Assassin’s Creed Shadows : un portage (trop) ambitieux ? – TEST

Par le 24 Déc 2025 à 14:00 - Temps de lecture : 6 minutes 30 sec

Après le très bon travail réalisé par Ubisoft pour le portage de Star Wars Outlaws sur Nintendo Switch 2, l’éditeur français remet le couvert avec Assassin’s Creed Shadows, sorti plus tôt dans l’année sur les autres supports. Disponible depuis le 2 décembre dernier sur Switch 2, ce dernier épisode de la série phare d’Ubisoft vous met dans la peau de Naoe et Yasuke, deux personnages bien différents s’étant toutefois trouvé un objectif commun. Alors, que vaut ce Assassin’s Creed Shadows sur la console hybride de Nintendo ?

Assassin’s Creed Shadows vous plonge dans le Japon féodal, une époque que les fans de la licence souhaitaient voir depuis un certain temps. Cette période est marquée par une transformation majeure de la société japonaise qui se dirige vers l’unification. C’est dans ce contexte et après une (très) longue introduction que vous incarnez Naoe, une redoutable shinobi qui mise sur sa discrétion et son agilité pour retrouver le Shinbakufu, un groupe aux masques étranges responsable de la mort de son père.

Elle finit par faire la rencontre de Yasuke, un solide samouraï originaire du continent africain et fidèle du seigneur Nobunaga qui est trahi par l’un des cerveaux du Shinbakufu, Akechi Mitsuhide. Ensemble, Naoe et Yasuke tentent de démanteler ce clan dans un esprit de fidélité à ceux qui leur ont tout appris et également pour satisfaire leur désir de vengeance.

Une complémentarité à toute épreuve

Naoe a toutes les caractéristiques d’une vraie Assassin et possède la fameuse lame secrète, bien utile pour éliminer furtivement les ennemis, ainsi que la vision d’aigle pour cerner les dangers à proximité. En plus d’être rapide et de pouvoir escalader à peu près tout et n’importe quoi, elle dispose d’un bon nombre d’outils qui l’aident à entrer incognito dans une base d’ennemis, comme les kunai (des sortes de petits couteaux à lancer) ou les classiques bombes fumigènes.

A l’inverse, Yasuke est imposant et lourd dans ses déplacements mais est très puissant et redoutable dans les combats au corps-à-corps. Les deux protagonistes ont donc un profil complémentaire et vous pouvez les incarner selon votre convenance, sauf lors de certains segments de la quête principale. Notez également que les deux héros ont leur propre arbre de compétences, ce qui leur permet de débloquer des aptitudes uniques d’infiltration et de combat comme le double assassinat pour Naoe ou des techniques encore plus violentes pour Yasuke.

Selon les situations, il sera plus stratégique d’opter pour l’un ou pour l’autre mais pour ma part, j’ai préféré le gameplay de Naoe, qui est davantage passe-partout et adapté pour la vision que je me fais d’Assassin’s Creed, que celui de Yasuke, un peu trop contraignant pour explorer librement le monde. Parlons justement de ce monde : Ubisoft a particulièrement soigné l’enrobage et il est particulièrement agréable de se balader à pied ou à cheval dans les contrées japonaises, des forêts jusqu’aux fleuves en passant par les nombreuses villes qui jalonnent le territoire. On aurait cependant apprécié plus de vie et d’animation : vous croiserez peu de monde lors de vos déplacements, si ce n’est quelques animaux qui prennent aussitôt la fuite dès qu’ils vous voient. Switch 2 oblige, le nombre de PNJ à l’écran est assez faible et ne contribue pas à développer la cohérence d’un monde organique.

