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Bayonetta 3, plus ensorcelant que jamais – TEST

Dire que Bayonetta 3 a su se faire attendre serait un euphémisme des plus réducteurs. Après une annonce tonitruante aux Game Awards en 2017, il faudra attendre 2021 pour une première bande-annonce si bien que le troisième épisode des aventures de la redoutable sorcière fut longtemps présenté comme une des arlésiennes de la Nintendo Switch. L’attente est désormais enfin terminée puisque Bayonetta 3 est disponible depuis le 28 octobre sur la console de Nintendo avec, comme on l’espérait, d’excellentes critiques de la part de la presse et des joueurs. C’est désormais à notre tour de vous proposer notre test de cet épisode qui constitue, soyons francs, l’apogée de la série de PlatinumGames.

Bayonetta 3 Cinematic Universe

Si la saga Bayonetta brille sur de nombreux aspects, son scénario n’en a jamais fait partie. Il faut comprendre que la série n’ambitionne pas de proposer une histoire et un univers aussi développés que certaines grandes oeuvres de notre époque mais davantage de fournir un prétexte idéal au joueur pour libérer ses pulsions les plus destructrices. Ce constat ne change pas dans Bayonetta 3 et est même amplifié à une échelle encore jamais vue dans les deux précédents épisodes. Tandis que ces derniers se concentraient majoritairement sur les conflits entre les Sorcières de l’Umbra et des Sages de Lumen, Bayonetta 3 oppose son héroïne à une menace encore plus terrible : Singularity et son armée d’Homonculus, des armes biologiques autonomes et vectrices de chaos à travers les mondes.

Oui, “les mondes“. Surfant sur la vague du Multivers récemment illustrée par Spider Man No Way Home, Bayonetta 3 nous propose de voyager à travers différentes réalités afin d’y poursuivre Singularity et ses monstres et mettre un terme à leur entreprise de destruction multidimensionnelle. Pour cela, les joueurs auront le plaisir d’incarner la belle et redoutable Bayonetta (ou Cereza pour les intimes) qui arbore un nouveau design des plus réussis. Plus insolente et puissante que jamais, la sorcière danse à travers les réalités du Multivers pour y rencontrer ses homologues et s’y associer pour rendre à Singularity la monnaie de sa pièce. Elle sera aidée de ses anciens alliés tels que Jeanne, Rodin, Enzo et Luka qui font tous leur retour mais aussi par une petite nouvelle en la personne de Viola. Jeune apprentie de l’Umbra, Viola incarne le stéréotype classique de l’adolescente rebelle avec néanmoins une dose de témérité et de maladresse qui la rend plutôt attachante.

On conviendra que l’histoire de Bayonetta 3 ne restera pas dans les mémoires pour sa cohérence ou la profondeur de sa narration. En revanche, on ne peut que saluer la mise en scène absolument dantesque qu’elle nous réserve avec de multiples références cachées çà et là, aussi bien à des monuments de la pop culture qu’aux oeuvres plus récentes de PlatinumGames. Si les deux premiers jeux de la série nous avaient déjà montrés le goût du gigantisme propre à Hideki Kamiya, Bayonetta 3 repousse les limites de l’imaginable avec des créatures plus puissantes, plus féroces et plus déjantées que jamais. Préparez-vous à affronter un requin volant à travers les ruines de Shibuya, un affreux kraken au milieu de Manhattan avant d’enchaîner avec un féroce loup-garou au sommet de l’Arc de Triomphe !

Oui, Bayonetta 3 justifie un scénario fragmenté par la démesure totale de sa mise en scène et force est de constater que le tout fonctionne admirablement bien. On se prend même à être quelque peu ému par le destin de la sorcière qui prend une tournure tout à fait inattendue, bien qu’elle ne plaira sans doute pas à tout le monde. On assiste en effet à un tournant dans la série en découvrant de nouvelles facettes de ce personnage d’ores et déjà culte mais aussi de cet univers étrange et pourtant si appréciable. On peut d’ailleurs saluer la performance de Jennifer Hale qui reprend brillamment le rôle de la sorcière de l’Umbra en dépit du véritable drama qui a secoué Internet depuis le coup de gueule vif mais douteux d’Helena Taylor, voix de Bayonetta dans les deux premiers titres.

