Ghostrunner : ça die ou ça retry ? -TEST
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Ghostrunner : ça die ou ça retry ? – TEST



Lorsque Ghostrunner a été annoncé sur Switch, je me suis tout de suite imaginé une bande de développeurs fous en train d’essayer d’assembler leur plus beau puzzle 1000 pièces sur une table remplie de trous. En ayant déjà pu essayer le bougre lors des Steam Game Festival de cette année, j’étais en effet loin de penser que le dernier projet des studios One More Level, 3D Realms et Slipgate Ironworks ferait un jour l’objet d’un portage sur notre Switch nationale. Rendez-vous compte : les graphismes 3D léchés, la vue à la première personne et les sacro-saintes soixante images par secondes étaient de la partie et faisaient office d’autant de contre-arguments pour une arrivée de Ghostrunner sur la dernière console de Nintendo.

Et pourtant, les premiers trailer de cette version hybride  se sont montrés plutôt rassurants alors même que les multiples – et parfois faux – reports de date de sortie ne parvenaient pas à ajouter une petite ombre au tableau. Les équipes du trio de studios polonais, danois et américain avaient-elles finalement réussi à réunir, ensemble, toutes les pièces d’un puzzle qui promettait pourtant d’être impossible à monter ?

Ghostrunner ne nous laisse en tout cas pas le temps d’y réfléchir outre mesure et nous met directement dans le bain avec une jolie cinématique d’ouverture qui nous présente un monde cyberpunk – que l’ont devine en piteux état – dans lequel notre ninja de héros essaye de vaincre un étrange ersatz féminin du Docteur Octopus. À peine le temps de nous en remettre que nous sommes déjà en train de trancher en deux un pauvre quidam – et ce dès nos premières secondes de jeu – alors qu’une étrange voix nous demande dans le même temps d’aller la libérer. Nous voilà de fil en aiguille partis pour escalader plateformes et autres précipices tout en esquivant les balles d’autres étrangers – finalement pas si pauvre que ça et bien décidés à nous bloquer le passage – pour tenter de comprendre ce que notre guide de fortune attend de nous. Dans le même temps, on comprendra bien vite que la narration du titre se contentera de dialogues, toujours à distance, entre notre personnage et ses différents “coéquipiers” rencontrés au cours de ces pérégrinations. Dommage, car ces intermèdes nous tissant la toile d’un scénario qui se laisse aisément suivre et portées par un excellent doublage en langue anglaise se voient pour le plus souvent noyées au milieu de l’action constante et frénétique déployée par le jeu.

Ghostrusher

Car Ghostrunner n’a effectivement pas le temps. Plongé au cœur de l’action, il nous faudra constamment nous adapter aux nouvelles mécaniques que le jeu nous propose, sans qu’il nous épargne pour autant lorsque nous devrons appliquer ce que nous avons récemment appris sur le terrain. Concrètement, Ghostrunner est un jeu linéaire de parkour à la première personne qui vous demandera basiquement d’aller d’un point A à un point B. Un constat cependant bien trop simpliste puisque des phases de plateforme assez relevées composeront une bonne moitié des niveaux, tandis que le reste fera la part belle à des zones remplies d’ennemis à abattre pour pouvoir avancer. Dernier clou dans le cercueil des réfractaires aux jeux difficiles, il suffira d’une seule balle reçue ou d’une seule chute de votre part pour vous ramener au dernier check. Diabolique.

Nous avons donc bien affaire à un die and retry pur et dur. Mourir fera partie intégrante du gameplay – comme l’attesteront mes 109 morts nécessaires pour boucler le premier chapitre – et chacune d’entre elles viendra s’ajouter à l’immense poids qui s’envolera de nos épaules lorsque nous réussirons à terminer un passage qui nous aura donné tant de mal. Ghostrunner est ainsi l’un des rares titres sur Switch où j’ai réussi à atteindre ce fameux état deflow“. Vous savez, celui-là même qui vous fait oublier ce qui se passe autour de vous et qui vous fait relever la tête de votre écran trois heures plus tard alors que vous pensez n’en avoir passé qu’une seule à jouer. J’ai ainsi ressenti du stress alors que j’esquivais les balles grâce au pouvoir qui nous permet de ralentir le temps ou lorsque j’essayais de les renvoyer avec mon sabre tel un Jedi. J’ai éprouvé une profonde frustration lorsque j’ai échoué à atteindre la dernière plateforme d’un niveau. J’ai senti mon estomac se nouer lorsque je me suis retrouvé en face du dernier ennemi d’une pièce que j’avais parfaitement nettoyée grâce au ballet mortel de mon Ghostrunner. Surtout, j’ai éprouvé une immense satisfaction à la fin de chaque niveau réussi tant l’épreuve était relevée.

Level 5/5

La faute à un level design dantesque réalisé par les studios derrière Ghostrunner. À quelques exceptions près, vos morts vous seront entièrement imputables. Les phases de plateforme ne laissent pas beaucoup de place à l’erreur et échouer plusieurs fois au même endroit devra vous mettre la puce à l’oreille quant à votre capacité à appréhender au mieux ces obstacles. Le titre édité par All In Games et 505 Games réussit également à constamment se renouveler. De nouveaux pièges feront leur apparition et des adversaires encore plus féroces viendront vous mettre des bâtons dans les roues – mention spéciale à ces satanés porteurs de boucliers énergétiques – à chaque chapitre, nous forçant à changer notre manière de jouer et notre façon de nous déplacer dans les niveaux. Les wall runs et l’utilisation frénétique de notre grappin – qui vous ouvrira de nombreuses perspectives d’approche après son obtention – se verront vite devenir nécessaire pour pouvoir progresser au mieux sans nous faire one shot et nous serons constamment challengé par de nouvelles mécaniques aussi brillantes les unes que les autres, notamment par le biais de pouvoirs spéciaux.

