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No More Heroes III, Travis sans fin – TEST

Comme les joueurs qui l’ont découvert sur cette chère Wii, Travis Touchdown a vieilli : désormais âgé de trente-neuf ans, et malgré une réussite sociale qui se devine grâce au fait qu’il habite désormais sur trois étages du No More Heroes Motel, il semble ne pas savoir où mener sa barque et continue de mener sa vie de “loser magnifique“, préférant parler des films de Takeshi Miike avec son ami Bishop que de s’occuper de sa femme et de ses enfants. Une invasion extraterrestre va cependant le forcer à renfiler ses baskets et sortir son Beam Katana du placard pour mener un ultime combat : celui pour la sauvegarde de la Terre, mais surtout celle de Santa Destroy, sa ville chérie qu’il aime toujours autant.

Ghost of Santa Destroy

J’ai été autant enthousiasmé qu’inquiet de l’annonce de No More Heroes III. Même si j’ai apprécié Travis Strikes Again, il me semblait que Suda51 avait dit tout ce qu’il avait à dire sur le sujet de Travis Touchdown et qu’il était temps au “no more hero” de prendre une retraite bien méritée après deux premiers épisodes qui sont désormais cultes. La première heure de ce nouveau jeu a néanmoins tâché de me convaincre que j’avais tort, tant Grasshopper Manufacture semble sur ce titre libéré de toute convention connue de jeu vidéo, livrant dans sa narration comme dans sa présentation une œuvre que l’on pourrait résolument qualifier de postmoderne, tant elle s’amuse à recycler et détourner toutes les formes vidéoludiques et cinématographiques préexistantes. Nous avons l’habitude de l’aspect punk de Suda51, en bien ou en mal, mais ce troisième épisode est sans doute celui dans lequel il peut le mieux s’exprimer, visuellement ou dans un propos acerbe qui, sans dénoncer les apports de la culture américaine au Japon, n’hésite jamais à critiquer cette forme d’appropriation culturelle qui a vu des créateurs occidentaux assimiler une forme d’art typiquement japonaise en la “diluant” (coucou Ghost of Tsushima, c’est de toi que l’on parle).

Comme c’était le cas du premier No More Heroes (et un peu moins, malheureusement, du deuxième, qui n’avait pas été réalisé par Goichi Suda), No More Heroes III va donc passer de délire en délire, piochant çà et là de nouvelles idées pour surprendre le joueur qu’il me serait malvenu de vous spoiler, tant celles-ci ont pu provoquer chez moi l’étonnement et de franches tranches de rigolade – et, ça et là, même un peu d’émotion. Tout cela est cependant fait avec une grande bienveillance, et l’on sent que Suda51 aime au fond les œuvres qu’il n’hésite pas à critiquer. Certains n’affectionneront sans doute pas de passer du coq à l’âne de cette façon, tout en survolant chaque sujet sans daigner l’approfondir, mais on appréciera la générosité des créateurs et leur hyperactivité qui fera que l’on ne s’ennuiera jamais et que l’on finira la douzaine d’heures que nous demandera l’aventure principale avec la banane et l’impression d’avoir goûté à un produit trop rare dans le monde vidéoludique actuel. Une œuvre typiquement japonaise, qui tranche et que Nintendo a bien fait d’éditer chez nous, là où la concurrence à tendance à ne plus vouloir de ce genre d’AA typiquement japonais.

Merci Travis pour les travaux

Bon, la narration c’est bien beau, mais qu’en est-il du gameplay de ce No More Heroes III ? Après un second épisode qui abandonnait l’idée d’un “monde ouvert” (les guillemets sont importants), voici que Travis a le droit de renfourcher sa moto pour explorer son univers, en l’occurence composé de six îles distinctes reliées par une autoroute – du fast-travel entre chacune d’entre elles est aussi disponible. Cela nous permet certes de nous immerger un peu plus dans cet univers, mais la peur de retrouver le côté rébarbatif de l’exploration et des jobs du premier épisode laissait poindre. Heureusement, si les petits travaux relous (comme devoir tondre le gazon) sont de retour, ils sont entièrement optionnels et, pour être honnête, je vous recommande de les zapper entièrement : en effet, vous devrez – pour vous qualifier aux combats de boss, affronter des ennemis aléatoires (pensés comme des mini-boss) pour gagner des cristaux. Vous pouvez dès lors faire le minimum et ne gagner que les trois cristaux nécessaires, mais chaque zone comptant cinq combats aléatoires, je vous conseillerais plutôt de tous les affronter afin de gagner de l’argent, de l’expérience (matérialisée ici sous forme de cristaux violets à dépenser), mais aussi de vous entraîner à maîtriser un système de combat particulier.

