Ces dernières années, Prince of Persia a bénéficié d’un regain d’attention plus qu’appréciable de la part d’Ubisoft. Alors que le studio français nous graciait l’année dernière de l’excellent The Lost Crown et qu’un remake des Sables du Temps est toujours en cours de préparation, c’est The Rogue Prince of Persia qui nous intéresse aujourd’hui. Un détail néanmoins, le jeu est certes édité par Ubisoft mais développé par Evil Empire à qui nous devons notamment l’excellent Dead Cells. Prince of Persia prend alors un tournant rogue-lite où la persévérance sera votre meilleure alliée : mélange de genres raté ou mariage heureux, voyons cela dès maintenant ! À noter que ce test a été effectué sur Switch 2.
Tant va le Prince à l’eau…
Comme nous venons de le mentionner, The Rogue Prince of Persia est un rogue-lite dans lequel le Prince poursuivra un objectif : abattre Nogaï, le chef de l’armée des Huns qui viennent d’attaquer la Perse et de la mettre à feu et à sang, dispersant la famille du Prince aux quatre coins du royaume. Ainsi, chacune de vos runs vous fera partir de l’Oasis, hub à partir duquel vous pourrez vous préparer avant de partir à l’assaut de différents biomes remplis d’ennemis et de pièges.
Pour affronter ces derniers, le Prince est équipé d’une arme principale, d’un outil (une arme faisant moins de dégâts mais bien utile) et de médaillons qui octroient divers bonus comme une attaque renforcée ou des effets supplémentaires (brûlure, vase, poison…). Plus la run avance, plus vous mettez la main sur des médaillons, des armes, des bonus de santé et autres améliorations qui seront indispensables pour atteindre Nogaï et triompher de ses armées. Un petit reproche que je ferais sur ce point est que, sur le fond, nous ne disposons que d’un contrôle très limité sur notre build, notamment sur les médaillons qui le composent. S’il est possible d’échanger son arme à plusieurs reprises, il est plus rare de pouvoir construire un ensemble cohérent de médaillons, certains se mariant mieux entre eux qu’avec d’autres. On pourrait se dire que cet aspect fait partie intégrante de la difficulté du jeu mais il ôte une dimension plus stratégique qui aurait pu être intéressante pour optimiser ses parties.



Comme dans tout rogue-lite et rogue-like qui se respecte, la mort n’est jamais loin : sans être aussi exigeant que certains représentants du genre, The Rogue Prince of Persia demandera néanmoins une vigilance de tous les instants. On enchaîne les phases de parkour parfois truffées de dangers qui sanctionneront la moindre petite erreur et des sections moins complexes mais où les ennemis se chargeront de ralentir votre progression : si on peut saluer les nombreux types d’ennemis différents, chacun avec son pattern précis, j’ai trouvé que le jeu souffrait parfois d’un manque de lisibilité qui conduit fréquemment à perdre de précieux points de vie.
Quand ces derniers arrivent à zéro, vous êtes renvoyés illico à l’Oasis et vous êtes bons pour tout recommencer… ou presque car n’oublions pas que nous parlons d’un rogue-lite ! Ceci implique que d’une run à l’autre, le Prince se renforce, notamment en gagnant des points de compétence qui vous permettront de débloquer des bonus comme, entre autres, la possibilité de ressusciter une fois et donc d’avoir une seconde chance pour reprendre votre run.



