J’en parlais et faisais sa découverte en même temps que vous il y a un moment, me voici maintenant de retour pour vous donner mon avis sur My Lovely Daughter. Lors de l’écriture de ma news, j’avais été charmée par l’atmosphère de ce jeu et j’ai succombé en voyant la promo de lancement sur l’eShop. A la fin de ce périple éprouvant émotionnellement, vous m’en voyez finalement conquise.
Pour rappel des faits, le jeu s’ouvre sur une séquence vous expliquant que vous êtes Faust, un alchimiste se réveillant amnésique et seul dans son manoir si ce n’est pour le cadavre de sa fille dans le lit. Je vous préviens immédiatement, cette scène est à l’image du reste du jeu: en fait, cela ne fait qu’empirer. Le grimoire magique de Faust sera votre outil le plus important, n’hésitez pas à le consulter régulièrement. C’est celui-ci qui vous informera notamment que pour ressusciter votre fille vous avez devoir sacrifier des homoncules. Je vous dois quelques explications : nous allons glisser dans le technique et je vais détailler les ficelles du mode de jeu qui peut s’avérer légèrement déstabilisant aux premiers abords. Prenez mon expérience comme un crash test et tirez de mes enseignements un guide, un compagnon dans votre propre quête, croyez-moi cela vous sera utile.
Full Girly Alchemist
Tout d’abord, qu’est ce que sont que ces homoncules ? Et bien, tout simplement ce sont des êtres vivants à l’image de petites filles que vous créerez grâces à vos dons d’alchimiste. Au départ trois matériaux sont disponibles : bois, boue et eau, vous en débloquerez deux autres par la suite : viande et fer. Grâce à des combinaisons de trois ingrédients (dont deux identiques, sous peine de créer un homoncule défaillant), vous obtiendrez des filles qui auront chacune un trait de personnalité différent variant entre peur, colère, joie et tristesse. Au total, vous pourrez débloquer jusqu’à 26 filles (réutilisables) grâce à vos mélanges avec chacune une apparence différente, de quoi donner l’envie de les collectionner telles des Pokémon ! Il faudra ensuite faire monter le niveau de ces demoiselles pour finir par les sacrifier afin d’obtenir leurs âmes que vous pourrez, une fois par mois, transférer dans le corps de votre fille. Cependant, c’est un travail complexe car celle-ci possède un pourcentage sentimental très précis pour chaque émotion, ce qui vous forcera plus ou moins, lors des premières expériences, à faire du die and retry. Ne vous inquiétez pas, vos données ne seront pas perdues, au contraire, elles seront inscrites dans votre grimoire et consultables par la suite pour donner des paramètres d’infusion plus précis.
Lors de votre toute première infusion vous remarquerez que l’âme de votre fille n’absorbera aucune émotion, et pour cause ! Il va falloir faire progresser vos homoncules pour que la force de l’émotion se développe et puisse enfin imprégner le cadavre de votre (vraie) fille. Et maintenant la question à un million : comment faire gagner des niveaux à vos cobayes ? Tout simplement, en les faisant travailler ! Au village, chaque habitant vous proposera un job différent qui correspondra plus ou moins à chacune de vos créatures : ces jobs sont en fait classés par émotion et l’affinité qu’aura votre travailleuse avec le sentiment demandé lui permettra de progresser plus ou moins vite (les revenus restant toutefois toujours les mêmes). En général, les villageois auront besoin du même type d’émotion pour toute la partie sauf en de rares occasions, attention à bien les flairer car l’apport d’écus en devient considérablement élevé, et lors des visites de l’Inquisiteur.
Pour augmenter le niveau de vos homoncules plus rapidement, vous pourrez augmenter leur niveau d’affection envers vous (ce qui donnera un pourcentage allant de 5 à 15% d’expérience en plus lors de leur travail au village) grâce à différentes méthodes. Passer du temps avec elles : attention choisissez bien, vous ne pourrez passer du temps qu’avec un seul homoncule par semaine, leur offrir des cadeaux : là encore les cadeaux correspondent chacun à un sentiment différent, à vous de trouver quel présent ravira laquelle de vos créations (pas d’inquiétude, les descriptions vous laisseront des indices faciles à analyser), plus tard vous débloquerez aussi des artéfacts, notamment la Couronne d’Extase qui permettra d’augmenter l’affection de toutes vos filles d’un coup et enfin le Totem de Maturité qui lui augmentera le gain d’expérience, indépendamment de l’affection que vos filles vous portent.
Comme vous avez pu le remarquer, cette façon de procéder est légèrement alambiquée et c’est peut-être là le plus gros point noir de My Lovely Daughter : le système de jeu peut être fouillis à appréhender au départ, mais à force d’essais (qui ne sont pas fatals et voilà ce qui permet de passer un bon moment), on finit par le dompter. Le meilleur conseil que je peux vous donner à ce stade et pour commencer votre partie sereinement est d’infuser au moins une fois votre fille avec chacune des émotions étant dominante à tour de rôle : c’est-à-dire par exemple environ 700 (et plus) d’une seule émotion et 300 de chacune des trois autres émotions, votre grimoire se remplira de lui-même des informations nécessaires à la suite des opérations mais le procédé reste à peu près le même avec des valeurs différentes.