Assassin’s Creed Shadows n’invente rien

Tout Assassin’s Creed se doit de proposer un système de parkour, et ce Assassin’s Creed Shadows ne déroge bien sûr pas à la règle : l’environnement est composé de plusieurs points stratégiques que Naoe peut utiliser pour se faufiler un peu partout. Notons qu’elle peut même utiliser un grappin, bien utile pour se balancer ou rejoindre les hauteurs en un claquement de doigt. Ce potentiel n’est malheureusement pas assez exploité : le parkour est parfois un peu rigide et Naoe manque de fluidité et d’animations pour qu’on puisse se sentir comme un vrai shinobi. Je n’arrive jamais à m’enlever de l’esprit qu’Assassin’s Creed Unity, pourtant sorti il y a 11 ans, proposait un parkour absolument somptueux mais dont aucun jeu ne semble vouloir s’inspirer depuis. Ubisoft a tenté de corriger le tir depuis la sortie du jeu avec de nouvelles animations pour fluidifier le tout (et aussi tout récemment de nouveaux finishers), mais il manque trop d’éléments dans le décor qui tirent partie des capacités de Naoe.

Pour ce qui est des combats, la licence ne se réinvente pas avec un système proposant toujours d’attaquer et de contrer au bon moment pour lancer une contre-attaque. La subtilité viendra des attaques impossibles à parer et de l’apprentissage de leur timing, ce qui est parfois compliqué selon les ennemis qui ont plusieurs patterns. On regrettera le fait que le système de combat finisse par devenir répétitif, un sentiment accentué par la propension qu’ont certains gardes de n’être que des gros sacs à PV.

Je ne peux que vous conseiller d’alterner entre les différentes armes, puisqu’entre les légères comme le tanto (une sorte de couteau), les lourdes comme le kanabo (un énorme gourdin) ou les lointaines comme l’arc ou le teppo (un fusil), vous avez l’embarras du choix pour aborder un camp d’ennemis. L’IA de ces derniers est d’ailleurs plus que discutable, avec des passages où ils ne sont pas capables de vous voir ou de vous entendre alors que vous êtes à 2 mètres. Cependant, on peut apprécier la sensation d’impact des coups donnés, amplifiée par les finitions qui sont d’une violence inouïe en particulier pour Yasuke.

Le repère, un prétexte pour l’amélioration des compétences

L’exploration est un atout de ce Assassin’s Creed Shadows : vous partirez à l’assaut de forts ou châteaux pour éliminer les samouraïs et autres gardes imposants, et ainsi récolter des trésors prestigieux. Hormis des armes, babioles et de l’équipement plus ou moins utiles, ces derniers offrent des matériaux pour personnaliser votre repaire, une des nouveautés majeures de cet opus. En améliorant les différents secteurs de ce quartier général, vous débloquez des capacités supplémentaires comme l’augmentation du nombre d’éclaireurs ou encore leur efficacité. Vous avez aussi la possibilité d’améliorer vos armes et équipements à la forge si leurs effets vous semblent particulièrement intéressants et que vous souhaitez en augmenter le niveau.

Si vous avez l’âme d’un décorateur, vous pouvez ajouter une large panoplie d’objets, arbres et autres éléments de personnalisation pour vous faire un vrai pied-à-terre. L’existence de cette fonctionnalité ne semble que justifier l’abondance d’objets à récupérer un peu partout sur la map, parfois jusqu’à l’outrance : on finit par se lasser de chercher à tout récupérer puisque les récompenses ne sont pas particulièrement intéressantes dans la plupart des cas.

C’est aussi dans ce repaire que vous apprendrez à connaître vos alliés comme Junjiro, un enfant qui admire Naoe et compte parmi l’un des personnages les plus intéressants d’Assassin’s Creed Shadows. Le développement des liens avec ces alliés n’est pas obligatoire dans tous les cas, mais ces quêtes sont finalement plutôt intéressantes pour en savoir plus sur leur passé. De manière générale, les quêtes secondaires sont étonnamment plus agréables à réaliser que dans tout autre jeu Ubisoft.

On sent que les développeurs ont fourni un réel effort dans ce domaine, avec la possibilité de mener des enquêtes et de traquer des groupes entiers, ce qui amène une histoire complètement secondaire et facultative mais bienvenue pour couper le rythme de la quête principale. Bien sûr, les quêtes fedex sont toujours là mais rien ne vous oblige à les faire, tout comme celles en lien avec l’Animus. Ces dernières ont des objectifs sans intérêt et des récompenses discutables, sauf si vous souhaitez obtenir des objets cosmétiques légendaires que vous avez de toute façon déjà en nombre dans votre inventaire.