Maze of Persia
On meurt souvent dans The Rogue Prince of Persia. On pourrait dire que j’enfonce une porte ouverte en évoquant cet aspect dans un rogue-lite mais c’est pour mieux célébrer la capacité du titre d’Evil Empire à renouveler le plaisir à chaque run. Au-delà de stimuler un désir de victoire naturellement ancré en nous, The Rogue Prince of Persia rend chaque run plus ou moins unique grâce à la génération procédurale qui change subtilement chaque biome que nous traversons. Le tracé ne sera jamais tout à fait identique entre une carte modifiée et des points d’intérêt dont la nature et la localisation vont également être amenées à changer. En somme, on échappe à la lassitude tout en préservant une part d’inattendu à chaque run, d’autant que de petits évènements aléatoires surviennent également de temps à autre !
Explorer chaque biome est donc essentiel, d’autant plus que l’intrigue du jeu nous propose plusieurs objectifs secondaires qui rendent la progression plus intéressante que de simplement foncer en ligne droite pour aller flanquer une raclée à Nogaï. D’ailleurs, il existe plus de biomes que d’étapes nécessaires avant de parvenir au boss final : il arrivera d’atteindre Nogaï sans avoir visité certaines zones comme l’Académie des Astres ou la Tour de l’Oubli alors que ces derniers renferment quêtes secondaires et bonus qui pourront grandement vous simplifier la tâche au cours de votre run.
Je regrette cependant que les quêtes secondaires soient si étrangement organisées : chaque quête est divisée en petites étapes que vous pouvez retrouver sur une carte mentale et il m’est arrivé de compléter une étape avant la précédente Néanmoins, le jeu ne le prend pas complètement en compte, ce qui occasionne quelques incohérences dans la narration secondaire et blocages que l’on ne comprend pas vraiment. Dommage car ces quêtes ont le mérite d’étoffer joliment l’intrigue du jeu en se concentrant sur la famille du Prince.
Visiter les biomes, affronter des monstres, échouer, recommencer, encore et encore : The Rogue Prince of Persia est avant tout une question de persévérance et de curiosité. Le jeu parvient à instiguer un sentiment de montée en puissance absolument grisant que l’on retrouve dans un très bon rogue-lite. Des épreuves qui nous paraissaient insurmontables deviennent une promenade de santé, à force d’apprendre les patterns des ennemis et des boss et à stimuler notre esprit d’anticipation. Notons cependant que The Rogue Prince of Persia propose plusieurs modes de difficulté et corsera l’épreuve à mesure que vous complétez les runs en ajoutant des malus de plus en plus cruels mais qui, encore une fois, donnent encore plus envie de triompher du jeu.



C’est une bossa rosa
Quand le jeu a été annoncé pour la toute première fois, plusieurs interrogations ont été soulevées. Une formule rogue-lite pour une série légendaire ? Un jeu en early-access ? Un Prince à la peau rose ? Ce dernier point a été particulièrement débattu pendant la période d’early-access du jeu sur PC, certains reprochant une direction artistique trop stylisée et éloignée de ce à quoi la série avait habitué les joueurs. Comme l’avaient déclaré eux-mêmes les développeurs, l’art est subjectif et les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Justifiées ou non, ces critiques ont amené Evil Empire à apporter une large mise à jour artistique avec des décors plus détaillés, plus colorés et un Prince retrouvant une carnation plus humaine.
Peu importe ce que l’on pensait de la première version, les visuels actuels sont splendides, comme un roman graphique avec une identité artistique clairement revendiquée et qui a le mérite de nous proposer une aventure visuellement unique. Chaque biome se distingue par une architecture et une palette de couleurs propres en plus d’une ambiance musicale spécifique qui donne un véritable sentiment de changement d’une étape à une autre sans forcément créer un sentiment dissonant. Certains jeux ont en effet tendance à proposer des zones trop différentes les unes des autres pour créer un ensemble cohérent mais The Rogue Prince of Persia évite habilement cet écueil tout en sachant se renouveler dans ses environnements.
Conclusion - Le Prince rogue sur la vague du succès
Le moins que l’on puisse dire est que Prince of Persia s’ouvre à un public de plus en plus large. The Lost Crown est une lettre d’amour aux amateurs de metroidvania tandis le futur remake des Sables du Temps parlera aux nostalgiques. Quant à The Rogue Prince of Persia, disons qu’il séduira sans aucune difficulté les fans d’Hades à la recherche d’un univers différent. Si vous êtes davantage Perse que Grèce antique, alors The Rogue Prince of Persia est fait pour vous : un défi corsé, une excellente direction artistique, un gameplay rempli de bonnes idées, tous les ingrédients sont là pour passer un excellent moment.
- Un gameplay grisant…
- Un défi corsé tout en restant accessible
- Un véritable sentiment de montée en puissance
- Une direction artistique forte et cohérente
- Chaque run change
- … qui aurait gagné à laisser plus de contrôle au joueur
- Des quêtes secondaires bizarrement structurées
- Parfois peu lisible en pleine action

