Mario & Luigi : L’épopée fraternelle, le retour des rois ? – TEST

Quand Alpha Dream se déclara en faillite et ferma ses portes en 2019, nombre de fans eurent le coeur brisé. Car au-delà de la tristesse de voir disparaître un studio de jeux vidéo, Alpha Dream était notamment connu pour ses excellents Mario & Luigi, une des itérations RPG de l’univers Mario. La question de la pérennité de la licence se posa forcément mais Nintendo prit tout le monde de court quand vint l’annonce de Mario & Luigi : L’épopée fraternelle au cours d’un Nintendo Direct quelques mois auparavant. Non seulement la série n’est pas morte mais elle fait en plus ses premiers pas en-dehors des consoles portables avec l’amélioration visuelle que cela implique. Comment se déroulent les aventures des frères moustachus sur la Switch ? Réponse dans notre test !

En mille morceaux

Pour cette nouvelle aventure, Mario et Luigi se retrouvent propulsés (sans qu’on comprenne trop pourquoi) dans un monde parallèle baptisé Connexia. Autrefois structuré comme un seul et unique gigantesque continent, Connexia est désormais fracturé en de nombreuses îles comme une version Nintendo de l’éclatement de la Pangée. Jamais en panne d’altruisme, les deux frères se chargent de réunir les différentes îles en les connectant au Navisthme, hub central du jeu, le tout pour reconstituer le continent d’antan et sauver ses habitants de la menace de sombres ennemis.

Comme on peut s’y attendre, l’intrigue de Mario & Luigi : L’épopée fraternelle n’a pas pour prétention de révolutionner la fiction narrative mais reste bien assez efficace pour nous faire sourire de temps en temps, notamment grâce à une vaste galerie de personnages. Si on ne retiendra pas les personnages secondaires pour leur design, les alliés de Mario et Luigi ont le mérite de se démarquer par de fortes personnalités qui alimentent savamment des dialogues bourrés d’humour. En bref, on a affaire à une ambiance légère, détendue qui remplit très bien sa part du contrat. On pourra cependant regretter une progression plutôt laborieuse du jeu en général avec de nombreuses interruptions, pas toujours pertinentes, de la part des personnages secondaires quand on ne souhaite que partir enfin à l’aventure.

Indiana Mario et Calamity Luigi

Pour reconstituer Connexia, Mario et Luigi devront se rendre sur de nombreuses îles aux paysages variés. La grande force de cette épopée fraternelle est sans conteste la beauté et la diversité de ses différentes îles. Il vous faudra d’abord vous en approcher à l’aide du Navisthme qui vogue au gré de courants marins que vous devrez choisir avec soin pour l’orienter dans telle ou telle direction. Puis, quand une île sera proche de vous, vous pourrez vous propulser à coup de canon (rien que ça !) et découvrir des environnements encore inconnus. De ce point de vue, on prend un grand plaisir à explorer les différents niveaux du jeu tant les décors sont soignés et remplis de détails : des rivières magnifiques de Spiralia aux fleur-trampolines de Trampoflora en passant par les structures rocheuses de Goroulia, Mario & Luigi : L’épopée fraternelle nous livre une débauche de couleurs et de créativité avec une véritable sensation de fraîcheur. Chaque île a ses propres règles et ses propres éléments de gameplay faisant de chaque exploration une aventure à part entière. Bien entendu, connecter chaque île impliquera de résoudre des énigmes et d’affronter de nombreux ennemis dans la grande tradition des Mario & Luigi.

Les combats de Mario & Luigi : L’épopée fraternelle reprennent les codes classiques de la série avec des attaques et des parades basées sur le timing et l’analyse fine des patterns des ennemis. Entre sauts, coups de marteau et attaques en duo, les combats du jeu sont aussi plaisants que dynamiques et on ne cherche à les éviter pour rien au monde, contrairement à certains RPG ! Les combats de boss ne font pas exception et introduisent des mécaniques de gameplay spécifiques qui non seulement apportent régulièrement de nouveaux défis à relever mais forcent également les joueurs à être constamment vigilants pour s’adapter à des attaques aussi sournoises que délirantes. Une fois une île connectée au Navitshme, il sera bien évidemment possible d’y retourner pour en achever l’exploration mais également pour remplir quelques objectifs secondaires. De nombreux locaux auront en effet besoin de votre aide pour telle ou telle demande et nul doute que le perspective d’une récompense bien méritée saura vous motiver.

On prend les mêmes et des petits nouveaux

Pour cette première itération sur Switch, Mario & Luigi: L’épopée fraternelle se présente comme un mélange de tradition et de nouveauté dans ses mécaniques de gameplay. On retrouve bien évidemment l’idée centrale du jeu qui consiste à attribuer des boutons spécifiques à chacun des deux frères : Mario saute avec A tandis que Luigi saute avec B tandis que les coups de marteau passent par les boutons X et Y. Si le mapping des boutons peut dérouter un néophyte de prime abord, on s’habitue très vite à cette prise en main un peu particulière, d’autant qu’elle ajoute une certaine dose de défi dans les combats et la résolution des énigmes.

Toujours dans le registre des mécaniques habituelles, L’épopée fraternelle ramène bien entendu des actions spéciales impliquant Mario et Luigi pour franchir certains obstacles. Les deux frères peuvent, par exemple, tournoyer l’un avec l’autre pour se transformer en une sorte de soucoupe volante pour franchir des précipices (oui) et s’agripper tête-bêche pour former une boule et rouler à même le sol (encore oui). Bref, on retrouve avec plaisir l’aspect délirant totalement assumé des Mario & Luigi qui, plus que jamais, privilégient l’humour et la créativité au réalisme (comment ça, j’enfonce une porte ouverte ?).

Dans les nouveautés, on ne manquera pas de noter le Génie de Luigi, une sorte de special move de Luigi qui, de temps en temps, trouve une idée complètement farfelue mais bien souvent efficace pour tirer les deux frères d’une situation compliquée. En exploration, le joueur peut appuyer à certains moments sur la gâchette L pour que Luigi devienne plus ou moins autonome et interagisse avec certains éléments du décor. Par exemple, vous pouvez envoyer Luigi près d’un interrupteur pour l’activer au moment opportun pendant que vous contrôlez Mario qui saura tirer parti de l’interrupteur en question. En combat, le Génie de Luigi intervient contre les boss et vous donne l’occasion d’effectuer certaines actions à même d’infliger de lourds dégâts, moyennant une certaine adresse de votre part. Si elle ne révolutionne pas le gameplay de la série, cette nouvelle mécanique a le mérite d’apporter un peu de nouveauté et de se distinguer des autres jeux, bien qu’on puisse remarquer qu’elle manque un brin de folie comparé, par exemple, aux attaques frères de Dream Team Bros.

Un constat que l’on fait pour l’ensemble du jeu au passage : oui, L’épopée fraternelle reprend avec succès les codes qui ont fait la qualité de ses prédécesseurs mais on sent un côté légèrement générique dans ce premier épisode Switch. Comme un petit manque d’identité là où des épisodes comme les Frères du Temps ou Voyage au centre de Bowser parvenaient à se démarquer les uns des autres et à proposer leur propre grain de sel. Est-ce à cause de personnages secondaires au design oubliable ou d’une narration manquant de punch ou de quelque chose de plus profond ? En tous cas, cela n’empêche pas Mario & Luigi de faire un départ très sympathique sur Switch. On peut se consoler en se disant que la série prend ses marques sur la console hybride avant de pouvoir s’exprimer un peu plus dans un futur épisode : peut-être sur le fameux successeur de la Switch ?