Assassin’s Creed Shadows : un bon portage mais imparfait

C’est LA question que vous vous posez tous : que vaut ce Assassin’s Creed Shadows sur Switch 2 ? Après Star Wars Outlaws, la curiosité était de mise pour savoir si Ubisoft allait réussir à réitérer l’exploit. Commençons par dire que le jeu vise les 30 fps et les atteint quasiment toujours depuis la mise à jour de mi-décembre (hormis dans quelques situations avec beaucoup d’activité), au prix de quelques concessions supplémentaires notamment au niveau de la distance d’affichage.

Cette dernière a aussi corrigé les nombreux crashs insupportables en mode TV qui pénalisaient lourdement l’expérience. Des sacrifices ont été logiquement faits au niveau des textures, notamment celle de l’eau, tandis que certains éléments comme l’herbe ont tendance à s’afficher bien tardivement. Hormis cela, le jeu est objectivement magnifique grâce au DLSS : les effets de lumière, de météo suivant le moment de la journée et la végétation très dense sont un régal malgré les compromis réalisés pour la Switch 2, avec une distance d’affichage convenable (surtout lorsque l’on vient de la Switch 1 !). On vous conseille toutefois de jouer au jeu en mode TV, car si le mode portable reste tout à fait jouable, il est moins agréable à l’oeil et a un effet de flou plus prononcé.

Assassin’s Creed Shadows tire aussi partie de l’écran tactile de la Switch 2 pour la personnalisation du repaire et la navigation dans les menus, une fonctionnalité gadget mais bienvenue. Si vous avez commencé votre partie sur une autre console, vous pouvez la reprendre au point où vous vous étiez arrêté grâce à votre compte Ubisoft Connect. Concernant les mises à jour, pas d’inquiétude car toutes celles publiées depuis la sortie du jeu sur les autres supports sont disponibles sur Switch 2 (hormis le DLC Traque sur Awaji, qui viendra plus tard), et celles à venir également.

Dans le cas où vous avez la Switch 2 et par exemple, la PS5, vous vous demandez sûrement s’il ne serait pas judicieux de prendre le jeu sur PS5. La réponse est oui si vous souhaitez jouer dans les meilleures conditions et profiter de superbes panoramas. En revanche, l’achat de la version hybride ne paraît pas incongru selon vos besoins et habitudes : j’ai personnellement adoré jouer à Assassin’s Creed Shadows en mode portable malgré les défauts visuels, tant l’expérience est immersive grâce entre autres à sa très bonne bande-son. Tout dépend de l’expérience que vous recherchez, mais les deux options présentent leurs avantages.

Conclusion - Un bon jeu et un bon portage, sans aller jusqu'au très bon

70%

Il est difficile de noter Assassin’s Creed Shadows : rien de ce qu’il fait n’est foncièrement mauvais et on est même sur un jeu qui est réellement plaisant à découvrir et parcourir. Cependant, il pourrait être meilleur dans bon nombre de segments, à commencer par les combats et le parkour qui manquent de finitions. Le portage vers la Switch 2 est lui aussi plutôt réussi au vu des capacités de la console et des ressources que demandent le jeu, mais pourrait être peaufiné. En définitive, Assassin’s Creed Shadows est une bonne proposition dans la licence, surtout après Valhalla, mais laisse une impression de potentiel inexploité. Il s’agit clairement d’un bon jeu, mais qui ne s’impose pas comme l’une des références de la série.

Les +
  • Un bon portage …
  • Le Japon féodal, un vrai plaisir à parcourir
  • Un soin particulier apporté à l’ambiance sonore et visuelle
  • La complémentarité et la complicité de Naoe et Yasuke
  • Une intrigue intéressante
  • Des quêtes annexes plus pertinentes que d’habitude
Les -
  • … qui reste à peaufiner
  • Yasuke est moins agréable à contrôler que Naoe
  • Un sentiment de répétitivité après une vingtaine d’heures
  • Un système de combat et un parkour à améliorer
Publié dans Tests, Tests de jeux
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