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Godstrike : le petit fils caché non providentiel de Furi – TEST



Ne vous êtes-vous jamais demandé à quoi ressemblerait notre société si l’argent tirait sa révérence au profit du temps, qui resterait alors la seule et immuable monnaie d’échange aux yeux de l’humanité ? De la même façon qu’Andrew Niccol a déjà traité le sujet en 2011 dans le film Time Out, Godstrike s’y essaie d’une manière encore un peu différente.

Alors, le twin-stick shooter signé OverPowered Team et sorti le 15 avril 2021 sur Nintendo Switch mérite-t-il qu’on lui consacre quelques heures de notre existence ? J’en ai dépensé une poignée pour tenter de répondre à cette question à votre place. À vos marques… Prêt, feu, partez.

Paru initialement sur PC en 2019 pendant seulement quelques jours sous le nom de Profane, puis retiré des téléchargements en raison d’un conflit entre les développeurs et l’éditeur du titre, Godstrike se situe à mi-chemin entre le twin-stick shooter et le boss rush.

Petit, tu es doué. Très doué. Mais tant que je serai dans le métier, tu ne seras jamais que le second !

Nul doute que certain(e)s d’entre vous auront reconnu cette réplique culte extraite du film The Mask. Pourquoi cette référence ? Parce que, dans Godstrike, nous incarnons une héroïne qui porte sur son visage un certain Talaal, le dernier des sept « masques de Dieu » qui a échappé à la corruption dont les six autres ont été victimes. Nous voilà donc propulsé au beau milieu d’une guerre qui ne semble pas la nôtre et qui, en plus de ça, ne semble pas non plus développée outre-mesure par le jeu.

Comprenez que le scénario n’a pas de place prépondérante mais qu’au contraire, il n’est qu’une infime anecdote énoncée à la hâte en début de partie pour justifier les combats de boss dans lesquels nous allons être plongés pendant ces quelques heures de divertissement. Une chose est sûre : ça va péter dans tous les sens, à nous en faire saigner des yeux ! Alors restez concentrés.

Godstrike, c’est bien ça ? Tu n’aurais pas un grand frère dont le p’tit nom est Furi par hasard ?

Comme j’ai pu l’évoquer à la volée au début de ce test, Godstrike est un jeu qui mêle le genre twin-stick shooter à celui du boss rush. Concrètement, nous sommes plongés successivement dans différentes arènes de boss aux multiples barres de vie et aux patterns différents en fonction de leur phase active. Ces phases sont généralement au nombre de 3 ou 4. Pour nous défendre, les sticks analogiques gauche et droit des Joy-Cons nous serviront respectivement à nous déplacer et à arroser intensément tout ce qui bouge dans la direction choisie.

D’un point de vue gameplay – et même sur certains aspects visuels, on ressent une vraie inspiration vis-à-vis de l’excellent Furi, le shoot them up de The Game Bakers (cocorico) pour celles et ceux qui connaissent le titre. Godstrike tente toutefois de se démarquer par quelques idées “novatrices” ici et là, comme le fait que notre barre de vie ne soit qu’un chronomètre sur lequel nous perdons quelques secondes à chaque fois que nous prenons un coup et qu’avant de lancer un combat, nous puissions nous munir de certaines compétences actives et passives, parmi une quarantaine de disponibles à la fin de l’aventure. Ces compétences nous coûteront quelques précieuses secondes sur le temps imparti pour venir à bout d’un boss. Libre à vous de décider de combattre sans compétence particulière, avec un chronomètre gonflé à bloc ou, au contraire, de profiter d’un dash, d’un rayon laser surpuissant et d’autres gourmandises, mais avec un temps plus restreint pour remporter le duel avec votre adversaire.

Seulement voilà, si le postulat de départ est alléchant, Godstrike peine à nous convaincre pleinement manette en main. Et les raisons sont relativement nombreuses : des arènes un brin trop classiques qui n’offrent qu’une faible amplitude de mouvement, quelques imprécisions au niveau de la visée au stick, et un feeling général qui manque globalement d’énergie. Pour le dire simplement : on ne se sent jamais vraiment supérieur à notre opposant, sans le sentir non plus supérieur à nous.

