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Sifu, le “revenge-movie” imparfait – TEST

J’adore les films d’arts martiaux. Vraiment, c’est mon petit plaisir coupable. J’ai des souvenirs de moi plus jeune, me mettant en intraveineuse Karaté Kid, Ong-Bak, les grands classiques de Jackie Chan ou encore Bruce Lee pendant des heures et des heures. Et je dois reconnaître que je suis plutôt satisfait de voir le regain de popularité de ce genre à travers des films comme Shang-Chi ou l’excellentissime Everything Everywhere All At Once (Michelle Yeoh, véritable reine du genre). Niveau jeux vidéo, si on a beaucoup de jeux bien bourrins, je dirais que ça manque d’un petit beat-them-all avec une véritable ambiance et identité dans la veine du film traditionnel d’art martial, ou le personnage n’est là que pour chercher la vengeance. Enfin, je dis que ça manque, je devrais plutôt dire « ça manquait », car cette année, une véritable lettre d’amour à ce genre est arrivée, elle cette lettre s’appelle Sifu. 

On fait comme les films…

Les premières minutes de Sifu sont claires : on est dans du pur « revenge movie ». Pour le tuto, nous incarnons le grand méchant de cette épopée, qui tue Sifu, le père du personnage principal (ne vous inquiétez pas, ceci n’est pas un spoil). Pour ne pas faire de témoin, notre méchant qui se prénomme Yang, à l’allure très « dark sasuke » fidèle aux clichés du genre, ordonne à l’un de ses sbires d’abattre son fils (le personnage principal). Sauf que notre personnage avait en sa possession un petit médaillon, qui lui permet de ressusciter à chaque fois qu’il est tué avec comme seule contrainte de prendre un petit peu d’âge. Je vous parle de ce médaillon, car il est essentiel dans la boucle de gameplay de Sifu, mais nous y reviendrons plus tard. L’enfant va donc passer son temps à s’entraîner jusqu’à ses 20 ans, ou il commencera sa quête vengeresse : tuer Yang et ses acolytes. 

Autant le dire directement, vous ne jouerez pas à Sifu pour la profondeur de son récit. Parce que ce n’est vraiment pas très profond : on ne questionne pas l’usage de la violence, ni de l’absurdité de la vengeance, on est là pour mettre de sacrées mandales. Et c’est pas plus mal, car Sifu ne se surcharge pas d’un récit, de dialogues à outrance ou de cinématiques pour faire parler au maximum son gameplay : c’est sa promesse et il la tient bien.

Une chose est sûre, lorsqu’on lance le jeu : on est immédiatement happé par son ambiance. Le jeu se déroule en Chine et le studio français Sloclap était vraiment bien inspiré. Bon, je ne suis pas un expert ni de l’architecture chinoise, ni de la culture asiatique, mais en traversant les différents décors et niveau du jeu, je me suis étrangement senti à la maison. Parce que ces divers décors, je les avais déjà vus en film. Entre la scène du couloir ultra référencé à Old Boy, ou la scène de la boîte de nuit qui m’a directement fait penser à Keanu Reeves dans John Wick, j’ai découvert des choses tout en ayant une curieuse mais agréable sensation de déjà-vu. 

Mais plus que ça, Sloclap a su maîtriser le changement d’ambiance d’une main de maître. C’est rarement évident d’alterner entre réalisme et fantastique, et Sifu le fait bien. À chaque niveau sa dose de folklore à laquelle on ne s’attend pas et qui surprend toujours. Mais ces changements ont un prix, et c’est celui de la compréhension. Pendant l’entièreté du jeu, je ne comprenais pas si ces phases fantastiques étaient une image rémanente issue de l’esprit de mon personnage ou tout simplement de la réalité du jeu et de son univers, et sachant que le jeu est volontairement avare en information, c’est une question qui ne trouvera pas de réponse. 

…et on rajoute du gameplay bien sûr. 

Arrêtons de nous tourner les pouces et parlons un peu castagne, car c’est le cœur du sujet quand on parle de Sifu. Après des heures de jeu, autant sur PS5 que sur Nintendo Switch, je dois avouer que je ne sais pas si j’apprécie le système de combat de Sifu ou non. Déjà, il faut vous le dire : Sifu est difficile. Vraiment. Même en mode facile, vous allez finir par ne plus compter le nombre de fois où vous êtes morts. Le jeu n’est pas clément avec vous et les ennemis ne vous attendront pas et vous attaqueront sans relâche (on finirait presque par regretter Assassin’s Creed et les ennemis qui font la queue pour se faire occire). Si bien que même avec des réflexes en béton, c’est presque mission impossible de ne pas se prendre quelques coups de tatane. 

Le système de combat est précis, très exigeant et surtout, il n’est pas avare en possibilités. Beaucoup de combos, de compétences que vous serez amené à débloquer permettront de diversifier le gameplay assez rapidement et d’augmenter drastiquement le champ des possibles quand vous serez en combat. Sans compter les différentes armes que vous trouverez au fil du temps et qui permettront aussi de changer votre manière d’appréhender les environnements. Mais ce système de combat à un prix : la précision extrême et l’exigence ne plairont pas à tout le monde, ou ne donneront pas la liberté à ceux qui ne peuvent pas donner beaucoup de temps à Sifu de s’exprimer du mieux possible.

