A l’heure des remakes et refontes HD en tout genre, c’est au tour de Final Fantasy XII : The Zodiac Age d’y passer. Si le jeu commence à rappeler de (très) lointains souvenirs, il a au moins le mérite de sortir pour la première fois sur console Nintendo en ce printemps 2019. Quand un tel jeu, qui a déjà fait ses preuves par le passé, débarque en version HD, on peut légitimement se demander quelles sont nos attentes. La réponse dans mon cas est la suivante : découvrir avec plaisir un jeu désormais classique, sans avoir l’impression que l’oeuvre ait pris un coup de vieux. Pari réussi ?
[arve url=”https://www.youtube.com/watch?v=uz5qP0R0Wgo” /]
Une histoire qui nous dépasse
Final Fantasy XII : The Zodiac Age prend place dans le monde d’Ivalice, un univers bercé par la guerre et les conflits. Vous vous retrouverez plus précisément dans la région de Dalmasca, et débuterez réellement le jeu dans la cité de Rabanastre. Cette cité très vivante et marchande constitue le coeur du peuple de Dalmasca, qui a été bouleversé par une guerre d’Ivalice opposant les royaumes d’Archadia et Rozarria. Lorsque vous marchez pour la première fois dans Rabanastre, Dalmasca est sous le contrôle du royaume d’Archadia depuis 2 ans et les habitants peinent à s’épanouir sous cette tutelle qui les muselle chaque jour qui passe. C’est dans ce climat d’oppression que le jeu prend place, et que chaque personnage va émerger et va avoir un rôle à jouer.
La chose qui peut frapper durant les premières heures de jeu, c’est la complexité de la trame scénaristique. Pour bien comprendre toute la profondeur de l’histoire proposée et apprécier le jeu à sa juste valeur, il vous faudra une grosse capacité d’attention et de concentration lors des dialogues, cinématiques et séquences de jeu proposées. Alors que les toutes premières minutes de jeu se déroulent pendant un moment clé précédant la chute de Dalmasca, vous vous retrouverez très vite dans Rabanastre à incarner un tout autre personnage. En effet, au plus vous évoluerez dans la peau de Vaan, le héros “central” que vous incarnez dès vos premiers pas dans Rabanastre, au plus vous allez comprendre que vous n’êtes qu’un pion dans un système politique qui au final vous importe peu. A travers Vaan, le joueur fait une entrée en matière tout à fait particulière dans Final Fantasy XII : le background principal du jeu est mis au second plan et ce qui vous importe le plus, c’est de gagner de l’argent. Si ce début d’aventure vous permet de bien cerner la personnalité de Vaan, c’est aussi ça qui peut vous perdre un peu dans l’histoire du jeu car au fur et à mesure que vous découvrez les petites histoires de Vaan, le jeu s’installe et le fond politique se développe.
Les choses changent petit à petit, car au fil du temps de jeu, de nombreux personnages présentés comme des adjuvants vont vous rejoindre, et c’est là toute la science de cet opus. Chaque personnage, via son background, va moduler la vision du jeu qu’a le joueur. Vous aurez alors des préoccupations radicalement différentes dès lors que vous vous mettez à la place d’un autre personnage que Vaan ou Penelo, et leurs petites histoires pourront vous paraître risibles à côté de ce que Basch ou Ashe ressentent. Voilà pourquoi le jeu est très complet dans son histoire : il propose non seulement une quantité d’informations gigantesque en ce qui concerne Ivalice, Dalmasca ou encore Archadia, mais aussi une vision du jeu à travers les personnages. Ce dernier point est très important, car chaque joueur pourra voir Final Fantasy XII : The Zodiac Age de façon très différente en fonction de sa sensibilité, de son attrait pour un personnage plutôt qu’un autre. Une chose qui soutient encore ce point est que Vaan ne s’impose pas dès le début comme un vrai personnage principal, ce qui fait que le joueur a la liberté de choisir qui, pour lui, est le vrai héros du jeu. C’est un peu la marque de fabrique des Final Fantasy, et cet aspect ressort de façon encore plus marquée sur cet opus.
