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Astral Chain, the sound of da police – TEST



Une nouveau jeu à fort potentiel de licence chez Nintendo, nous n’y avions pas eu droit depuis Splatoon, en 2015. Parce que c’est toujours une prise de risque. Mais le joli parc installé de Switch aidant sans doute, cette année, le constructeur et éditeur japonais a décidé de nous offrir Astral Chain, et en faisant les choses bien, s’il vous plaît : bien placé dans l’agenda, fin août, le nouveau jeu de chez Platinum Games a bénéficié d’une campagne promo intensive, qui l’a vendu comme the next big thing sur notre console hybride, témoignage de la confiance de Nintendo en son produit. À raison ? Qu’Astral Chain soit un minimum bon, nous n’en avons jamais vraiment douté. Platinum Games sait bricoler des jeux au moins corrects, même quand il ne s’agit que de commandes, comme dans le cas de Transformers: Devastation. Mais nous n’attendions pas d’un tel jeu qu’il soit juste “correct”. Il est réalisé par le game designer de NieR: Automata, sous la supervision du créateur de Bayonetta. Rien de moins qu’excellent serait un échec.

astral chain switch test 1

Je suis venu ici pour mâcher du chewing-gum ou trancher dans le tas

Takahisa Taura a donc décidé d’employer les gros moyens et de faire immédiatement démarrer son jeu sur les chapeaux de roues, par le biais d’une cinématique très jolie, riche d’une mise en scène cinématographique soignée que l’on retrouvera tout au long de notre aventure. S’ensuit une création de personnage basique (avec seulement 7 lettres autorisées dans son nom, comme à l’ancienne, pour le plus grand malheur de votre serviteur), puis, immédiatement après, une course poursuite en moto – qui évoque celle, mythique, de Final Fantasy VII – suivie de quelques combats qui tiennent lieu de tutoriel. Un début in media res, donc, qui ne perd pas de temps, et surtout permet de balancer directement une bonne grosse dose d’adrénaline dans vos veines en invoquant le plaisir immédiat d’un film d’action des années 90. La comparaison n’est pas anodine, car les personnages d’Astral Chain, femmes et hommes bien burnés qui vivent avec et pour leur sens du devoir, simples sans être unilatéraux, et l’humour que le jeu tente d’insuffler en filigrane, constituent autant d’hommages à cette époque du cinéma, quand être du côté de la police était encore “cool”.

Et même si le scénario, dans lequel vous incarnez un Élu devant sauver le monde de portails interdimensionnels qui enlèvent ou corrompent ses habitants, avance parfois avec de gros sabots avec des twists que l’on voit venir à des kilomètres, on progresse toujours avec plaisir et investissement dans l’histoire, de par la sympathie que nous inspire cette joyeuse bande de policiers, mais aussi grâce à l’excellent rythme du jeu, qui ne se perd pas en cinématiques verbeuses et préfère résoudre ses problèmes par la pointe de l’épée que par une discussion autour d’une table. Et quand, vers la moitié de l’aventure, l’on se surprend à avoir peur que la structure ne devienne trop répétitive, celui-ci s’amuse à la casser, le temps d’un chapitre, pour mieux vous emporter dans sa seconde partie, en vous envoyant dans une ville dans la ville, un bastion de déclassés et de marginaux dont le design n’est pas sans rappeler celui des Taudis de Midgar et en installant même une mécanique d’infiltration qui, une fois n’est pas coutume, est très réussie.

Mon nom est Légion, car nous sommes nombreux

Platinum Games oblige, le cœur d’Astral Chain reste néanmoins l’action, et son exécution ici force le respect, malgré tous les défauts qu’elle peut avoir. Le monstre au bout de votre chaîne astrale, la Légion (qui peut être contrôlée par un ami en co-op), peut, certes, s’avérer encombrant dans des espaces confinés, mais ce qu’il vous fait perdre en lisibilité, il vous le fait gagner en chorégraphisation. Chaque combat ressemble à un ballet, où votre Légion et vous allez alterner les attaques portées, puis prendre du recul avant d’asséner un coup rythmiquement parfait ensemble, comme un violent pas de deux. Quel dommage, en revanche, que le titre ne se soit pas concentré sur une Légion : vous en aurez cinq, et autant de coups spéciaux, d’arbres de compétences et de caractéristiques propres à chacune à apprendre, gérer et maîtriser. Le gameplay aurait pu se focaliser sur l’essentiel : placer sa Légion (avec ZL), enchaîner les ennemis, et, surtout, alterner attaques (avec ZR) et esquives (avec B), qui font ralentir un peu le temps, comme dans Bayonetta. Peut-être que les puristes du beat them all auraient râlé, mais on arrive finalement, avec ces trois boutons, à créer un rythme et un flow inégalables dans ces combats, qui vous feront progresser même si l’action n’est a priori pas votre fort, la marque d’un système réussi. Le seul vrai point noir, en combat, ne vient finalement pas du jeu mais de la croix de la manette Pro, trop molle et imprécise, qui m’a trop souvent ouvert l’appareil photo ou les notes de l’enquête en plein milieu d’une bataille acharnée, de façon très frustrante.