Dans No More Heroes III, finis les combats contre des hordes d’ennemis faibles à affronter pendant des heures : comme l’a expliqué Suda51, le jeu compte une cinquantaine de boss. La plupart sont disséminés aléatoirement dans les combats “de qualification”, tandis que les principaux sont réservés aux “vrais boss”. Cela nous permet de ne pas perdre de temps avec des affrontements trop faciles et de ne nous confronter qu’à des ennemis à nôtre hauteur afin d’éviter d’être lassé et ennuyé. Et ça fonctionne ! Le temps jusqu’à la fin du jeu est passé à la vitesse de l’éclair et je n’ai jamais eu l’impression de grinder pour devoir augmenter mes statistiques alors que les affrontements dans les parkings de No More Heroes II (jeu qui était pourtant pratiquement deux fois moins long que celui-ci) avaient souvent eu raison de ma patience en raison de leur trop grande simplicité. Au niveau de la difficulté, d’ailleurs, No More Heroes III présente un challenge assez conséquent (en mode normal) mais pas intimidant grâce à quelques ajustements : on notera surtout la roulette qui s’affichera à chaque mort et vous permettra d’obtenir divers bonus pour le prochain combat voir de vous faire ressusciter. Celle-ci sera d’ailleurs de plus en plus lente à chaque mort de manière à ne laisser aucun joueur sur le carreau : une excellente manière d’aborder l’accessibilité qui fait tant débat aujourd’hui.

Ni clou ni Travis

Comme dans les deux premiers jeux, le système de combat prendra un peu le contrepied des beat them all (oui, je sais que No More Heroes est techniquement un “hack and slash” car le héros se bat avec une épée, mais pour moi les hack and slash c’est Diablo donc je vais continuer d’appeler ça un beat them all), en proposant un système qui jurera quelque peu avec la rapidité imposée par la concurrence en vous demandant parfois de contrer les attaques ennemies sans bouger. Cela pourra, et va, vous perturber durant les premières heures de jeu, au point où vous vous demanderez sans doute “devrais-je passer en mode facile ?“, mais ne vous inquiétez pas : tout vient à point à qui sait attendre, et vous finirez assez vite par vous y habituer. Ce nouvel épisode introduit a fortiori une nouvelle mécanique importée de la concurrence avec l’esquive parfaite qui ralentit le temps, un classique du beat them all toujours impressionnant à voir et qui récompense vos efforts de la plus belle des façons. Tous ces ajouts permettent de rendre les combats beaucoup plus fluides et sans temps mort, tout en faisant une utilisant parcimonieuse mais intelligente des motion controls.

À lire tout ça, certains d’entre vous se demandent sans doute “mais où sont les défauts ?“. Nous y arrivons. Car oui, No More Heroes III, malgré une présentation extraordinaire, malgré des animations qui collent vraiment aux design bigarrés des personnages, malgré quelques compositions musicales qui frisent le génie, malgré l’idée formidable qui est de commencer et finir chaque mission comme un épisode d’anime (avec générique de fin et de début, comme c’était déjà le cas dans Shin Sakura Taisen), le titre de Suda51 trébuche un peu visuellement, la faute à un Unreal Engine pas très maîtrisé (et peut-être pas très adapté au budget du jeu), qui est la cause de textures trop brillantes, d’un aliasing trop prononcé, et d’un monde vide dans tous les sens du terme. Nous sommes à des lieues de la maîtrise d’un Astral Chain par exemple, mais il faut néanmoins noter que les combats, et c’est le plus important, sont parfaitement fluides et ne souffrent d’aucune interruption : aucune excuse, donc, pour ne pas dégainer à nouveau votre Beam Katana et repartir dans cette nouvelle – et ultime ? – aventure.

Le petit bijou estival de la Switch
  • Le petit bijou estival de la Switch - 90%
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Le petit bijou estival de la Switch

Malgré une technique parfois bancale (mais jamais handicapante), No More Heroes III est un argument de masse dans le débat “les jeux vidéos sont-ils de l’art ?“. On sent que Suda51 et toute l’équipe s’en sont donnés à cœur joie en remplissant leur titre de bonnes idées surprenantes et hilarantes qui ne manqueront pas de vous faire lâcher un grand sourire. En plus de ça, un grand soin a été apporté à moderniser et améliorer le système de combat original, ce qui fait de ce troisième épisode le plus agréable de tous manette en main et, tout simplement, un excellent jeu d’action. Ce troisième épisode de No More Heroes est un véritable petit bijou, un chef-d’œuvre que tous les amateurs de jeux vidéo devraient essayer au moins une fois dans leur vie, même s’il divisera sans nul doute.

Pros

  • La musique du stand de sushi
  • Travis, toujours à la frontière entre héros génial et absolu abruti
  • Des combats jouissifs
  • On perd beaucoup moins de temps que dans les épisodes précédents
  • Très drôle
  • Toujours surprenant
  • Expérimental sans être pompeux

Cons

  • Souvent assez moche
  • Deux ou trois blagues un peu faciles (vous allez me dire que je suis un peu mal placé pour dire ça vu le titre du test)
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giomosby
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Fan de consoles Nintendo et de jeux japonais depuis que je suis en âge de tenir une manette. Si je ne suis pas dispo, c'est probablement que je visite un parc Disney.

tipee

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1 Commentaire
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Mickael

Salut
J hésité sur le jeu grâve
Graphiquement je m attendais à un peu mieux j avoue déjà