Un gameplay complet et adaptatif
Le gameplay de Final Fantasy XII : The Zodiac Age se démarque par ses mécaniques mélangeant à la fois un système tour par tour et une bonne dose d’action RPG. En effet, une jauge de temps dictera le moment auquel les personnages peuvent agir. Pendant le chargement de cette barre, il y a des temps “morts” durant lesquels vous devrez anticiper et choisir quelle action votre personnage effectuera une fois la jauge pleine. Le système s’apparente donc à ce que les fans de J-RPG ont pu expérimenter avec Chrono Trigger sur ce point là. C’est aussi une belle évolution par rapport à Final Fantasy X, où les combats s’effectuaient dans un système de tour par tour classique. Ici, cette jauge apporte beaucoup de dynamisme et de vie aux affrontements. Rajoutez à cela la petite touche A-RPG : vous pouvez vous déplacer librement durant les affrontements, et gérer les distances d’attaque, ou bien fuir par exemple. Vous devrez être au contact des ennemis pour effectuer les attaques au corps à corps, ce qui paraît logique mais ici vous avez la totale liberté de vos mouvements. Rassurez-vous, le jeu propose aussi beaucoup de déplacements automatisés afin de faciliter les affrontements et de les rendre moins rudes à prendre en main. Dans cette idée d’automatisation des affrontements, on note la présence d’un système unique créé pour gérer au mieux toute sa foule de combattants : les gambits.
Les gambits constituent une grosse partie des upgrades de chaque personnage. On peut considérer les gambits comme une série d’ordres donnés à chaque personnage, une sorte d’algorithme, que le combattant va effectuer selon l’ordre et la priorité que vous désirez, tout ça de façon automatique. Ce système est extrêmement pratique, car lors de vos affrontements vous serez emmenés à gérer 4 personnages en même temps, et vous vous rendrez vite compte que ça n’est pas entièrement faisable de façon optimale. Dans les grandes villes du jeu, les gambits s’achètent au même titre que les sorts, les armes, ou les armures. Il vous faudra ensuite passer par le menu du jeu pour ” programmer “ vos gambits. Vous pouvez associer à une action précise (utiliser un objet donné, lancer un sort, etc) une condition que vous désirez (un allié possède moins de 50% de sa vie par exemple). Concrètement, un des gambits que vous allez très probablement utiliser sur beaucoup de personnages est : ” Si un allié possède moins de 30% de vie, alors utiliser une potion sur cet allié “. De cette même façon, vous pouvez aussi automatiser des attaques sur des ennemis, les prioriser les unes par rapport aux autres. Vous l’aurez compris, les gambits seront très rapidement un outil indispensable à votre aventure dans Ivalice. Cerise sur le gâteau, ils peuvent être activés ou désactivés à votre guise pour une flexibilité maximale.
S’ajoutent à Final Fantasy XII : The Zodiac Age des éléments RPG classiques, comme le système de niveau, les sorts et attaques, les chimères (appelés Eons sur cet opus) et les jobs. Ces derniers sont choisis par le joueur pour chaque personnage, et ils déterminent le contenu de la grille qui va permettre de faire progresser le personnage sur chacun de ses aspects : c’est la grille des permis. Sur cette grille sont disposés par case des améliorations en tout genre : points de vie, points de magie, emplacements de gambits, sorts/attaques, mais aussi des pré-requis pour des objets à utiliser, comme les armures, ou encore des permis pour l’invocation d’Eons. Il vous faudra d’abord obtenir le permis pour des catégories d’armes avant de pouvoir vous en équiper sur ledit personnage. C’est cette grille qui va limiter la progression de tous vos personnages, et pour débloquer de nouvelles cases il vous faudra obtenir des points de permis acquis lors des combats. Pour les plus acharnés d’entre nous, cela veut dire qu’en farmant suffisamment, vous pourrez faciliter vos affrontements à venir de façon significative. Petit bonus : il est possible d’accélérer le déroulement du jeu et d’augmenter la vitesse de défilement des images. Cette petite option, couplée à l’utilisation de gambits, vous permettra d’acquérir beaucoup d’argent et de points de permis en faisant assez peu d’efforts. Attention à ne pas trop vous reposer non plus, car les affrontements de boss se feront difficilement de façon entièrement automatique !
Un Final Fantasy gigantesque et une durée de vie colossale
Qui dit Final Fantasy dit forcément univers gargantuesque, et cet épisode ne déroge pas à la règle. Dans l’immensité d’Ivalice, il vous sera possible d’explorer 4 continents : Ordalia, Valendia, Kerwon, ainsi que Dorstonis. Chacun de ces continents contient de nombreuses zones d’exploration, mais aussi des villes plus riches les unes que les autres. La visite de chacun de ces continents vous permettra aussi d’apprécier la diversité des décors : alors que Rabanastre et ses alentours sont plutôt désertiques, la ville céleste de Bhujerba vous fait changer radicalement de cadre. Vous aurez aussi l’occasion de visiter des décors plus exotiques comme Jagd Difohr ou Ramooda, qui sont composées respectivement de jungles et de montagnes. L’exploration est au coeur de Final Fantasy XII : The Zodiac Age, autant par la nature des personnages et de l’histoire (Fran et Basch sont notamment des pirates du ciel) que par la largesse et l’immensité des zones que vous visiterez. Les items et monstres de chaque zone sont équitablement répartis de façon à ce que globalement, jamais une zone ne vous paraîtra vide ou trop pleine. En ce qui concerne les villes, les activités proposées sont nombreuses et variées : vous pourrez acheter toutes sortes d’items, les vendre, effectuer des quêtes secondaires en interagissant avec les PNJ et en vous rendant dans le bar local, ou encore prendre un vaisseau à la gare de la ville pour vous déplacer. Ces villes vous serviront de refuge et d’endroit “cosy” pendant votre aventure, car vous verrez que la grandeur des zones et des distances parcourues nécessiteront parfois une pause dans tout un tas de boutiques.
