Cooking Mama: Cookstar, cauchemar en cuisine – TEST

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Bureaux de Switch-Actu ; Flagstaff, Arizona ; 15 avril 2020. Il est 22h13 quand je tape sur mon clavier les quelques mots qui clôtureront ce qui est devenu « l’affaire Cooking Mama: Cookstar ». Les détenteurs de la licence, Office Create, ont dit que la sortie du jeu n’avait pas été autorisée et constituait donc une brèche dans le contrat, ce qui explique la soudaine disparition du titre de l’eShop. C’est cohérent : après tout, Office Create ont toujours une bonne relation avec Nintendo. Mais cela veut dire que toutes les copies du jeu en circulation sont donc des bootlegs et que, par conséquent, nos chances de pouvoir mettre la main dessus sont minces. Ah, dommage, voilà une opportunité de manquée. Je publie l’article et me sers un verre de bourbon bien mérité. Quand soudain, à l’extérieur, des bruits de pas, qui se rapprochent à grande allure du bâtiment décrépi qui nous sert de rédaction. Je me précipite vers la porte et regarde par les persiennes : au loin, un homme s’enfuit en courant. Sous la porte, une enveloppe cartonnée, sans adresse. Se pourrait-il que…

https://www.youtube.com/watch?v=iPH_9xNeHTk

Mama, you’re all full of lies

Flashback : nous sommes au mois d’août 2019 et le soleil brille. L’été est radieux et nous sommes loin de nous douter qu’un simple communiqué de presse va bouleverser le monde du jeu vidéo. C’est en début d’après-midi qu’une petite boîte inconnue au bataillon, Planet Digital Partners, qui ne possède pour seule vitrine qu’un site internet louche aux promesses incohérentes, déclare développer Cooking Mama: Cookstar. Enfin à l’époque, il s’appelait « Coming Home To Mama ». Pourquoi ce changement de nom ? Le mystère reste entier. Mais ce n’est pas le plus important. En effet, le communiqué annonce fièrement que le titre utilisera la technologie de la blockchain afin de personnaliser l’expérience de jeu pour chaque joueur et de limiter la triche et le piratage. Immédiatement, stupeur et incompréhension s’emparent des rédactions : pourquoi ça et, surtout, pourquoi pour ce jeu-là ? En l’absence de pistes et d’informations, néanmoins, nous ne pouvons qu’attendre.

Quelques jours après, c’est, comme souvent, d’Allemagne que la menace resurgit : Koch Media, qui distribue le jeu sur notre continent, et Amazon.de ont fait fuiter le nom et quelques images de Cooking Mama: Cookstar. Cette fois-ci, ce n’est plus de l’étonnement mais du dégoût que l’on peut lire sur nos visages : c’est sacrément moche. Le titre est, semble-t-il, développé par un studio spécialisé dans les jeux mobile. Ceci explique peut-être cela. Six mois passent, et nous avons presque oublié ce titre mystérieux. Mais voilà : la chaîne YouTube de Planet Digital Partners publie une première bande-annonce pour le jeu. Qui est rapidement supprimée, puis, comme nous sommes sur Internet, ré-uploadée par un autre utilisateur de la plateforme. Pourquoi l’avoir retirée si vite ? Tout porte à croire qu’il s’agissait d’une erreur. Le gameplay semble, en tout cas, aussi vide que les graphismes. Mais une information de taille se cache dans ce trailer : le jeu paraîtra en mars. La date fatidique approche donc, et c’est à la fin du mois que le compte Twitter du jeu nous apprend que celui-ci est sorti. Sauf que pas vraiment. En effet, celui-ci n’est resté en ligne que quelques heures sur l’eShop de la Switch et n’est disponible à la revente que dans quelques échoppes, souvent via des vendeurs tiers, une situation qui a alerté certains de nos collègues.

Mama, ouh-ouh-ouh, I don’t wanna die

Retour au 15 avril, donc. J’ouvre cette mystérieuse enveloppe et ce que je craignais le plus se produit devant mes yeux ébahis, puisque c’est un jeu Switch que je tiens dans les mains. Et pas n’importe lequel. Le souriant visage du personnage principal en train de prendre en photo un croque-monsieur – que d’aucuns qualifieraient d’immonde – m’informe que notre mystérieux messager m’a apporté rien de moins qu’une copie de Cooking Mama: Cookstar. Le dos de la jaquette est très vide et semble avoir été créé par un graphiste à bout lors du dernier jour de son stage. C’est avec une appréhension certaine que je glisse la cartouche dans ma console : est-ce que je me confronte à quelque chose de trop grand pour moi ? Première surprise : malgré le fait que le jeu ne soit jamais officiellement sorti, il est tout de même possible de récupérer des points Or pour celui-ci. Deuxième surprise : une mise à jour est disponible pour le logiciel, que je m’empresse de télécharger avant de le lancer. Le titre démarre et, immédiatement, je suis confronté à deux de ses problèmes, qui me poursuivront tout au long de ma partie : une musique répétitive et entêtante, au point de me donner envie de couper le son et, surtout, la voix de Mama, le personnage sensé vous initier à la cuisine. Le tout bien sûr, très mal mixé.

