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Olija : un ovni moderne de l’action-aventure en 2D ! – TEST

Initialement annoncé pour l’automne 2020 – lors du Devolver Direct du mois de juillet 2020, Olija est finalement sorti le 28 janvier 2021 (crise du Covid-19 oblige) sur PC, PlayStation 4, Xbox One et Nintendo Switch. Ce jeu d’action-aventure en 2D est développé par Skeleton Crew Studio et édité par Devolver Digital (notamment éditeur de Fall Guys, Carrion, Card Shark, My Friend Pedro, The Messenger, Reigns, et bien d’autres jolies licences en tout genre). Bref, autant d’éléments qui laissaient penser qu’Olija pouvait être une belle surprise ! Maintenant que j’ai pu prendre la version définitive du jeu en main, qu’en est-il réellement ? Vous le saurez en lisant ce test ! Bonne lecture.

Durant les premières minutes de jeu, je dois vous avouer que l’on ne saisit pas tout à fait ce que le jeu cherche à nous raconter. L’histoire nous place dans la peau de Faraday, Seigneur d’un village de pauvres pêcheurs, qui ne supporte plus la misère endurée par son peuple. Il décide donc de prendre le large sur son vieux navire, accompagné de ses hommes pour tenter de renflouer les caisses. Cependant, après plusieurs semaines en mer, une énorme tempête fait rage et provoque le naufrage de leur navire. Inerte, Faraday sombre dans les profondeurs de l’océan, désormais séparé de son équipage. À son réveil, le voilà échoué sur le rivage d’une contrée étrange et hostile : Mangemonde. En progressant dans une grotte, il finit par trouver une boussole qui lui indique l’existence d’un harpon légendaire, puis il se fait attaquer par un monstre qu’il parvient à semer dans une chute qui le conduit de nouveau à perdre connaissance. Il retrouve ses esprits à bord d’une petite barque dirigée par un vieux monsieur qui va l’emmener jusqu’à Rade-Marée, un petit village à l’abandon dans lequel subsiste une poignée de survivants désespérés. À partir de ce moment-là, le joueur se lance à la recherche du harpon légendaire dont l’image lui a été projetée par la fameuse boussole, avec ce vieux monsieur et sa barque en guise de chauffeur.

Un pitch pour le moins étrange qui, je dois l’avouer, m’a légèrement désarçonné durant les premières dizaines de minutes de jeu. Mais c’était sans compter sur ce que le jeu avait à proposer par la suite…

C’est fou ce que l’art pond à l’aide d’un simple harpon !

Une fois cette introduction terminée, nous sommes très rapidement amenés à naviguer vers différents lieux à l’aide d’une carte qui recense les destinations disponibles dès le début du jeu. Cette liste de destinations s’étoffera au fur et à mesure de l’aventure, lorsque nous mettrons la main sur de nouveaux morceaux de carte du monde.

Après quelques dizaines de minutes de progression, Faraday trouve une rapière, puis le fameux harpon légendaire ! C’est à partir de là que le jeu dévoile son plein potentiel. Olija est un jeu d’action-aventure dans lequel le joueur aura à sauter de plateforme en plateforme, combattre des ennemis et résoudre des énigmes pour avancer. Le seigneur des pêcheurs que nous sommes peut se servir de son harpon comme d’un grappin et se téléporter vers des éléments du décor ou même vers des ennemis ! En plus de ce fameux harpon, plusieurs armes secondaires sont disponibles (rapière, arbalète, etc.) pour venir à bout des opposants plus facilement, au corps à corps ou à distance. Le système de combat est assez simple, avec un seul bouton pour porter les coups, mais vient s’ajouter une mécanique de combos qui rend le tout plus profond ! En effet, si Faraday parvient à enchaîner 4 coups dans un laps de temps suffisamment court et sans subir de dégâts, le prochain coup porté sera dévastateur. Ce système invite donc le joueur à jouer agressivement sans pour autant foncer dans le tas, tête baissée. Le mélange de ces ingrédients (téléportation avec le harpon + combos) donne un résultat ultra dynamique et extrêmement jouissif manette en main ! On enchaîne quelques coups sur un ennemi, puis on lance notre harpon sur un autre pour se téléporter sur sa position, on lui envoie quelques tatanes à lui aussi avant de se téléporter ailleurs pour esquiver l’assaut d’un autre ennemi… Bref, quel pied !