Quand je vous dis que notre adversaire ne semble jamais prendre l’ascendant sur nous, ce n’est qu’une sensation induite par des impacts beaucoup trop mous pour être impressionnants. Parce qu’à côté de ça, les boss nous écrasent comme une mouche pendant nombre de tentatives, et ce jusqu’à ce que nous parvenions à mémoriser leurs différentes phases. En revanche, si vous pensez que ces K.O à répétition rendront la victoire encore plus belle — comme cela peut être le cas dans pléthore de jeux bougrement difficiles et dont le succès n’est plus à démontrer, vous faites résolument fausse route ! Bien au contraire : ce chronomètre qui fait office de barre de vie installe très rapidement un sentiment de frustration intense. Et je ne dis pas ça simplement parce que le premier boss du jeu, humblement intitulé Tutoriaal pour ne rien arranger à ma détresse, m’a fait suer pendant une bonne dizaine d’essais… Quoi que ?

Non, cette frustration s’installe parce que la difficulté du jeu est fortement relevée, mais que rien ne nous donne réellement envie de recommencer après un échec, et ce aussi proche étions-nous de régler son compte à la grosse araignée qui nous a fait prendre un bain électrifié, ou le totem indien qui nous a anéanti en nous envoyant des boulettes par centaines à la manière d’un lance-balles déréglé sur un cours de tennis. Même une fois le boss à terre, il se pourrait que ça vous en touche une sans faire bouger l’autre, croyez-moi. Plutôt dommage pour un jeu qui n’a potentiellement rien d’autre à offrir que la satisfaction qu’il pourrait procurer en cas de succès ?

Moi, ni moche, ni méchant.

Après s’être (très vite) rendu compte que le gameplay de Godstrike n’est pas forcément des plus excitants, on essaie vite de se rabattre sur son traitement artistique, que ce soit visuel ou musical d’ailleurs. Après tout, pourquoi pas : un jeu peut être assez monotone dans son rythme, mais bougrement chatoyant dans son imagerie et excitant dans sa musicalité ! Mais attention, surprise : là aussi, le tout reste très moyen. Typiquement, si l’on revient quelques instants sur la comparaison avec Furi — bien que je ne sois pas un grand adepte des comparaisons faites à la hâte, Godstrike n’a, pour ainsi dire, pas franchement de patte visuelle propre.

D’un côté nous avons Furi, qui a su côtoyer les étoiles avec des animations de combat léchées, une direction artistique qui puisait son inspiration dans le mouvement “Vaporwave” et des compositions fabuleuses de Simon Delacroix (alias The Toxic Avenger) ou encore de Franck Hueso (alias Carpenter Brut). Et d’un autre côté, nous avons Godstrike, avec son personnage quelque peu rigide, son identité visuelle quelconque et ses quelques chansonnettes qui ne nous font ni chaud ni froid.

On se consolera en se disant que tout ce qui a rendu Furi clairement au-dessus de ce Godstrike devait rentrer dans les 7,50 € supplémentaires qui les séparent. Oui, parce que le jeu est disponible en téléchargement sur le Nintendo eShop (pas de version boite de prévue pour le moment, désolé les collectionneurs) pour la modique somme de 12,49 €. Soyons franc : à ce prix-là on a déjà vu mieux, c’est vrai, mais on a aussi déjà vu bien pire !

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Mouais, on a connu mieux (mais on a connu pire)
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Mouais, on a connu mieux (mais on a connu pire)

Si tout n’est pas à jeter dans Godstrike, cet hybride à mi-chemin entre le boss rush et le shoot ’em up, force est de constater qu’il ne sera certainement pas plus qu’un passe-temps de quelques heures que l’on n’aura pas vraiment envie de revoir de sitôt. Ni complètement indigeste, ni réellement savoureux, le jeu nous met régulièrement à l’épreuve par le biais d’une difficulté fortement relevée, mais sans nous offrir la satisfaction et le sentiment de fierté que peuvent offrir d’autres jeux à gros challenge. Artistiquement, c’est le même combat : prosaïque visuellement et musicalement, Godstrike n’a pas les arguments suffisant pour allumer la flamme qui sommeille en chaque joueur.

Bref, un titre pour vous si vous cherchez un “snack game” pour une poignée d’euros, mais certainement pas davantage !

Les +

  • Une mécanique de temps intéressante sur le papier…
  • Un type de jeu idéal pour une console portable…
  • La difficulté qui tire un peu la durée de vie vers le haut…
  • Les capacités du héros (et leurs animations)
  • Quelques boss bien sentis

Les -

  • … Mais beaucoup moins dans les faits
  • … Même s’il y a mieux dans le genre (*tousse* Furi *tousse*)
  • … Quoi qu’un peu trop artificiellement !
  • Des arènes trop classiques
  • Visuellement quelconque
  • Musicalement assez pauvre (surtout pour un jeu qui se veut nerveux)
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Nastowan
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