Parce qu’entre les combos qui demandent de faire collaborer votre joystick en même temps que les touches, c’est bien, mais quand il y en a beaucoup, c’est difficile de faire rentrer ça dans notre tête pour que ça devienne des réflexes moteurs. Pendant tout le long de mon aventure, je n’ai fait qu’oublier les différents combos envisageables, et je suis retourné très régulièrement dans le menu pour retrouver comment les faire. Je pourrais penser que c’est moi le souci, et que je n’ai malheureusement pas la capacité de retenir tout ça, mais quelques semaines après Sifu, j’ai fait God Of Car Ragnarök, qui lui n’ont plus n’est pas avare en combo et je n’ai rencontré quasiment aucun souci. On peut également noter le Joy-Con qui n’aide pas, privilégier la Manette Pro

Même son système d’esquive est difficilement compréhensible. Et après plusieurs runs, sur deux consoles différentes, je n’ai toujours pas réussi à saisir comment il fonctionnait. Des fois, j’y arrive sans soucis, parfois non et je ne sais toujours pas pourquoi. Alors je m’arrête là, je ne veux pas vous faire croire que Sifu est injouable, car il reste agréable à prendre en main. Mais il aurait très largement gagné à être plus accueillant dans sa manière d’enchaîner certaines attaques et combos, parce que les animations de leur côté ne fléchissent jamais et sont toujours un régal pour les yeux. 

J’en ai parlé en première partie, laissez moi revenir plus en détail sur cette histoire de médaillon. Sifu se présente un peu comme un rogue-lite, vous pouvez mourir, vous allez mourir et accumuler du savoir et parfois de l’expérience pour continuer à progresser dans le jeu. Mais la mort n’est pas immédiate. À chaque fois que votre jauge de vie tombe à zéro, vous revenez exactement où vous êtes tombé. Mais plus vieux. Vous gagnez 1 an à la première mort, puis après votre âge augmente proportionnellement à votre nombre de morts. Si vous soufflez vos quatre-vingtième bougies pendant un combat, c’est terminé pour vous, il vous faudra recommencer le niveau. À chaque décennie qui passe, les dégâts de notre personnage augmentent tandis que sa santé diminue. Ce système, aussi original soit-il, ne semble jamais trouver d’équilibre. En mode normal, il est bien difficile d’aller au bout du jeu, tandis qu’en mode facile, si on ne roule pas sur le jeu, on va rapidement jusqu’à la fin sans connaître une fois le Game Over. 

Ce qui m’a posé problème, c’est cette obligation de devoir sans cesse recommencer les niveaux, pour le terminer le plus jeune possible afin de ne pas galérer pour le niveau suivant, sous peine de recommencer le niveau précédent pour essayer encore et encore de le terminer encore plus jeune. La problématique de cela, c’est que le jeu demande beaucoup d’investissement moral et physique pour le terminer en mode normal, alors que le mode facile est une véritable promenade de santé. L’équilibre n’est malheureusement pas trouvé, et c’est dommage, car dans les deux situations, je n’ai pas eu l’impression de véritablement profiter de Sifu. Alors certes, les niveaux proposent quelques raccourcis pour les finir plus rapidement si on trouve les bonnes clés ou objets dans notre environnement, mais même avec ces outils, la difficulté reste relativement élevée. 

Technique : K.O ou OK ? 

Il faut qu’on se l’avoue, techniquement, Sifu est une excellente réussite. Pour avoir fait la version PS5 à sa sortie, la version de la petite hybride de Nintendo n’a absolument pas à rougir. Les environnements sont dignement représentés et rendent hommage à la belle direction artistique du titre. Pas de clipping, d’aliasing affreux ou autre petit souci que l’on rencontre généralement sur les portages. Mais là où le jeu se doit d’être absolument parfait : c’est son framerate. Dans un jeu aussi nerveux, qui demande une concentration optimale et des réflexes de Titan, si les ralentissements sont fréquents, l’expérience risque d’en pâtir. Grand ouf de soulagement, Sifu est fluide ! Je n’ai noté qu’un lieu où le jeu toussait très sévèrement, c’est dans le jardin de notre maison, mais aucune action ne s’y déroule donc ça ne pose strictement aucun souci. Pas de 60 fps, mais un solide 30 tout au long de l’aventure, et ce, peu importe les environnements ou le nombre de vos adversaires à l’écran. C’est tout de même à souligner, un portage aussi qualitatif sur tous les aspects, qu’ils soient visuels ou techniques. Toujours traumatisé par le portage de Cloudpunk (qui est pourtant si bon), chaque portage réussi sur Switch est un véritable shot d’endorphine de mon côté depuis.

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Sifu, le "revenge-movie" imparfait.
  • Du bon, mais qui pourrait être bien mieux - 63%
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Du bon, mais qui pourrait être bien mieux

Difficile de dire si j’ai adoré Sifu ou s’il m’a frustré. Entre un système de combat tellement jouissif, mais tellement complexe et difficile à prendre en main. Des décors séduisants et des références qui ne tombent jamais dans le trop. Une idée de design comme le médaillon intéressante, mais mal maîtrisée. Sifu fait beaucoup de bonnes choses, mais semble passer à côté de certaines, et c’est ce qui sur le long terme a rendu mon expérience pénible. Je n’en garde pas un mauvais souvenir, au contraire, mais si le plaisir de vivre de l’intérieur un « revenge movie » à l’ancienne est là, j’ai le sentiment que le jeu m’a par moments gâché le plaisir d’en profiter à 100 %. 

Les +

  • Très beaux environnements
  • Un système de combat varié…
  • C’est fluide ! 
  • Excellentes animations 
  • Le système d’âge…

Les -

  • … Mais trop complexe à prendre en main
  • … qui ne trouve malheureusement pas d’équilibre dans sa difficulté 
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Jilax
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Plongé depuis ma plus tendre enfance dans le jeu-vidéo sans aucune envie de remonter à la surface. Une manette, une guitare et un match de foot du Stade Rennais suffisent à mon bonheur.

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