Une évolution bienvenue du gameplay

Des combats plus épiques que jamais

Là où l’on attendait Bayonetta 3 de pied ferme était sur son gameplay et autant vous dire que PlatinumGames a mis les petits plats dans les grands. Si les deux premiers opus avaient déjà brillé par leurs combats nerveux et jouissifs, Bayonetta 3 y apporte un certain nombre de modifications qui en étend les possibilités tout en en conservant les qualités qui font leur succès. Les combats se basent toujours sur cet excellent système de combos et le fameux Witch Time pour produire des attaques résolument meurtrières avec néanmoins un lot de nouveautés tout à fait bienvenues.

Dans les deux premiers jeux, Bayonetta se battait avec des sets d’armes fixées à ses mains et ses pieds avec un bouton associé (X pour les mains, A pour les pieds) et qu’il était possible de mélanger. Dans Bayonetta 3, le mélange entre les différents sets n’est plus autorisé au profit d’un arsenal élargi et très imaginatif. Vous pourrez ainsi alterner entre son légendaire ensemble de pistolets, des éventails aux lames aiguisées, un micro aux capacités supersoniques et bien d’autres surprises aussi créatives les unes que les autres. Par ailleurs, un arbre de compétences fait aussi son apparition pour débloquer de nouveaux mouvements tandis que chaque arme est associée à un démon, à l’image des précédents opus.

La véritable évolution réside justement dans l’importance nouvelle donnée aux démons de Bayonetta. Jusque là, ces monstres infernaux étaient surtout employés pour achever les plus grands ennemis à travers des séquences QTE absolument dévastatrices mais plutôt occasionnelles. Dans Bayonetta 3, vos plus sombres penchants trouveront l’occasion de se manifester à travers deux nouvelles mécaniques de gameplay tout à fait savoureuses.

La Mascarade Démoniaque vous permet de fusionner avec le démon associé à votre arme équipée, ce qui donne aussi bien l’occasion de conclure un combo par un finish écrasant que de varier vos déplacements dans le jeu. En effet, Bayonetta fusionnée à un démon obtient de nouveaux pouvoirs qui vous seront indispensables pour évoluer dans les différents niveaux du jeu. À titre d’exemple, une arme prenant la forme de yoyos enflammés vous donnera l’occasion de vous transformer en une redoutable araignée capable de grimper aux murs ! Pour ceux ayant joué aux précédents jeux, voyez cela comme le remplacement de la forme de la panthère et du corbeau.

La seconde mécanique évoquée consiste en la Danse de Soumission, une sorte de rituel qui permet à Bayonetta d’invoquer un démon sur le champ de bataille et de le contrôler directement pour affronter ses ennemis. Chaque démon dispose de son propre gameplay avec ses spécificités. Le terrible Gomorrah inflige des dégâts accrus malgré sa lenteur, la plantureuse Madama Butterfly distribue crochets du droit et uppercut avec une élégance vengeresse tandis que le sombre Malfas peut déclencher vents et tornades et emporter même les plus imposants ennemis. Au total, une douzaine de démons sont disponibles, rivalisant d’ingéniosité dans leur gameplay.

Le plus fort dans tout ceci est la fluidité avec laquelle on passe d’une attaque à l’autre : chaque démon peut être renvoyé illico pour reprendre le contrôle de Bayonetta qui ira frapper de ses mains ensorcelées toute créature à sa portée. Cet ensemble de nouveautés apporte le gameplay de la série à un niveau d’excellence supérieur, aucun doute là-dessus. On éprouve un délectable sentiment de puissance tandis que nos ennemis sont envoyés valser à droite à gauche en fonction de la méthode employée et on ressent un respect renouvelé pour la terrible sorcière de l’Umbra. Prudence cependant car cette dernière n’est pas invulnérable : la Danse de Soumission la laisse complètement à la merci des ennemis les plus proches qui n’auraient pas été balayés par un démon. En bref, les combats sont plus plaisants que jamais, encore une fois rythmés par une excellente bande-son.

