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Toodee and Topdee : Double dose de 2D – TEST

La perspective. Voilà une notion qui définit la nature même d’un jeu vidéo, c’est par elle que tout se fait, c’est elle qui définit nos manières de voir le jeu et d’interagir en son sein. Particulièrement friand des concepts assez expérimentaux qui remettent en question les fondements même de nos jeux, je n’ai pas pu passer à côté de Toodee and Topdee, un titre qui joue habilement avec cette même notion. Né d’un prototype de game-jam réalisé par deux frères, Gonen et Ori, le premier jeu commercialisé par le studio Dietzribi ressemble à un rejeton lointain de FEZ vu de loin, mais il s’agit bien d’un concept distinct qui se pare de multiples qualités en plus de ses bonnes idées.

Et 1, et 2D !

Au commencement était le néant, puis vient Aleph, sorte de grand manitou cosmique. À l’aide de son architecte et gestionnaire Toodoo, il crée plusieurs mondes tous plus variés les uns que les autres et peuplés de différentes créatures vivantes. Le subalterne, par crainte d’être mis au rebut faute de mission à remplir une fois son oeuvre achevée, décide de dérober le point-virgule, un artefact responsable de la stabilité de l’univers. Voilà donc qui mène les mondes à fusionner et nos protagonistes à se rencontrer alors même qu’ils ont des… visions du monde assez différentes, dirons-nous. Derrière cette prémisse assez bateau se trouve l’excuse permettant à nos deux compères, Toodi et Topdi (noms francisés Toodee and Topdee), de faire équipe pour tenter de mettre Toodoo hors d’état de nuire et sauver l’univers. Chacun d’eux vit dans un monde bien spécifique : la perspective de Toodi est celle d’un jeu de plate-forme 2D à défilement horizontal, tandis que celle de Topdi est celle d’un puzzle-game en vue de dessus.

Vous l’aurez compris, il va nous falloir contrôler ces deux personnages afin de parcourir différents niveaux de puzzle-plateforme. Chaque tableau est donc utilisable de façons diverses par nos protagonistes. Toodi est le seul qui puisse sauter et il ne craint pas de tomber dans les gouffres qui menacent son compère, mais il est soumis à la gravité et ne peut pas porter d’objets. Topdi, quant à lui, peut être bloqué par les gouffres qu’il ne peut franchir en sautant, mais il peut porter des caisses de diverses natures pour former des ponts pour lui-même ou des plateformes pour son camarade, ou encore pour bloquer des jets de flammes ou des arrivées d’eau. Lorsque l’on change de perspective, on change également de personnage pendant que l’autre est immobilisé et insensible au moindre dégât jusqu’au prochain basculement. Bien comprendre comment fonctionnent ces changements est essentiel pour résoudre certaines énigmes qui nécessiteront un timing précis ou un bon alignement pour faire chuter des objets dans la perspective de Toodi. Notez que le jeu est jouable en mode coopératif à deux, même si je n’ai pas eu l’occasion de l’essayer de cette façon. Un réglage permet notamment de contrôler le basculement que l’on soit aux commandes de son personnage ou en attente, ce qui doit sans aucun doute provoquer un certain chaos et des fous rires.

De la suite dans les i-D

Pour terminer un niveau de Todee and Topdee, il vous faut emmener les deux personnages au portail menant au suivant. Ce travail d’équipe peut donc se révéler à la fois une bénédiction et une malédiction si vous vous arrachez les cheveux en n’arrivant pas à emmener l’un d’eux à bon port. Au fil de votre progression, des ennemis s’inviteront à la fête, et il faudra bien souvent les manipuler en les dirigeant là où vous voulez afin de résoudre une partie du puzzle du niveau. Le jeu comporte même des Boss, points culminants de chaque monde, qui vous demandent d’exploiter une mécanique apprise dans les niveaux pour triompher, faute de pouvoirs offensifs propres. Qu’il s’agisse de les faire chuter sur des piques ou de leur faire tomber un bloc sur la tête, tous les moyens sont bons !

Concernant ces affrontements mais aussi les niveaux classiques, on est véritablement face à un cador du puzzle-game qui n’a rien à envier à l’inventivité que peut requérir un Baba is You ou un Portal (y compris pour son moteur physique qui conserve lui aussi énergies cinétique et potentielle). Il faut souvent penser en-dehors des clous, mais chaque épiphanie fait parfaitement sens avec les différents systèmes du jeu en vous les faisant voir d’une manière que vous n’aviez pas envisagée auparavant. Mes seuls regrets sont un manque de fonction retour en arrière (au moins en-dehors des Boss), qui force à recommencer un niveau si on pousse un bloc par erreur dans un coin ou dans un trou, ainsi que quelques très rares bugs de collisions dans des conditions bien spécifiques (par exemple en éjectant un cube à grande vitesse vers un Toodi collé contre un mur).

