CyberConnect2 sortira dans deux jours Fuga: Melodies of Steel 3, le conclusion à la trilogie dont les deux premiers épisodes, à la très bonne réputation au demeurant, sont parus sur Switch. Les trois RPG tactiques, prenant place dans un univers peuplé de chiens et chats anthropomorphiques, racontent l’histoire tragique d’enfants obligés de partir à la guerre après avoir perdu leurs familles. C’est dans ce contexte que le site Automaton Media a pu interviewer Hiroshi Matsuyama, PDG de CyberConnect2, afin de lui parler de l’influence des personnages connotés « furry » sur les ventes et les retours des joueurs. Morceaux choisis.
J’ai entendu dire que la série Fuga : Melodies of Steel approchait des 500 000 exemplaires vendus. Avez-vous remarqué des tendances en termes de ventes par pays ou par plate-forme ?
Matsuyama : Les ventes sont de loin les plus importantes aux États-Unis. Viennent ensuite, dans l’ordre, le Japon, la Chine et la France. En ce qui concerne les plateformes, Steam représente environ 40 % des ventes et la Switch environ 30 %, ce qui fait que ces deux plateformes représentent à elles seules plus de 70 % de nos ventes totales.
C’est donc les États-Unis qui dominent. Est-ce parce qu’il y a un grand nombre de furries ?
Matsuyama : Bien sûr, c’est en grande partie dû au fait qu’il y a beaucoup de furries aux États-Unis. Mais surtout, les États-Unis ont tout simplement une énorme population de joueurs. Nos autres titres, comme la série Naruto : Ultimate Ninja, Dragon Ball Z : Kakarot, Demon Slayer -Kimetsu no Yaiba- The Hinokami Chronicles et la série .hack ont également connu leur plus grand succès sur le marché nord-américain. Les États-Unis sont une véritable puissance dans ce domaine.
Et lorsqu’il s’agit de jeux « furry », il n’y a pas beaucoup d’options disponibles. C’est en partie pour cette raison que notre série Fuga a connu un tel succès aux États-Unis et qu’elle a été reconnue à la fois pour ses décors et son gameplay. Conscients de cet état de fait, nous avons pris l’habitude de participer aux conventions américaines consacrées aux furries, comme l’Anthrocon, qui attire chaque année plus de 9 000 visiteurs. Ce type d’activités fait clairement partie de notre stratégie visant à accroître le nombre de fans de Fuga.
Nous avons organisé la première table ronde CyberConnect2 à Anthrocon en 2023, et malgré le fait que ce soit notre première apparition, 170 personnes se sont présentées. Depuis, nous posons chaque année notre candidature pour organiser des panels à l’Anthrocon.
Avez-vous l’impression que les furries sont plus passionnés que les fans qui se présentent aux conventions de jeux typiques ?
Matsuyama : C’est certain, il y a une grande passion parmi eux. Je pense que les furries que nous décrivons dans Fuga : Melodies of Steel ont un style différent de ce qui est le plus populaire dans le grand public, et cela pourrait expliquer en partie pourquoi la réaction a été si positive.
Vous avez donc pu constater de visu l’enthousiasme des furries hors du Japon.
Matsuyama : C’est vrai, je les ai rencontrés en personne.
Mais la passion de la communauté furry se traduit-elle par des ventes ?
Matsuyama : Oh oui, bien sûr. Pour illustrer cela, nous avons constaté un énorme pic des ventes de la série Fuga pendant l’Anthro Festival [période consacrée à la promotion de jeux avec des animaux anthropomorphiques] de Steam. Cela a permis d’éveiller l’intérêt latent des fans américains de furry. Nos ventes ont triplé pendant la campagne, et presque toutes provenaient des États-Unis.
À part les Etats-Unis, avez-vous remarqué d’autres pays où l’enthousiasme pour les furries est fort ?
Matsuyama : Cela nous a surpris, mais la Chine. Fuga: Melodies of Steel prend en charge le chinois traditionnel et simplifié, mais il n’est pas officiellement disponible en Chine, si bien que les joueurs utilisent des VPN pour l’acheter aux États-Unis ou au Japon. Lorsque nous avons constaté que les revenus étaient libellés en yuans chinois, nous nous sommes demandé comment cela se faisait. Même si nous nous attendions à ce que certains joueurs agissent de la sorte, nous avons été surpris par le nombre de personnes jouant activement à la série en Chine, au point qu’elle est devenue notre troisième région la plus vendue.
Quant à la quatrième place, elle revient à la France, mais c’était intentionnel de notre part. La nation de Gasco dans le jeu est calquée sur la France, et il y a même des dialogues en français dans le jeu. Nous étions conscients de la nécessité de commercialiser le jeu auprès des joueurs français, c’est pourquoi nous avons délibérément intégré la langue.
La popularité de Fuga en France est donc le fruit d’une volonté délibérée.
Matsuyama : Exactement, c’était prévu. La Chine, en revanche, c’est très inattendu.
Avez-vous l’impression que le nombre de fans de la série continue de croître ?
Matsuyama : Absolument. Les ventes augmentent d’année en année et nous sommes sur le point d’atteindre les 500 000 téléchargements dans le monde. Je pense que nous sommes sur la bonne voie pour atteindre cette étape lors du lancement de Fuga : Melodies of Steel 3. Nous voyons également de plus en plus de fanarts et de mèmes réalisés à partir des ressources officielles du jeu, et j’ai vraiment l’impression que la communauté s’agrandit rapidement.
Même si tout cela peut prêter à sourire, rappelons que les furries sont une communauté certes petite, mais très investie, et surtout composée de gens ayant pour beaucoup des professions leur conférant un fort pouvoir d’achat (médecins, avocats, ingénieurs…), ce qui est logique quand on sait que le prix d’une fursuit oscille entre 2000 et 10 000€. Merci donc à eux d’avoir pu permettre à CyberConnect2 de financer trois épisodes de Fuga: Melodies of Steel, et portons un message de tolérance générale envers les gens ayant des passions différentes des nôtres et qui ne changent en rien nos vies personnelles !
Fuga: Melodies of Steel 3 sortira sur l’eShop de la Nintendo Switch le 29 mai 2025 au prix de 39,99€. Une édition deluxe est aussi proposée contre 59,99€ et contient, en plus du jeu de base, un artbook numérique, quinze morceaux issus de la BO à télécharger, ainsi qu’un ensemble d’objets à utiliser en jeu.