Ah, la voix de Mama. Comment la décrire ? Elle me glace le sang. On dirait que l’on a filé un texte en anglais à une actrice asiatique qui n’a aucune idée de ce qu’elle raconte ce qui n’a aucun sens, étant donné que le jeu est américain. Ou, pire, que celle-ci est générée par un robot qui arrive à imiter assez bien les voix humaines pour que l’on nage en pleine vallée dérangeante. Dès lors, les multiples injonctions de Mama, incessantes, autant durant les recettes qu’entre chaque étape de celles-ci (« Let’s get cooking ! », « I’m getting hungry. », « Let’s go ! », « Oooooh ») me font plonger en plein film d’horreur, comme si je ne devais jamais m’arrêter de remplir son insatiable estomac au risque de subir une ancienne malédiction vaudou, ou que sais-je. Pire, parfois, je ne comprends pas ce qu’elle dit : est-ce que son « Sugohiné » est une menace ? C’est donc avec une certaine appréhension que je lance la première recette, le fameux « fromage grillé arc-en-ciel » (ce que je suppose être une mauvaise traduction littérale de “rainbow grilled cheese”).

Hey Mama, I wanna scream so loud because of you

En démarrant la recette, quelque chose me frappe : c’est beaucoup trop facile. Je me dis que c’est parce que je joue en mode portable, et que je n’aurai pas la vraie expérience de jeu tant que je ne connecterai pas ma Switch à la télévision. Ce que je fais donc. Et là, je rate plein d’étapes. Ce qui n’a, au demeurant, aucune incidence sur le résultat final de mes recettes, ni sur les compliments que Mama me fait (« You should have your own game ! », me dit-elle. « Well, YOU shouldn’t », ai-je envie de lui répondre). Pourtant, je ne puis dire que je suis mauvais, ni que ce que me demande Cooking Mama : Cookstar soit difficile. Mais voilà : on doit utiliser le motion control, et celui-ci, mal programmé et sans doute pas testé, est complètement aux fraises. Mouvements mal voire pas reconnus ; je me retrouve souvent à agiter comme un idiot ma manette devant mon téléviseur sans incidence à l’écran. Quoiqu’il en soit, en portable comme en docké, j’ai fait le tour de l’intégralité de ce que proposait le jeu en termes de gameplay (soit « bouger la manette », « tourner les sticks » et « appuyer sur le bouton indiqué ») en moins de 20 minutes. Problème : il me reste plus de 80 recettes à faire. Il y a du contenu, mais qui a envie de faire ça pendant vingt heures, si ce n’est pour l’illusoire satisfaction d’apprendre à cuisiner ? « Another one », m’hurle Mama tel DJ Khaled, mais je n’ai qu’une envie : éteindre ma console et ne plus jamais y toucher.

Ce n’est pas non plus la production value de Cooking Mama : Cookstar qui me donne envie de m’y replonger : les graphismes semblent sortis d’une 3DS, les textures sont immondes (quand elles ne sont pas tout bonnement absentes), et certains assets utilisés par le jeu (notamment les mains du joueur) me paraissent tirés du kit de base du moteur Unity. Néanmoins, mu par ma peur et ma conscience professionnelle, j’enchaîne une vingtaine de recettes, m’essayant de temps à autre au mode « Cookstar », qui vous fait cuisiner sans instructions. Ayant l’impression d’avoir fait le tour du jeu, lessivé, je retourne au menu principal et m’aperçois, avec effarement, qu’un mode deux joueurs est présent. J’appelle donc une comparse, afin que nous nous essayions aux dix mini-jeux proposés. « Faire la vaisselle », « jouer à Snake avec de la mayo et du ketchup » ou encore « attraper des gaufres », le programme s’annonce tellement passionnant que nous en faisons le tour en une petite demi-heure, avec l’envie de ne plus jamais y toucher. « Je ne suis vraiment pas difficile en termes de jeux vidéo, mais là… », me dit-elle. Je ne peux qu’acquiescer. De toute façon, il est désormais tard et l’air froid des nuits arizoniennes s’infiltre dans cette vieille bicoque. Je sors donc la cartouche de ma console en m’apercevant avec étonnement que celle-ci est brûlante. Les rumeurs de minage de Bitcoin par le jeu seraient-elles vraies, ou bien celui-ci est-il simplement extrêmement mal optimisé ? Mon instinct penche vers la seconde option, mais ma prudence me pousse à jeter le jeu dans l’âtre de la cheminée qui brûle dans le coin de la pièce. J’écrirai demain mes impressions sur le titre… si la malédiction de Mama ne m’emporte pas avant cela.

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Don't be a dummy : don't come with mummy
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Don't be a dummy : don't come with mummy

La cuisine, c’est du cœur, de l’attention, l’envie de proposer quelque chose qui soit aussi beau que bon. Hideux, sans âme ni saveur, Cooking Mama : Cookstar est un peu l’antithèse de ça. Tout dans le jeu sent le manque de finitions et l’envie de profiter d’une licence porteuse pour se faire de l’argent facile, à moins qu’il ne s’agisse tout simplement d’incompétence. Si l’on ajoute à cela un doublage tellement raté qu’il en deviendrait presque amusant et un gameplay ultra-répétitif, on obtient un produit qui ne contentera même pas les joueurs les plus occasionnels.

Les +

  • Donne un peu envie de cuisiner
  • L’entraînement du mode multijoueur intelligemment intégré

Les -

  • La voix ignoble de Mama
  • Des graphismes basiques
  • Un gameplay trop simpliste
  • Où sont les textures ?
  • Mode multijoueur pas amusant pour un sou
  • La musique principale qui tourne en boucle
  • Vos échecs n’auront aucune incidence
  • Mais TAIS-TOI, Mama, par pitié
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giomosby
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Fan de consoles Nintendo et de jeux japonais depuis que je suis en âge de tenir une manette. Si je ne suis pas dispo, c'est probablement que je visite un parc Disney.