Amour, Gloire et…
My Lovely Daughter vous proposera de personnaliser le nom de vos filles et a prévu, intelligemment, des prénoms préremplis au vu du nombre de meurtres que vous allez effectuer. L’affection ne sert pas seulement à faire grimper en niveau vos filles mais aussi, et c’est une partie bien plus sombre, à éviter que ces dernières ne s’enfuient de la maison. Chaque fille a sa propre personnalité et lorsque vous passerez du temps avec l’une d’entre elles ou que vous la tuerez, vous pourrez contempler des artworks personnalisés vous faisant découvrir quelle activité celle-ci préfère (comme jouer à cache-cache) ou la façon dont Faust a choisi de se débarrasser d’elle (faire fondre Ice, un homoncule de glace, par exemple). L’individualisme de vos créations se reflètent aussi dans les lettres que celles-ci vous laissent sous leur porte, j’ai particulièrement aimé celles de Mermaid qui finissent par avoir un double sens lubrique, mais cette idée n’est que très brièvement abordée (quitte à faire un jeu aussi tragique, autant chercher tous les pêchés capitaux).
My Lovely Daughter vous placera face à des choix cornéliens, comme par exemple le fabriquant de jouets (qui a clairement un passé pédophile) qui viendra toquer chez Faust en plein milieu de la nuit pour lui demander d’acheter sa Doll car il ne pouvait plus se passer d’elle. Non seulement il proposera un bon prix mais surtout, refuser une demande d’un des villageois qui vient vous visiter vous fera perdre sa confiance. N’hésitez d’ailleurs pas à ne pas répondre à votre porte si vous êtes déjà en meilleurs termes avec un personnage, vous ne perdrez aucun point. Au fil de la partie, toutes ces petites attentions de la part de vos filles ou au contraire, les pleurs que l’on entend lorsque vous désirez les sacrifier, poussent le joueur à s’attacher aux personnages qu’il a créé et à se remettre en question en permanence. C’est pour cela que j’ai craqué pour un homoncule que j’ai nommé Ribbon et que je n’ai pas pu sacrifier de toute ma partie, ce qui m’a fait perdre un temps fou. D’ailleurs, en parlant de temps…
Le temps sera un facteur important de votre quête dans My Lovely Daughter, entre les différents jobs qui consumeront votre semaine, l’infusion de l’âme de votre fille qui n’aura lieu qu’une fois par mois mais aussi les baumes à appliquer régulièrement sur son cadavre pour éviter que celui-ci se décompose (quelle vision naturaliste des choses : si vous prenez trop de temps à vous occuper du corps de votre petite, l’écran de votre Nintendo Switch commencera à se tâcher de sang sur les bords et la musique se fera angoissante) ; voici quelques conseils pour tirer au mieux profit de vos homoncules. Au départ, vous n’aurez pas énormément de ressources pour mener à bien vos expériences. Qu’à cela ne tienne, nous allons vous créer de la main d’œuvre. Votre première source de revenus sera le travail fourni par vos filles : en général, pas de différence drastique entre chaque job, le plus important sera de positionner chaque fille dans un job qui lui correspond (émotionnellement parlant). La tâche vous sera facilitée si vous activez l’option Job Initiative qui laissera vos filles chercher elles-mêmes le job optimal : usez et abusez-en sauf si à l’instant T vous “possédez” (à défaut de meilleur terme) deux homoncules avec la même émotion, tentez de placer dans le job à plus grand gain d’expérience l’homoncule que vous désirez voir gagner des niveaux le plus rapidement. Lorsque vous aurez débloqué les artefacts, le Masque de la Prospérité vous permettra d’augmenter vos revenus.
Cependant, ce ne sera pas la seule façon de monnayer vos filles, et pour cause, lorsque vous les sacrifiez vous récupérerez une partie des matériaux utilisée lors de leur construction et cette fois-ci avec une rareté variant d’une à trois étoiles selon le niveau et l’affection que votre homoncule vous portera. De plus, l’artefact Miroir de Mimicry augmente votre gain de matériaux lors d’un sacrifice. Une aubaine : ces nouvelles ressources vous permettront soit de créer une fille avec un niveau de départ plus élevé, soit de satisfaire les requêtes des villageois. Parlons-en immédiatement, lors de vos séjours au village les habitants vous proposeront parfois des missions alléchantes: quelques matériaux en échange d’un bon nombre d’écus. Si c’est bien la façon la plus profitable de se faire du pognon, attention à ne pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué : le pourcentage d’obtention de chaque matériau après un sacrifice est aléatoire et même si votre fille était composée à 100% de l’ingrédient qu’il vous faut, la rareté que celle-ci produira est aussi (à un certain degré) assez difficile à évaluer. Le revers de la médaille étant que chaque requête non complétée dans le temps imparti nuira à votre relation avec les villageois qui ont de véritables jauges de confiance consultables dans votre grimoire : ce sont donc des offres précieuses mais à utiliser de façon judicieuse.