À ceci s’ajoute également la personnalisation du chapeau de Faraday. En effet, une fois le bon PNJ rencontré, le jeu nous offre une dizaine de couvre-chefs différents à débloquer. En échange de composants récoltés ça et là durant notre périple, nous pouvons ainsi modifier légèrement l’apparence de notre héros en lui offrant quelques avantages supplémentaires, spécifiques en fonction du chapeau porté sur sa tête : drain de vie, attaque spéciale, etc. Si j’ai trouvé ce petit plus intéressant la première fois, je me suis vite rendu compte que cela ne serait qu’un simple gadget, pas vraiment essentiel dans la réussite de mon aventure. Pourquoi ? Parce que j’en viens à la seule véritable ombre au tableau d’un point de vue des combats : la difficulté, ou plutôt l’absence de difficulté. Déjà que vous verrez (trop) rapidement le bout de l’histoire, après moins de 10 heures de jeu, j’ai trouvé qu’Olija n’offrait que trop peu (voire pas du tout) de challenge. Les ennemis font finalement assez peu de dégâts, les boss également, et les solutions pour récupérer des points de vie sont très (trop) nombreuses. Pour vous donner un ordre d’idée : j’ai du succomber moins de 10 fois durant toute l’aventure. Une fois sur le premier boss, une fois sur le dernier et quelques fois supplémentaires, seulement via des chutes/erreurs de manipulation (trous, plateformes ratées, etc.). Enfin voilà, vous êtes prévenus : ne vous attendez pas à un jeu hardcore dans sa difficulté, bien au contraire.

Bien évidemment, comme je le disais en préambule, le jeu ne propose pas que du combat : le harpon sera également très utile pour progresser dans les niveaux, avec un système d’énigmes à résoudre et de chemins dissimulés un peu partout pour amplifier l’aspect exploration. À ce sujet d’ailleurs : au cours de notre aventure, le jeu nous propose de rechercher et de collecter un ensemble d’objets, plus précisément 40 bouteilles en verre dans lesquelles se trouvent une maquette de bateau et 10 boites à musique. Encore une fois, si cette logique de complétion est la bienvenue pour donner un peu de matière et renforcer légèrement la durée d’un jeu dont ce n’est pas le premier point fort, je regrette quand même que le jeu ne nous permette pas de continuer à chercher ses collectables une fois l’histoire terminée ! C’est bien simple : si vous tuez le dernier boss du jeu, il est vous sera IMPOSSIBLE de relancer votre partie. Attention toutefois : lorsque j’écris ces lignes, je ne sais pas encore s’il s’agit d’un problème relatif à ma version (j’ai testé Olija une grosse semaine avant sa sortie) et/ou s’il sera corrigé une fois le jeu accessible à toutes et tous.

Maintenant que nous avons fait le tour de la question niveau gameplay, je vous propose de parler de la dimension artistique du jeu, qu’elle soit écrite, visuelle ou sonore.

L’as de trèfle qui pixel ton coeur ?

Ce n’est un scoop pour personne : après avoir occupé tout l’espace visuel dans le jeu vidéo durant de longues années — par contrainte technique, le pixel-art s’est de nouveau offert une place de choix dans les productions vidéoludiques indépendantes ces dernières années. Et bien Olija n’échappe pas à la règle : si le style visuel du jeu pourra en faire fuir certains qui n’y verront qu’une “purée de pixels”, force est de constater que le jeu dispose d’une vraie promesse et cohérence artistique dans son traitement. Personnellement, si je reconnais la qualité et le travail derrière tout ça, je dois vous avouer que c’est avant tout la palette de couleurs choisie qui ne m’a que partiellement conquis. Pour vous donner un exemple : la vision du pixel-art d’un Dead Cells (couleurs plus chaudes notamment) me parle beaucoup plus que celle d’un Olija, mais ce n’est pas pour autant que cela fait de ce dernier un échec visuel ! Je ne vous apprends rien si je vous dis que tous les goûts sont dans la nature. Libre à vous de vous forger votre propre opinion sur la question. Une chose est sûre cependant : si vous n’êtes pas partisan du pixel-art ou que vous en avez eu votre dose, Olija ne sera pas pour vous. Oui oui, j’enfonce des portes ouvertes dans le plus grand des calmes, mais c’est pour votre bien.

