Dicey Dungeons, dés hauts sans débat – TEST

dicey dungeons 2020 nintendo switch
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Je l’ai écrit dans mon premier test rédigé pour Switch-Actu : malgré quelques exceptions notables – la dernière d’entre elles étant le formidable Hades, je reste quelqu’un d’assez hermétique au genre du rogue-lite. Parce que je n’aime pas recommencer à zéro à chaque fois dans des titres à la difficulté punitive. Pourtant, Dicey Dungeons, d’abord sur PC l’an dernier mais surtout sur Switch depuis une semaine, a su conquérir mon petit coeur. Pourquoi ? Si je vous le disais tout de suite, les paragraphes à suivre ne serviraient à rien : embarquez donc avec moi pour un aller simple dans les donjons vicieux de Lady Aléa.

Les dés sont jetés

Un aller simple oui, car, contrairement à ce que son nom indique, Lady Aléa n’est pas du genre à laisser faire le hasard et va tout essayer pour rendre la vie dure à vos personnages, des humains transformés en dés. Ceux-ci essaient de participer à une émission dans laquelle ils doivent sortir vainqueurs de donjons pour, peut-être, avoir une chance d’obtenir ce dont ils rêvent le plus au monde. Comme vous pouvez vous en douter, les dés sont littéralement pipés et vos héros vont devoir se battre pour espérer revoir la lumière du jour. Cette histoire, qui est toujours contée avec un humour certain, permet d’offrir une vraie progression dramatique au jeu, qui possède un début et une fin, ainsi qu’une répartition plus classique en niveaux : si ceux-ci, rogue-lite oblige, sont générés procéduralement, ils possèdent malgré tout des règles fixes qui nous permettent de savoir – plus ou moins – où nous mettons les pieds à l’avance. Ni les amateurs du genre, ni les nouveaux venus ne se sentiront exclus par le titre, et c’est déjà un bel exploit accompli par Terry Cavanaugh, son créateur.

Ce dernier n’a d’ailleurs pas, contrairement à ce qu’il avait fait sur ses jeux précédents (VVVVV et Super Hexagon), créé l’enrobage visuel de Dicey Dungeons : après quelques essais peu concluants, il a fini par décider de confier les illustrations de son œuvre à l’artiste américaine Marlowe Dobbe, qui lui a donné des airs de livre pour enfants interactif, avec des héros et ennemis très colorés, pratiquement sans traits. C’est toujours un plaisir de rencontrer l’un des cinquante-cinq ennemis du jeu, dont on devine immédiatement la personnalité à travers le design, et qui devraient vous faire lâcher de nombreux sourires : vous pourrez d’ailleurs, en complétant des défis, en découvrir plus sur chacun, dans de très drôles descriptions. Composée par la musicienne Chipzel, la musique  n’est pas en reste : malgré un nombre de pistes un peu trop restreint, la chiptune déroulée par le jeu nous immerge totalement dans son ambiance décalée, tout en nous offrant quelques moments de bravoure – par exemple lorsqu’on achève un ennemi sur le fil, au son de Step Right Up.

Le dessous des cartes

La plastique est donc réussie ; qu’en est-il du gameplay ? La boucle principale de celui-ci est simple : vous entrez dans un des niveaux (appelés ici “épisodes”) et devez arriver jusqu’au sixième étage, qui contient un boss à occire. Les étages sont générés procéduralement, donc, mais quelques règles sont toujours respectées : un certain nombre de coffres et de vie, notamment, ce qui vous permettra d’établir une stratégie globale pour ne pas tomber au combat. Tous les monstres que vous rencontrerez pourront être tués pour gagner d’importants points d’expérience, mais vous pourrez, si vous le voulez, foncer tête baissée vers la fin, au risque d’arriver devant le boss final avec trop peu de points de vie ou d’équipement. Enfin, je parle d’équipement, mais il serait sans doute plus avisé d’employer le mot “cartes” : car, oui, Dicey Dungeons est bel et bien un jeu de deck building, qui vous demandera de placer les cartes les plus efficaces et, surtout, les plus cohérentes avec votre stratégie dans les six cases à votre disposition.

