cela, mais croyez bien que c’est ici une nouveauté jamais vue auparavant. De plus, afin de répondre aux canons de notre époque, on se paye même le luxe (habituel cette fois) d’un sort de téléportation bienvenu quand il s’agit de rejoindre l’autre partie de la carte en évitant les monstres. Notez d’ailleurs que ceux-ci sont visibles en mode 3D et peuvent être attaqués afin de leur enlever des points de vie avant le combat, mais sont rencontrés aléatoirement en mode 2D.

Les combattants de la déesse innée

En ce qui concerne les affrontements, ils sont bien entendu au tour par tour, néanmoins l’illusion d’un dynamisme nouveau est amenée par la possibilité de se mouvoir dans la zone de lutte : si cela ne change rien, on a l’agréable sensation d’être libre de nos déplacements. Au delà des commandes classiques telles que “attaque”, “défense”, “magie” ou encore “objet”, des attaques combinées sont possibles lorsque vos personnages entrent en état “hypertonique”. S’ils sont déjà plus puissants dans ce mode provoqué aléatoirement, ils pourront, s’ils sont plusieurs à la fois, profiter d’attaques spécifiques. D’ailleurs, elles sont présentes en grand nombre suivant les protagonistes de votre équipe qui sont dans cet état de transe, avec de multiples combinaisons. Une belle idée, qui a le mérite d’être poussée jusqu’au bout, avec de nombreuses animations dédiées spécifiquement pour notre plus grand plaisir. Enfin, que seraient les combats sans de magnifiques opposants? Là encore, le tour de force est total : les monstres de l’univers de Dragon Quest n’ont jamais été aussi beaux, et sont tous au rendez-vous : Slimes, Smilodons et autres Vampivols n’attendent que vous pour s’afficher fièrement sur votre écran.

La composition de votre équipe et la manière dont vous orienterez vos personnages dépendra beaucoup de vos goûts personnels. S’ils sont effectivement destinés à des classes spécifiques, chacun des protagonistes propose des spécialisations relativement variées, afin que vous puissiez les choisir selon votre préférence plutôt que leur efficacité au combat. Dans le fond, utiliser le héros, Erik et les jumelles ou le héros, Jade, Théo et Véronica ne présente pas de différence en termes de performances. L’héxagramme, système de progression de cet opus, ressemble beaucoup aux grilles de Final Fantasy XII et dans une moindre mesure au sphérier de Final Fantasy X : vous devez débloquer des cases proches du centre pour pouvoir accéder aux suivantes, qui sont évidemment plus coûteuses et plus puissantes en points gagnés à chaque passage de niveau. Au menu de ce système : des compétences, des améliorations de statistiques ou des sorts (mais peu, en ce qui concerne ces derniers).

Pour finir, si l’on peut évidemment acheter armes et armures chez les marchands après de plaisants combats à collecter nos précieuses pièces d’or, les développeurs ont joué la sécurité en nous proposant une variante de l’alchimarmite de Dragon Quest VIII, la transforge : ici, c’est un mini-jeu de forgeron qui vous attend, dans lequel vous pourrez si vous réussissez, créer des pièces d’équipement souvent intéressantes en termes de statistiques. Elles seront d’ailleurs de surcroit améliorées si vous êtes performant dans l’exécution des frappes de marteau du mini-jeu affilié. D’ailleurs, je ne peux pas aborder la question des armures sans évoquer les costumes : bien que pas si nombreux au final, ces pièces d’équipement qui changent l’apparence des personnages de l’équipe sont souvent superbes, avec des statistiques qui relèguent souvent, visuellement, vos vieux équipements au rang de simples haillons.

Va pour un Dragon Quest XI S maxi best-of

Alors que les mini-médailles permettant d’obtenir des objets puissants sont de retour (qui en doutait ?), on pourrait penser que le jeu propose déjà bien assez de contenu. Et bien il faut croire que Square Enix ne voulait laisser aucun doute quant au statut de version ultime à ce Dragon Quest XI, car les quêtes bonus de la version 3DS sont également de la partie ! Totalement optionnelles, celles-ci nous font revisiter les scènes cultes des anciens opus de 1 à 9, par contre uniquement en 2D. Se débloquant relativement facilement (vous noterez que je n’en divulgâche rien), elles sont un petit plaisir agréable pour le nostalgique en quête de pause au cours de l’histoire principale. Pour les néophytes, l’intérêt est un peu moins évident, mais reste néanmoins présent. Il faut plutôt dans ce cas le voir comme une sorte de médiathèque best of des épisodes précédents.

Test réalisé à partir d’une version commerciale non fournie par l’éditeur, illustré par des captures d’écrans personnelles.

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Beau, riche, agréable, fourmillant de détails, Dragon Quest XI S Les Combattants de la Destinée Definitive Edition est l’héritage émouvant d’une équipe d’artisans, qui, même si elle sent arriver la fin inévitable d’une époque, souhaite montrer au monde qu’elle a encore de beaux moments vidéoludiques à nous faire vivre. Par son univers toujours aussi génial, son character design de haute volée, ses combats plaisants et son rythme narratif ultra maitrisé, le dernier opus en date de la Quête du Dragon brille de mille feux sur Switch, son contenu vertigineux compensant largement le petit déficit technique face à d’autres versions. S’il est une très belle porte d’entrée pour quiconque veut se mettre à la série, il saura également satisfaire ceux qui l’ont découverte par Dragon Quest VIII auquel il ressemble, faisant quasiment tout en mieux. Cerise sur le gâteau, les fans de la première heure seront également conquis, tant le jeu est l’aboutissement d’un savoir faire du trio iconique Horii / Toriyama / Sugiyama. Ainsi, par toutes ses qualités, Dragon Quest XI S est bien là pour ramener les anciens joueurs, en trouver de nouveaux, et dans la lumière, les lier.

Les +

  • Un univers enchanteur
  • Une histoire ultra calibrée
  • Une mise en scène épique
  • Des personnages très réussis
  • La personnalisation / progression des combattants
  • Des mécaniques de combat bien huilées
  • Une attention aux détails indécente
  • Deux modes de jeu : 2D et 3D
  • Les musiques en version orchestrale
  • Les doublages japonais
  • Basé sur la version occidentale
  • Le jeu est superbement optimisé pour la Switch
  • Long (80h pour finir, plus pour tout découvrir)

Les -

  • Le système de changement de mode mal conçu
  • Pas vraiment de mode “difficile”
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Passionné de pop-culture à tendance Otaku, je joue sur toutes les plateformes, essentiellement à des jeux solo (JRPG, aventure et plateformers)

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