Distillés au fur et à mesure de notre progression, ceux-ci nous permettront de pouvoir stopper le temps pour trancher un adversaire instantanément ou de créer une tempête d’énergie pour repousser une rafale de balle. Leur utilisation consommera une barre de stamina qui se remplira petit à petit après chaque action de notre part et se cumulera même après votre mort. Un moyen intelligent pour permettre au joueur d’utiliser l’une de ces capacités dévastatrices pour se sortir d’un mauvais pas après plusieurs échecs. Celles-ci seront également bonifiées grâce à un menu d’amélioration un peu étrange. Représentées par des formes géométriques qui rappelleront à tout le monde le jeu Tetris, elles rajouteront à nos capacités spéciales quelques bonus appréciables, si et seulement si vous avez assez de place sur votre grille pour les placer. Sans grand intérêt ludique, ce petit menu nous empêchera le plus souvent de combiner plusieurs bonus et nous forcera à nous contenter de peu par manque de place.

Ninja gadin

Malgré ce petit accroc, Ghostrunner a tout d’un grand jeu, mais il sera cependant difficile de vous le conseiller sur Switch. Il souffre en effet de trop de maux sur la console hybride de Nintendo qui viennent gâcher à plusieurs reprises l’expérience de jeu. Du côté de la technique, cela tenait pourtant la route. C’est moche, oui, ça tourne à 30 images par seconde, effectivement, mais ça reste jouable. Non le bât blesse plutôt du côté du confort de jeu manette en main. Dès les premières minutes, j’ai dû me rendre dans les menus pour chercher un nouveau mapping des touches, car celles par défauts étaient tout sauf agréables. Si ce premier point reste totalement subjectif – et il faut louer l’effort effectué par les développeurs du jeu pour permettre plusieurs options d’ergonomie dans les menusforce est de constater qu’il n’est pas aisé de jouer à Ghostrunner à la manette. Pire, il est parfois handicapant de ne pas avoir la précision d’une souris sur certains passages du jeu comme ceux où l’ont doit viser certaines cibles avec des shurikens en étant chronométré.

Dans le même ordre d’idée, les passages dans le monde virtuel de l’Architect sont proches de l’injouable à cause d’une résolution, pourtant de 720p, non suffisante pour se repérer dans cet abime de textures bleutées. Dommage tant les propositions artistiques proposées lors de ces moments de respiration semblent dévoiler de nombreux plans visuels de haut vol lorsque le jeu tourne sur une machine plus puissante. Frustrant donc de ne pas savoir si ce portage de Ghostrunner sur Switch est une bonne idée ou non pour les amateurs de bon jeu d’action au vu des nombreuses concessions consenties pour en profiter.

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Un excellent jeu, sur la mauvaise console
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Dans le même ordre d'idée, les passages dans le monde virtuel de l'Architect sont proches de l'injouable à cause d'une résolution, pourtant de 720p, non suffisante pour se repérer dans cet abime de textures bleutées. Dommage tant les propositions artistiques proposées lors de ces moments de respiration semblent dévoiler de nombreux plans visuels de haut vol lorsque le jeu tourne sur une machine plus puissante. Frustrant donc de ne pas savoir si ce portage de Ghostrunner sur Switch est une bonne idée ou non pour les amateurs de bon jeu d'action au vu des nombreuses concessions consenties pour en profiter.

Si vous voulez jouer à Ghostrunner et que vous avez une autre console que la Switch ou – encore mieux – un bon PC, il semble plus judicieux de vous le procurer sur ces précédentes plateformes. Ghostrunner est en effet un excellent jeu qui mérite qu’on le découvre sous son meilleur jour, muni de ses plus beaux atouts. La Switch n’est clairement pas capable d’offrir un écrin à la hauteur du titre édité par All In Games et 505 Games. Malgré tout, si la dernière console de Nintendo est votre seule option pour vous y lancer, cette version rabotée fera tout de même l’affaire malgré de lourdes limitations techniques et ergonomiques.

Pros

  • Un level design presque parfait
  • De l’action qui prend aux tripes
  • Les doublages anglais de bonne facture
  • Du challenge en continu
  • Un scénario qui se laisse découvrir
  • Jouable aussi bien en mode portable qu’en docké malgré de nombreuses concessions graphiques

Cons

  • Une prise en main à la manette pas évidente
  • Un menu des augmentations qui se complique la vie pour pas grand-chose
  • Les niveaux de l’Architect, graphiquement a la limite de l’acceptable.
  • Certains passages du jeu sont clairement faits pour être joués avec une souris
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Ducksan
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La légende raconte qu'il est tombé dans le puit sans fond des jeux indépendants quand il était petit. Elle rajoute qu'une fois remonté, il plongea malencontreusement dans le puit du voisin d'à côté, celui de la collectionnite aigüe pour les versions boîtes de jeux Nintendo Switch.