Dans un souci d’inclusivité, le mode facile d’Astral Chain (qui vous délivre aussi du joug de la notation permanente) vous permet même d’automatiser les batailles afin de pouvoir vous concentrer sur l’histoire et les enquêtes. Celles-ci, venant entrecouper les phases de combat comme des entractes vous permettant de mieux respirer, se déroulent toujours dans des mondes “semi-ouverts” aux murs pas si invisibles que ça. Comme un vrai policier, vous devrez parler à des gens pour en apprendre plus sur le contexte du mystère du jour (attention, il y a une interro à la fin, soyez attentifs !), voire même les aider dans des quêtes, importantes (marquées par un carré rouge) comme triviales (les ronds bleus, les ronds qu’on dit avec les yeux). Tout ceci aide à donner à ces niveaux, petits mais très beaux, une énergie cinétique et une vie, renforcée par un amour du détail très appréciable. J’aurais peut-être plus aimé voir le cadre du jeu, une île artificielle au milieu du Pacifique, et plus ressentir la crainte des habitants face à la menace constante des chimères invisibles qui pèse sur eux. De même, nous aurions pu nous passer du nettoyage de la matière rouge, une Ubisofterie sans intérêt et, surtout, des trop nombreuses incursions dans le plan astral, au design vide et vu mille fois (mais qui permet au jeu de proposer des combats épiques et à grande échelle sans trop se soucier de soucis de collision).

La cerise sur le gâteau

Le design des personnages, des monstres et des Légions, oeuvre en grande partie du mangaka Masakazu Katsura est, au contraire, formidablement réussi, conférant à chacun une identité propre et aux Légions une “badassitude” indéniable. Quel dommage que, dans cet océan de personnages, l’on n’ait pas complètement échappé aux sirènes de la sexualisation et du fan service : le système permettant de voir les mensurations des PNJ et le personnage de Marie, dont la poitrine est animée d’une façon que ne renierait pas Dead or Alive, laissent un goût amer en bouche. Petit raté aussi du côté de la musique électronique abêtissante du commissariat, incompréhensible quand on voit la qualité des compositions par ailleurs, pas forcément mémorables, mais qui réussissent l’exploit de pouvoir passer de manière très naturelle de leur “version normale” à leur “version de combat“, quelque chose que l’on aimerait voir dans plus de titres dans le futur.

Sorte de “pot pourri” des jeux Platinum précédents, auquel il emprunte beaucoup tout en offrant assez pour s’en différencier, Astral Chain n’est pas exempt de défauts, mais est aussi plus que la somme de ceux-ci en offrant exactement ce qu’il promettait : des combats jouissifs dans un univers assez différencié pour, pourquoi pas, donner lieu à la création d’une franchise par la suite. Et comment ne pas le souhaiter, quand on voit à quel point il est addictif : il fait très clairement partie du club des titres que l’on lance pour une session d’une heure et dont on ne finit par en sortir qu’à une heure avancée de la nuit, épuisé mais heureux de n’avoir pas vu le temps passer. Rajoutez à ça des graphismes et effets de lumière magnifiques (malgré le manque d’anti-aliasing en mode portable), qui exploitent les possibilités de la Switch comme rarement auparavant, tout en restant en 30fps constants – en tout cas de mon côté, certains membres de l’équipe s’étant plaints de sporadiques chutes de framerate dans les derniers chapitres, et on obtient, un mois à peine après Fire Emblem: Three Houses, un nouvel incontournable de la console de Nintendo, tout simplement.

La bande-annonce de lancement d’Astral Chain

 

Astral Chain

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Résumé

Est-il plus ou moins bon que NieR: Automata ? On s’en fout : Astral Chain est un très grand jeu, qui vous fera passer un moment inoubliable et qui se classe dans le panthéon des meilleurs titres de la console. Parfaite porte d’entrée au genre du beat them all, tout en pouvant être extrêmement exigeant avec les joueurs qui le veulent, il se paye le luxe d’être magnifique et très joliment mis en scène. Une fois fini, une seule envie, y retourner : dommage qu’aucun New Game + ne soit proposé. En espérant que le studio garde cette idée pour une éventuelle suite que nous souhaitons déjà très fort.

Pros

  • Magnifique
  • Un très bel hommage aux films d’action des années 90
  • Des niveaux jolis et pleins de vie…
  • Un système de combat au poil
  • Très inclusif
  • Le design des Légions est formidable
  • Une belle galerie de personnages attachants
  • Les possibilités de personnalisation du personnage et des Légions
  • Un jeu que vous n’oublierez pas de sitôt
  • Extrêmement addictif

Cons

  • Un manque de compositions mémorables
  • Le fan-service malvenu
  • … mais un peu petits
  • Le plan astral est peu inspiré
  • Multiplicité des Légions un peu inutile
  • Pas de New Game +
  • Maniabilité de la Légion Bête immonde
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giomosby
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Fan de consoles Nintendo et de jeux japonais depuis que je suis en âge de tenir une manette. Si je ne suis pas dispo, c'est probablement que je visite un parc Disney.

1 Commentaire
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DesBen

Mon GOTY 2019 pour le moment, et de loin. Je ressens la même sensation que j’ai pu avoir avec Zelda BOTW et Mario Odyssey : regarder l’heure à 16h30 un samedi, cligner des yeux et voir qu’il est 4h un dimanche matin. Le jeu est solide, très beau, bien assez fluide et les combats sont réellement jouissifs.