Tout cet argent rudement récolté vous sera utile dans la boutique du village : ingrédients et cadeaux de bases qui vous seront utiles pour créer des homoncules et augmenter leur affection mais aussi à baisser un quelconque surplus d’émotion que présenterait l’âme factice destinée à votre vraie fille, c’est-à-dire que les cadeaux faisant plaisir à une émotion particulière révulsera et quittera partiellement l’âme que vous préparez dès lors que vous mettrez ces présents dans la fournaise. C’est gratuit pour vous mes lecteurs adorés, sachez qu’un cadeau de base (tel des amandes) enlèvera 100 points d’émotion, et un cadeau plus cher (prenons des amandes grillées cette fois-ci) enlèvera 200 points. Par la suite vous pourrez aussi débloquer deux autres chambres dans votre maison afin d’accueillir plus de cobayes, des cadeaux très chers qui augmenteront l’affection que vos filles vous portent de façon démesurée et finalement des artefacts qui vous l’aurez compris vous aideront dans votre gain d’expérience, d’argent ou d’affection. Pour les faire fonctionner il faudra acheter en boutique des sacrifices (comme des branches ou des poupées vaudou) que vous pourrez utiliser afin d’activer leurs pouvoirs pendant une semaine.
Inquisition (vous ne vous y attendiez pas à celle-là hein)
Dans la version Switch de My Lovely Daughter, le DLC de l’Inquisiteur est automatiquement fourni. Ce curieux personnage vous confiera diverses missions selon les skins de fillettes que vous aurez débloqués, toujours pour traquer un de vos voisins de Salach. Parlant en énigmes (pas bien compliquées, rassurez-vous, monsieur est bien loin du Père Fouras), ce sera à vous de débusquez la fille qui correspondra au mieux aux tâches qui vous seront confiées. Pas forcément transcendant, cet addendum fut ma foi sympathique, cassant un peu avec le rythme habituel de vos virées au village et vous permettant de découvrir un peu mieux les morbides personnages qui vous entourent : une fois la mission complétée, vous trouverez leur photo tamponnée d’un symbole rouge dans votre grimoire. Au fur et à mesure de l’histoire, vous vous rappellerez des bribes de votre passé qui seront narrées dans votre fidèle bouquin. Après chaque échec utile d’infusion de l’âme de votre fille vous débloquerez de mini-cinématiques, et selon vos choix, différentes fins seront disponibles. Compléter les quêtes de l’Inquisiteur vous donne droit à une cinématique exclusive mais qui ne fait qu’augmenter le suspense pour le dénouement de l’aventure. J’ai personnellement eu la “vraie” fin qui s’obtient, je suppose, lorsque notre relation avec chaque villageois est maximale.
En essayant de vous spoiler le moins possible la fin de My Lovely Daughter, l’aboutissement de cette histoire laissera, je le sais déjà, certains d’entre vous sur leur faim. Et pour cause, les explications de voyage temporel alambiqué sont souvent synonyme de narration bâclée ou de manque d’inspiration. Pour ma part, j’ai effectivement été un peu déçue de la tournure des évènements, qui auraient gagné en développement. Le “plot twist” final manque de saveur et est prévisible, quitte à jouer sur les clichés, My Lovely Daughter aurait pu au moins travailler sur les autres aspects du scénario : assez ironiquement, Faust, le seul être vivant que l’on contrôle, semble être le moins pourvu de personnalité et son sort nous est finalement égal.
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Un sacrifice efficace - 87%87%
Résumé
Que mes dernières phrases ne vous effraient pas, j’ai trouvé My Lovely Daughter globalement excellent. Si l’épopée de Faust pourrait devenir répétitive à force, le jeu a su doser avec brio son temps de parcours afin que l’expérience soit rafraichissante. Malheureusement, le besoin d’être collé au grimoire en permanence et le manque de rejouabilité (malgré les différentes “fins” disponibles, mais qui semblent peu intéressantes) viennent légèrement ternir le tableau. Ce dont vous devriez réellement vous méfier (et là où l’on ressent le plus la patte des auteurs) est l’angoisse omniprésente. Ce sentiment de malaise assez léger au départ devient rapidement insoutenable au fil de vos heures de jeu et sachez que je ressortais avec une véritable envie de vomir au terme de mes plus longues sessions. My Lovely Daughter (disponible seulement en anglais) ne sera donc pas à mettre entre toutes les mains, mais pour les plus coriaces d’entre vous qui sauront se laisser tenter (et qui n’arriveront pas à stopper leur curiosité), je ne peux que vous conseiller de vous lancer dans cette aventure déroutante.