SaGa Frontier Remastered, sa gaze pour moi ? – TEST

saga frontier remastered switch
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Nous sommes en juillet 1997. Un peu moins de six mois après que Square ait complètement révolutionné le monde du J-RPG – et du jeu vidéo tout entier au passage – avec Final Fantasy VII. Le grand public a donc de grandes attentes pour SaGa Frontier, la nouvelle production de l’éditeur nippon, et l’imaginent peut-être aussi bigger than life que ce dernier. Pourtant, quand il arrive dans les boutiques spécialisées, les joueurs réalisent que SaGa est resté fidèle à SaGa, dans ses bons et ses mauvais côtés. Qu’il sera toujours possible d’être perdus face à un système de combat dont on ne saura rien, que les game over seront nombreux, que l’on devra recommencer un scénario pour des mauvais choix faits en début de partie. Bref, que le réalisateur Akitoshi Kawazu reste fidèle à sa vision à l’ancienne, jusqu’au-boutiste, du jeu vidéo. Une vision un peu datée en 1997 et quasiment archaïque en 2021, année où Square Enix nous propose un remaster de ce jeu si particulier : plongeons-nous dans celui-ci ensemble.

Le cœur est sec comme l’œil du Dajjal

L’avantage, c’est que SaGa Frontier Remastered ne cache pas bien longtemps son âpreté légendaire : en effet, nous sommes accueillis dès le début du jeu par un menu de sélection des personnages d’une sobriété à faire passer Madame Bovary pour le parangon du fun. Sept personnages proposés, dont vous ne savez rien, et déjà un premier aperçu de l’esthétique si particulière du titre, avec ses couleurs criardes et son parti-pris visuel qui consiste à n’en prendre aucun : rejetant les jolis sprites 2D et la modernité des polygones, SaGa Frontier ne ressemble finalement à rien de connu, si ce n’est aux animations qui s’affichent au-dessus des allées des bowlings quand vous faites un strike. Un mauvais goût constant, assumé, qui est d’autant plus flagrant dans ce remaster qui affichera tout cela en haute définition sur vos télévisions aux diagonales gigantesques, sans même pouvoir se cacher derrière le fard des tubes cathodiques pour dissimuler son hypnotisante laideur.

L’écran de sélection des personnages représente aussi la première étape d’un voyage particulier : celui vers les confins de GameFaqs, à la recherche d’une solution pour savoir par quel personnage vaut-il mieux commencer. Ce voyage, vous allez devoir l’effectuer plusieurs fois, et lire consciencieusement de nombreuses pages – uniquement en anglais, comme l’est le jeu – afin de comprendre les tenants et aboutissants du système de combat, les différents scénarios et, de manière générale, tout simplement quoi faire et où aller. Car SaGa Frontier n’a pas honte de vous mettre face à des murs de difficulté impossibles à surmonter, comme si Akitoshi Kawazu tenait à se moquer des joueurs qui voudraient tenter l’exploration. GameFaqs vous apprendra donc qu’il vaut mieux commencer par Red, le personnage le plus simple pour débuter, et c’est donc sur son scénario que le reste de ce test se concentrera désormais, afin de vous aider à cerner quelque peu le jeu.

Aucun sens, mon chéri tu n’as aucun sens

Vous commencez donc par une cinématique montrant le personnage, Red, sur la route avec son papa. Quand celui-ci se fait attaquer par le méchant BlackX, notre héros se voit doté d’un don : celui de pouvoir se transformer à volonté en Alkaizer, super-héros doré issu d’un croisement surnaturel entre un Chevalier du Zodiaque et un personnage de super sentai. À la suite d’un bond temporel abrupt, vous voilà désormais machiniste à bord d’un vaisseau de croisière, ce qui va aider Red à parcourir le monde et pouvoir venger la mort de son paternel. À partir de là… et bien, il va falloir vous débrouiller pour recoller les morceaux, tant rien ne fait de sens : les PNJ vous parlent avec des phrases abruptes, à la traduction assez sèche, tandis que les évènements s’enchaînent à vitesse grand V, sans transition, tel le scénario d’un film qu’on aurait voulu faire tenir dans un épisode de sitcom. J’en veux pour exemple cette mission, qui m’a fait poursuivre un personnage vêtu d’un espèce de sombrero au travers des égouts d’une ville et jusqu’à mon vaisseau. Une fois arrivé dans l’engin, on retrouve le personnage avec une vingtaine de “clones” : on se dit alors que le défi va constiter à retrouver le bon personnage dans cette foule. Mais non. C’était la fin de la mission. Cet exemple parlant s’applique sur toutes les scènes, et pour tous les personnages.