Bien que le côté puzzle soit plus prégnant que la plateforme pure si vous souhaitez arriver au bout de l’aventure de Toodee and Topdee, il faudra faire preuve de vitesse et d’adresse pour atteindre le 100% et débloquer les niveaux cachés. Chaque tableau dissimule en effet deux coccinelles : une bleue s’obtient en résolvant le casse-tête en faisant le moins de basculements possibles entre chaque perspective, et une rouge en mettant le moins de temps possible à atteindre la sortie. Bien sûr, c’est aussi valable pour les Boss. Enfin, pour ne rien gâcher, des tonnes d’options d’accessibilité sont de la partie pour vous permettre de parcourir le jeu sans prise de tête. D’une santé augmentée en passant par des sauts infinis pour Toodi ou une super-force pour soulever des objets trop lourds pour Topdi, les possibilité ne manquent pas. De quoi profiter d’un récit somme toute assez classique mais bigrement efficace et bien écrit, ce à quoi je ne m’attendais vraiment pas.

Un charme D-routant

C’est bien là un aspect qui m’a plus que surpris, tant je n’attendais pas Toodee and Topdee sur ce terrain. Le jeu se pare d’un pixel art chaleureux qui colle avec son ton, ce qui lui donne un charme inimitable. Les quelques cinématiques présentes entre chaque monde et chaque combat de Boss valent leur pesant de cacahuètes, grâce au caractère marqué de nos deux héros. Topdi est à la fois très premier degré et rempli de bonnes intentions tandis que Toodi est consterné par la naïveté de son camarade, mais ne manque pas d’envie d’en découdre. Les interactions entre les Boss et les protagonistes, ainsi qu’avec Glitch, un PNJ récurrent qui les guide, sont toujours l’occasion de nous tirer un grand sourire grâce aux quiproquos et aux jeux de mots qui font mouche. Une atmosphère un peu impertinente qui ravivera peut-être les souvenirs d’enfance de celles et ceux d’entre vous qui ont pu grandir avec les Mario & Luigi, par exemple. Qu’il s’agisse d’un travail de localisation ou que la base ait été solide à l’origine, on en ressort avec la banane.

Cet humour est une bonne excuse pour s’attacher à ces personnages jusqu’à un final épique qui réserve un twist de gameplay que je ne vous divulgâcherais pour rien au monde. On finit par se sentir touché·e par tout ce petit monde et à apprécier d’autant plus la conclusion de cette histoire, bien qu’elle reste simpliste au possible. Toodee and Topdee se paye enfin le luxe d’une bande-son de grande qualité composée par Kajnoon. Les mélodies de Boss nous restent en tête, mais la musique sait aussi se faire plus discrète quand c’est nécessaire pour nous laisser réfléchir. Elle réagit aussi légèrement à chaque basculement entre Toodi et Topdi, de même lorsque l’on se trouve sous l’eau etc. En bref, tout ce que l’on demande à une bande-son de jeu vidéo est ici accompli haut la main.

Un jeu bourré de charme
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Summary

C’est sans doute l’un des tests les plus subjectifs que je ferai, mais tant pis. Le charme de Toodee and Topdee a opéré à merveille sur moi et m’a happé tout au long de cette aventure. Bourré de bonnes idées, le titres de Dietzribi ne cesse de se renouveler et de nous forcer à penser hors des clous sans jamais perdre en cohérence dans ses puzzles. Enrobé d’un habillage visuel et sonore plus que réussi et d’un récit drôle et touchant, le jeu laisse l’impression de réussir absolument tout ce qu’il entreprend. Chapeau bas.

Les +

  • Une idée originale exploitée dans des puzzles géniaux
  • Un moteur physique au poil pour des moments requérant un peu plus d’adresse
  • Des combats de Boss épiques et stratégiques
  • Des options d’accessibilité en pagaille
  • Un mode coop
  • Une bande-son maîtrisée d’un bout à l’autre
  • Un récit drôle et touchant

Les -

  • Manque d’une fonction retour en arrière sur les niveaux ordinaires
  • De très rares bugs de collisions
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Callisto
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Joueur depuis mon plus jeune âge, j'ai grandi avec Nintendo et leur univers, donc je garde un affect, même si le JV en général me passionne tout autant. Je suis friand de J-RPG et de tout ce qui touche à Zelda et Metroid principalement, même si d'autre licences de Big N ont mes faveurs. Je reste malgré tout bon public et peux apprécier un large panel d'expériences.

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