Une exploration toujours aussi plaisante

Entre deux combats, Bayonetta a toujours invité le joueur à explorer ses niveaux de fond en comble, ces derniers étant remplis de secrets et de combats facultatifs. Dans Bayonetta 3, l’exploration prend une nouvelle ampleur avec la Mascarade Démoniaque qui permet des actions inédites et exploitables pour résoudre certaines petites énigmes. Par exemple, Malphas prend la forme d’un oiseau gigantesque capable de soulever de lourdes charges pour activer des interrupteurs.

Viola entre dans la danse

L’autre côté inédit de Bayonetta 3 réside dans le fait que certains chapitres sont exclusivement jouables du point de vue de Viola. Sur les quatorze chapitres de l’histoire principale, quatre nous proposent d’incarner la jeune sorcière au gameplay sensiblement différent. Armée d’un katana et accompagnée de Chouchou, un démon pelucheux mi-ours, mi-chat, Viola se bat d’une façon bien à elle qui risque de ne pas plaire à tout le monde. Alors que le gameplay de Bayonetta réside sur des esquives bien placées permettant de déclencher le Witch Time, Viola active cet enchantement en parant les attaques avec son katana. Plus difficile à placer qu’une esquive, ce contre peut être frustrant par moment, alimentant bon nombre de discussions entre joueurs sur les forums et les réseaux sociaux.

Le principal souci concernant la jeune demoiselle est la brutalité de la transition entre son gameplay et celui de Bayonetta. On passe d’un gameplay varié, offrant d’innombrables possibilités à quelque chose de beaucoup plus restreint, Viola n’ayant qu’une arme et qu’un seul démon. Néanmoins, les chapitres avec cette dernière ont le mérite d’offrir des moments différents de ceux avec Bayonetta, que ce soit en termes de gameplay ou d’histoire.

Jeanne Bond

Encore une preuve de la diversité du gameplay de Bayonetta 3, le jeu vous proposera régulièrement des chapitres baptisés “Intermèdes“. Dans ces derniers, vous incarnerez l’élégante Jeanne, la meilleure amie de Bayonetta, dans une série de niveaux en 2D. L’idée est d’infiltrer un mystérieux laboratoire grouillant d’Homonculus et de vous y frayer un passage à grand coup d’armes en tous genres.

Le gameplay est très loin d’être aussi permissif mais a quelque chose de sympathique dans le fond : l’infiltration est y davantage encouragée que l’attaque de front, toutes sortes de bonus sont à récolter et quelques animations très rigolotes apportent une touche d’humour dans ce simili-James Bond.

Quelques écueils

Un des reproches que l’on pourrait faire au gameplay de Bayonetta 3 est d’avoir une légère tendance à s’éparpiller en imposant des phases n’ayant rien à voir avec le système de combat qui fait le sel de la série. Certaines de ces phases sont franchement réussies (notamment une certaine scène de chant) quand d’autres sont plus frustrantes qu’autre chose.

Un autre point plutôt désagréable réside dans la gestion de la caméra. D’une part, le gigantisme de certains ennemis récurrents fait qu’ils ont tendance à rapidement sortir du cadre visible, si bien qu’on ne peut pas toujours anticiper leurs actions. De plus, la caméra a tendance à se centrer sur un ennemi et à en changer sans que l’on ne sache trop pourquoi, ce qui entraîne un changement de point de vue parfaitement malvenu, surtout quand on est concentré à massacrer un ennemi qui disparaît soudainement de notre champ de vision. En bref, cette mauvaise gestion de la visibilité aurait presque tendance à rendre les combats moins nets que ce qui nous avait été servi dans Bayonetta 2, un comble !