L’une des bonnes idées du jeu est que cette stratégie variera fortement entre chaque “épisode” : comme dit précédemment, les règles de chacun d’entre eux diffèrent et vous obligeront à ne jamais sombrer dans la routine. Tantôt les ennemis auront 10% de PV en plus, ce qui vous obligera à taper plus fort, tantôt vous perdrez 2 PV à chaque fois que vous gagnez un niveau, ce qui vous incitera à ne pas tuer tous les ennemis : jamais deux niveaux ne seront similaires et l’envie de tous les enchaîner sans s’arrêter nous prend rapidement. Même au sein d’un seul épisode, vous devrez parfois faire évoluer drastiquement votre stratégie (offensive, défensive, basée sur les altérations d’état…) au fur et à mesure que votre équipement s’enrichira : certaines cartes vous demanderont des dés impairs, d’autres des dés dont la valeur n’est pas inférieure à trois… À vous de faire en sorte que la chance soit de votre côté, même si le tirage peut parfois faire évoluer un duel serré en faveur de votre adversaire : l’importance de la chance est cependant bien moindre que ce que le titre du jeu ne pouvait le laisser craindre.

Six sots

Les six personnages que Dicey Dungeons vous donne le choix d’incarner (le Guerrier, le Voleur, le Robot, l’Inventrice, la Sorcière et le Fou) permettent aussi de rajouter une couche de complexité et de variété dans le jeu : en effet, chacun d’entre eux disposera d’un gameplay radicalement différent. Le Guerrier, parfait pour se faire la main, joue plutôt sur le bourrinage pur ; le Voleur retourne les armes des adversaires contre eux et utilise bien les cartes “à décompte” ; le Robot lance ses dés selon une barre de calcul qui ne doit jamais déborder (pensez au principe du Blackjack) ; l’Inventrice transformera à chaque tour l’une de ses cartes en gadget ; la Sorcière dispose d’un grimoire de sorts, chacun attribué à une valeur précise ; enfin, le Fou dispose d’un éventail de compétences qui changent à chaque tour selon un ordre prédéfini.

Tout cela peut sembler complexe sur le papier, mais l’on apprend vite, que ce soit via de rapides didacticiels et par la pratique, quelle est la stratégie globale à adopter avec chacun des personnages. Qui plus est, chacun d’entre eux dispose d’une difficulté propre, qui grandira au fur et à mesure que l’on complète ses épisodes : cela permet à Terry Cavanagh de nous proposer une courbe de difficulté bien dosée mais adaptative, tout en préférant nous faire apprendre par la réussite que par l’échec. Même si le jeu reste assez difficile, je ne me suis jamais cassé les dents dessus au point d’en ressortir dégoûté : les parties restent assez courtes et il est même possible, via un rapide retour à l’écran titre, de recommencer un combat en cas d’erreur (bien qu’il faille savoir reconnaître une cause perdue). En plus d’être un jeu beau et doux aux oreilles, Dicey Dungeons est donc d’une rare intelligence dans la construction de son gameplay, qui sait utiliser son “high concept” de toutes les manières possibles. Et qui offre à la console hybride de Nintendo sa meilleure version, grâce à l’utilisation de l’écran tactile.

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Dés hauts sans débat
  • Vraiment dé-mentiel - 90%
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Vraiment dé-mentiel

Formidablement malin, sachant détricoter son concept pour toujours nous proposer quelque chose de nouveau, magnifique à regarder et à écouter, Dicey Dungeons est une véritable petite friandise que l’on dégustera pendant trente heures avec un immense plaisir. Qui plus est, le jeu de Terry Cavanagh semble avoir été pensé pour la Switch : grâce à la portabilité de la console et à l’écran tactile , vous avez devant vous la meilleure version de ce titre atypique qui devrait rapidement gagner sa place dans votre ludothèque virtuelle.

Les +

  • Superbe
  • Beaucoup d’humour
  • Une bande-son que l’on prend plaisir à écouter et réécouter
  • Parfait pour de petites sessions de jeu, jamais lassant sur des longues
  • Un gameplay intelligent et varié
  • Les avantages du rogue-lite sans les contraintes

Les -

  • Quelques personnages un peu moins intéressants à jouer
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lunapolitana
1518 articles

Fan de consoles Nintendo et de jeux japonais depuis que je suis en âge de tenir une manette. Si je ne suis pas dispo, c'est probablement que je visite un parc Disney.