Un guide s’avère donc indispensable tout au long de votre aventure, afin de savoir où aller dans ce vaste monde, et ce que le jeu attend de vous : oui, vous pouvez faire le malin et jouer sans cette béquille, mais cela vous fera vous confronter à des dizaines de combats aléatoires inutiles, et, croyez-moi, c’est quelque chose que vous voulez éviter. Car SaGa Frontier est taquin : contrairement à l’écrasante majorité des J-RPG traditionnels, dans lesquels vous devenez plus fort au fur et à mesure des combats que vous gagnez, le système imaginé par l’équipe de Kawazu augmente la difficulté des combats que vous aller rencontrer – y compris de ceux des boss – en fonction du nombre d’affrontements déjà effectués, ce qui pourra finir par vous faire buter contre un ennemi impossible à vaincre si vous n’êtes pas assez attentifs. Heureusement, ce remaster se dote d’une option vous permettant de fuir les combats, ce qui vous permet tout de même d’explorer les environnements avec une certaine latitude, de quoi enlever une des plus grandes sources de frustration du jeu original.

De quoi péter un Fuse-ible

Au rayon des nouveautés, on notera aussi la possibilité d’accélérer la vitesse de jeu comme celle des combats, un ajout bienvenu quand on sait à quel point la mort arrive facilement, surtout en fin de scénario. Cela ne rend pas SaGa Frontier facile, loin de là : il reste un jeu très à l’ancienne, dont le gameplay trop complexe se joue souvent des conventions du jeu vidéo, et dont le manque d’explications restera toujours le talon d’Achille. Il vous faudra, par exemple, comprendre par vous-même que réutiliser la même attaque plusieurs fois en combat vous permettra d’en apprendre une nouvelle, mais aussi que les attaques que vous choisirez pourront se combiner avec celles de vos alliés (de manière aléatoire, évidemment, sinon, c’est pas drôle) afin d’obtenir une frappe surpuissante. Si cette navigation dans le noir agace souvent, il faut avouer qu’elle donne aussi plus de saveur aux victoires, quand, souvent avec l’aide d’un guide trouvé sur Internet, on arrive à prendre le pas sur le système de jeu et à exploiter ses failles : c’est un peu sale, mais ça marche.

Une des autres nouveautés de SaGa Frontier Remastered réside en la présence d’un tout nouveau scénario, celui de Fuse, qui se contentait auparavant de quelques interventions dans ceux des autres : celui-ci, auquel vous ne pourrez jouer qu’en dernier, offre une sorte de best-of des autres scénarios, avec un recul et un certain humour, même, venant de la différence de point de vue. On appréciera aussi le résumé de l’histoire accessible à tout moment dans le menu, qui permet de combler les lacunes de l’écriture, bien que l’on regrettera que celui-ci n’offre pas plus de détails sur les personnages secondaires que l’on peut recruter, trop nombreux et dont la puissance comme l’impact sur l’histoire sont souvent flous. Mais cela fait, diront certains, partie du charme de SaGa Frontier, un titre réservé aux joueurs très patients qui lui pardonneront l’impardonnable pour avoir la chance de se plonger dans un game design désuet mais non dénué d’intérêt, comme on visiterait un bon musée.

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  • Pour les vieux briscards et les curieux uniquement - 60%
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Pour les vieux briscards et les curieux uniquement

Petit morceau d’histoire, foutoir plein d’idées foutraques, à la fois très moderne par certains aspects et complètement archaïque par tant d’autres, ce remaster de SaGa Frontier, malgré des ajouts bienvenus, ne parvient pas à en faire un jeu grand public : les puristes s’en réjouiront, tandis que les autres se désoleront de ne pouvoir goûter à ce titre qui se fiche bien de vous laisser sur le côté de la route. Reste que les joueurs les plus curieux pourront trouver dans ce game design particulier matière à réflexion. Un jeu auquel il faut avoir joué au moins une fois dans sa vie, ne serait-ce que pour avoir de bonnes raisons de le détester.

Les +

  • De très belles compositions musicales
  • Un gameplay profond
  • Les superbes illustrations de Tomomi Kobayashi
  • La possibilité de fuir
  • La vitesse x2 et x3 durant les combats
  • Se dévore comme un recueil de nouvelles
  • Satisfaisant quand on le comprend

Les -

  • Génialement hideux
  • Plus aride que le désert de Gobi
  • Une traduction tout juste sommaire
  • Pas accueillant pour un sou
  • Narration rushée
  • Très difficile
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Note des lecteurs :
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giomosby
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Fan de consoles Nintendo et de jeux japonais depuis que je suis en âge de tenir une manette. Si je ne suis pas dispo, c'est probablement que je visite un parc Disney.

2 Commentaires
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Christophe

N’achetez pas ce “remastered”.

Et si vraiment vous ne souhaitez pas suivre ce conseil, jouez plutôt à Saga Frontier 2 en émulation PS1.

Clément

avant dernier screenshot #j’ai_la_ref