Si l’on se concentre ensuite sur la bande son du jeu, je l’ai personnellement trouvé très réussie, parfaitement cohérente avec l’atmosphère et le récit qui en découle. Des airs remplis de mélancolie, teintés de Flamenco, de lo-fi et de musique japonaise traditionnelle — pour reprendre les expressions de Thomas Olsson, développeur principal d’Olija, qui a composé la majorité des musiques proposées dans le jeu. N’étant pas une référence critique sur les bandes originales de jeu vidéo, je ne me permettrais pas d’aller beaucoup plus loin dans l’analyse, par peur de vous servir un tas d’absurdités, mais je peux vous dire que cette bande son nous immerge comme elle se doit de nous immerger dans une œuvre vidéoludique digne de ce nom.

Enfin, du côté de la narration, Olija fait globalement un sans faute avec de courtes lignes de dialogue servies avec parcimonie, qui nous permettent de suivre le propos sans jamais vraiment comprendre exactement de quoi il est question. Mais ce n’est pas quelque chose d’étonnant en soi lorsque l’on comprend que le message du jeu se veut abstrait, philosophique, comme en témoigne la manière dont il est présenté par ses propres équipes de développement :

Inspiré par les aventures cinématiques et les contes de cape et d’épée, Olija est une histoire sur les dangers que représente l’inconnu quand on doit faire face à l’adversité.

En plus de l’objectif initial de Faraday qui est de retrouver son équipage et de remettre le cap vers son village de pêcheur, le protagoniste va tisser une relation particulière avec une princesse du nom d’Olija. Je ne vous en dis pas plus pour conserver le plaisir intact, mais toujours est-il que je me suis fait une remarque instinctive en découvrant ce personnage secondaire : nous sommes, comme dans le cas de Zelda, face à un jeu qui a décidé de porter le nom et donc d’accorder une importance toute particulière à un personnage qui n’est pas incarné par le joueur en tant que tel ! Si l’on va plus loin dans le raisonnement, il se pourrait que les gens appellent mécaniquement le personnage principal Olija plutôt que Faraday, donnant ainsi naissance à un joli running gag, comme c’est déjà le cas avec ce pauvre Link. Mais pour cela, encore faudrait-il qu’Olija devienne un classique du jeu vidéo ! Ce que je lui souhaite, bien entendu. Sur ce point, ce sera à vous de trancher (ou de harponner, comme vous voulez).

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Olija : un ovni moderne de l'action-aventure en 2D ! – TEST
  • Un jeu indépendant qui mérite que vous mordiez à l'hameçon ! - 75%
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Un jeu indépendant qui mérite que vous mordiez à l'hameçon !

Avec son identité très forte, ses mécaniques de jeu extrêmement jouissives et son propos qui intrigue de bout en bout, Olija est sans conteste un très bon jeu d’action-aventure 2D pour toutes celles et tout ceux qui ne sont pas allergiques au pixel-art. L’aventure se parcourt de bout en bout avec une réelle fluidité et un plaisir incontestable. En revanche, il lui manque probablement un peu de richesse dans son contenu pour tenir le joueur en haleine sur une plus longue durée. Avec entre 5 et 10 heures maximum — selon l’aisance du joueur — pour faire le tour du jeu, ce jeu nous séduit, nous immerge, mais nous prive d’un plaisir que l’on voudrait plus étendu. Plus durable. Quoi qu’il en soit, au prix de 14,99 € sur le Nintendo eShop, il vaut tout de même clairement son pesant d’or !

Les +

  • Des mécaniques de gameplay super intéressantes…
  • Un système de personnalisation de chapeau qui fonctionne bien…
  • Un univers avec une vraie identité, très marquée.
  • Une narration savamment mesurée.
  • Des combats on ne peut plus dynamiques !

Les -

  • … Bien que le jeu aurait pu pousser davantage les énigmes !
  • … Même si, là encore, on aurait aimé en voir plus !
  • Une durée de vie très (trop) courte
  • Un manque de challenge
  • Impossible de poursuivre une partie terminée pour le 100% ?
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Nastowan
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