Le scoring toujours aussi présent

En dépit de ces quelques soucis, le gameplay reste toujours aussi excellent. Bayonetta 3 reprend cet aspect orienté arcade que l’on retrouve dans ses prédécesseurs et qui nous pousse à refaire les niveaux plusieurs fois pour décrocher de meilleurs scores. De plus, les innombrables bonus à trouver ça et là dans les chapitres ainsi que la présence de niveaux bonus donnent au titre une excellente rejouabilité, le tout assurant une très bonne durée de vie.

Des visuels qui rompent parfois le charme

Un autre point étonnant est l’hétérogénéité des visuels. Premièrement, il est clair que des concessions ont dû être faites compte tenu des composants de la Nintendo Switch. Ces sacrifices se ressentent principalement dans la résolution dynamique, qui a donc tendance à baisser au plus fort de l’action. En chiffres, cela donne du 810p dynamique sur TV et du 480p dynamique sur l’écran de la Switch d’après l’analyse de Digital Foundry. Autant vous dire que Bayonetta 3 devient rapidement vilain en Mode Portable.

En termes de fluidité, le constat est heureusement moins mitigé avec un framerate suffisant élevé pour rester agréable, bien que des chutes régulières aient pu être observées dans les combats les plus intenses. Soyez cependant assurés qu’elles ne sont jamais suffisamment fortes pour gêner la lisibilité de l’action.

Les textures sont également assez grossières : les explosions et les différents motifs sur les sols surprennent régulièrement de leur laideur. Cela n’empêche pas le jeu de proposer des environnements parfois très jolis : une partie du jeu prend notamment place dans des décors égyptiens de toute beauté. En revanche, d’autres proposent des coloris si ternes que l’on se demande où est passée l’explosion de couleurs que proposait Bayonetta 2. Il est en effet frustrant de constater avec une certaine régularité que le deuxième épisode, sorti en 2014 sur Wii U, s’en sort presque mieux que le troisième sur plusieurs points.

On peut cependant noter des modèles 3D toujours aussi soignés et des animations exquises, notamment quand notre belle Bayonetta se bat de toutes ses forces. Les combats en deviennent presque chorégraphiques tant la sorcière se meut avec grâce au milieu des Homonculus ce qui ne fait que renforcer son image d’insolence et de puissance. Néanmoins, Bayonetta 3 est un énième signal du besoin d’une console mieux armée en termes techniques : les prochaines productions ne pourront pas éternellement se contenter du matériel de la Switch.

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Bayonetta 3, plus ensorcelant que jamais
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Résumé

Bayonetta 3 valait clairement l’attente. Dans ce troisième épisode, PlatinumGames signe la conclusion épique d’une trilogie fantastique. Les combats sont plus intenses et jouissifs que jamais avec une diversité d’armes et de monstres savoureuse. La bande-son rythme à merveille cette lutte acharnée pour la survie du Multivers dont on se plaît à massacrer les ennemis avec un sentiment de puissance inouï. Un véritable trésor du jeu d’action qui souffre malheureusement d’une technique à la traîne et de quelques soucis de caméra malvenus.

Pros

  • Des combats toujours aussi excellents
  • Un véritable sentiment de puissance
  • La Danse de Soumission intelligemment pensée
  • Des designs toujours aussi inspirés
  • Une excellente bande-son
  • Une bonne durée de vie
  • D’innombrables secrets et objets bonus

Cons

  • Des problèmes de caméra
  • Une résolution problématique
  • Un gameplay qui s’éparpille un peu
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LatoJuana
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Gamer de 26 ans avec un penchant pour les jeux racontant de belles histoires. Je suis rédacteur sur le site depuis 2017. Zelda reste ma licence de cœur mais j'aime découvrir des jeux de toutes sortes !

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