Après vingt-quatre jeux répartis sur vingt-six années, Gust, développeurs de cette série si atypique depuis ses débuts, se sont dit qu’il était temps de jeter un regard vers le passé et de permettre aux joueurs occidentaux de pouvoir découvrir – le jeu n’étant jamais sorti dans nos contrées – le premier des Atelier, celui qui a posé les bases de cette série de cozy RPG qui mélangent récolte, crafting et combats. Et ce n’est pas un simple portage qui a été choisi pour l’occasion : le titre du jeu est clair, Atelier Marie Remake: The Alchemist of Salburg a été refait de fond en comble, avec tout le contenu de la version Saturn (plus complète que celle parue en 1997 sur PlayStation) transposé sur une direction artistique chibi toute mignonne. Mais est-ce que tout ça a bien vieilli ?
Le stress des partiels
L’intro du jeu donne le ton : comme dans tout les Atelier, nous ne sommes pas là pour nous intéresser aux grands héros, ceux de Final Fantasy et de Dragon Quest, mais plutôt aux “petites gens“. À la vie quotidienne et aux dangers qui menacent au niveau micro, plutôt que macro. Dans Atelier Marie Remake: The Alchemist of Salburg, la plus grosse crainte de notre héroïne n’est pas la mort, mais simplement de louper ses examens. Élève de l’Académie Royale de Magie, Marlone n’est pas vraiment une étudiante brillante, et aura cinq ans pour devenir une alchimiste de talent. Pour cela, elle se voit dotée d’un atelier, dans lequel elle va pouvoir s’entraîner, concocter des objets et potions pour répondre aux requêtes du village et, ainsi, devenir chaque jour un peu meilleure. Et, quand je parle de cinq ans, ce n’est pas une simple figure de style : le jeu vous donne un temps limité pour réussir à obtenir votre diplôme. Vous marchez vers un endroit lointain ? Cinq jour en moins. Vous y cueillez une fleur ? Un jour en moins. Vous combattez un ennemi ? Un jour en moins. Vous rentrez dans votre atelier ? Un j– bref, vous m’avez compris.
Ne vous inquiétez pas trop, néanmoins : vous aurez largement assez de temps pour accomplir votre objectif, tandis que les allergiques au concept (coucou Dams) pourront directement désactiver cette limite en début de partie. Mais cela serait dommage, car elle permet d’ancrer le jeu dans le réel et de donner plus de sens à vos actions. Malgré cette limite de temps, une fois lâché dans l’univers d’Atelier Marie Remake: The Alchemist of Salburg, vous serez libre. Un peu trop, peut-être ? Le jeu n’est guère dirigiste et vous pourrez louper des pans entiers d’histoire si vous ne fouillez pas au bon endroit, au bon moment, ou ne saisissez pas les opportunités qui se présentent à vous. On pourra le lui reprocher ; c’est une erreur que commettaient beaucoup d’œuvres de cette époque-là. Mais, avec sept fins différentes et une durée de vie oscillant entre six et huit heures, le titre est clairement pensé pour être joué et rejoué afin de tout débloquer.
De l’alchimie archi mimi
Chaque jour, Marlone devra donc gérer son emploi du temps pour explorer les possibilités qui s’offrent à elle : s’adonner à l’alchimie, explorer le petit village de Salburg à la recherche de rumeurs et de quêtes à accomplir, ou alors partir à l’aventure dans les dix lieux se trouvant à proximité du village. Tout s’imbrique, en réalité : les quêtes vous demanderont de créer matériaux et objets qui nécessitent des matières premières qui se récoltent en dehors du village. Chaque lieu possède un certain nombre de matériaux différents, plus ou moins rares, et dont certains changent avec les saisons. Heureusement, la liste complète de ceux-ci s’affiche à côté du lieu une fois que vous les aurez découverts, et vous pourrez qui plus est embaucher au bout d’un certain temps de l’aide pour récolter les éléments les moins rares à votre place. La récolte n’est ainsi jamais pénible, d’autant plus qu’elle est parfois égayée par des petits mini-jeux – qui ne devraient pas trop vous donner de fil à retordre – accompagnant le ramassage des éléments les plus rares.
Tout n’est pas amical dans la nature, et bon nombre de monstres se dresseront sur votre chemin. Heureusement, Marlone, qui n’est pas une guerrière dans l’âme, pourra compter sur l’aide de deux compagnons à recruter (parmi une petite dizaine de prétendants au total) dans le village. Construisez votre équipe avec soin, car le lent leveling ne vous donnera pas envie de la changer souvent, d’autant plus que vos compagnons, contrairement à vous, ne bénéficient pas de points d’expérience récompensant la pratique de l’alchimie. Si la composante RPG est vraiment très légère, avec peu de personnalisation possible et un nombre d’attaques très limité (en gros, une attaque normale et une attaque spéciale), les combats, comme souvent dans la série, sont assez agréables et rapides, avec la possibilité d’encore plus les accélérer pour ceux qui le veulent.
On combat donc avec plaisir et une certaine satisfaction quand, les niveaux aidant, on arrive à cracker un peu le système pour tuer les ennemis en quelques coups, ce qui permettra de venir plus facilement à bout de la petite tour de combat dans laquelle vous aurez à affronter des vagues de monstres. Entre ça, la récolte, l’alchimie (beaucoup plus simple que dans les Atelier les plus récents, au passage), et toute la vie du village, vous ne verrez pas le temps passer tout en gardant un côté très cozy et addictif, poussant à venir au bout d’Atelier Marie Remake: The Alchemist of Salburg en quelques sessions.
Atelier Marie Remake: The Alchemist of Salburg, la petite douceur de juillet
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Une douce aventure estivale - 70%70%
Une douce aventure estivale
Atelier Marie Remake: The Alchemist of Salburg donne un coup de frais un titre fondateur, tout en permettant aux occidentaux (si tant est qu’ils comprennent bien l’anglais) de le découvrir pour la première fois dans une version oscillant, comme le veut l’expression, entre tradition et modernité. Si on pourra un peu être déçus des systèmes simples, conséquence de l’âge du jeu, on ne boudera pas son plaisir devant cette aventure charmante, plutôt courte, et cozy, qui s’adresse autant aux fans qu’aux nouveaux venus.
Les +
- B.O. très sympathique
- Personnages attachants
- Assez réussi visuellement
- Limite de temps pas embêtante (et désactivable)
- Grande rejouabilité
- Répétitif sans jamais être redondant
Les -
- Uniquement en anglais
- Animations simplistes
- Limité dans ses systèmes (alchimie, combats)