Le bestiaire renferme une pléthore de monstres, qui ont chacun une localisation donnée. Dans le menu du jeu, vous pouvez accéder à ce bestiaire et à la page de chaque monstre que vous avez croisé. Il peut être un outil très utile pour connaître les faiblesses de vos ennemis et avoir quelques informations dessus. Vous pouvez aussi voir cette rubrique comme une liste à compléter, et essayer d’affronter tous les monstres présents du jeu. Chaque monstre aura son propre comportement (pacifique ou pas), possèdera un type élémentaire, et donnera une liste d’objets précis quand il tombera au combat (à noter que vous pouvez aussi tenter de lui dérober ce trésor avant de le tuer via la technique ” Voler “). Enfin, chaque monstre possède aussi un niveau de rareté, ce qui fait que vous aurez plus ou moins de facilité à le trouver dans la nature. Certaines quêtes secondaires vous demandent de chasser ces monstres, il vous faudra donc déduire leur lieu d’habitat et les traquer afin de débloquer leur page dans le bestiaire. Rajoutons aussi que les monstres ne sont pas les seules entités de Final Fantasy XII : The Zodiac Age à avoir une telle diversité. En effet, les personnages d’Ivalice se distinguent par plusieurs races, comme les Viéras (Fran) ou encore les Vangaas, ce qui rajoute encore un peu plus de couleurs à cet opus.
Comme vous vous en doutez, la durée de vie constitue un des gros points forts du jeu. Si vous voulez apprécier toutes les activités présentes dans Final Fantay XII : The Zodiac Age, notamment chasser tous les Eons du jeu et effectuer les quêtes annexes, vous vous rendrez vite compte de la taille de la tâche. D’autant plus que le jeu démarre de façon relativement lente, ce qui fait qu’arrivé à la dizaine d’heures de jeu, on a cette impression d’avoir fait une petite partie de l’introduction. L’aspect farm et le côté agréable des affrontements feront que vous serez tentés de passer beaucoup de temps en zone d’exploration afin de compléter vos permis, pour atteindre la compétence qui vous intéresse. Aussi, les Eons vous serons d’une grande aide durant votre aventure, et vous pouvez partir à votre guise à leur chasse quand vous sentez que les écrans de Game Over arrivent trop souvent !
Un Final Fantasy XII version Switch à la hauteur ?
Avant de clôturer ce test, il est important de parler des spécificités de cette version Switch. Une partie d’entre vous qui nous lisent se demandent peut-être si oui ou non cette version vaut la peine d’être achetée, alors que vous possédez déjà la version originale sur PlayStation 2. Sachez que deux nouveautés sont apportés avec cette version Switch. Tout d’abord, vous pouvez faire des ensembles de gambits : vous avez jusqu’à 3 listes différentes de gambits par personnage, ce qui laisse une plage de choix et d’actions énorme en terme de style de jeu. Par exemple, vous pouvez décider d’avoir un style de jeu offensif puis défensif par moments, ce qui peut vous faire profiter encore plus pleinement du jeu en exploitant à 200% ce système de gambits. Aussi, vous êtes libres de changer de job pour chaque personnage quand vous le désirez ou de réinitialiser votre grille de permis, ce qui là aussi accroît les angles avec lesquels un joueur peut aborder le jeu, c’est donc forcément une excellente chose. Il est à noter que ces fonctionnalités sont exclusives aux versions Switch et Xbox One, et ne sont pas présentes sur PC ni sur PS4.
Côté technique, ce remastered tourne parfaitement en mode salon, et est locké à 30 fps en mode portable en 720p. A part quelques effets de flou que l’on peut distinguer en mode nomade, rien d’alarmant et rien qui ne puisse empêcher le joueur de profiter pleinement du jeu. Comme pour la plupart des jeux, le mode portable est peut être légèrement en dessous techniquement, mais il a le mérite de proposer l’expérience Final Fantasy XII : The Zodiac Age partout où vous le voulez, ce qui est un atout non négligeable, et qui fera oublier à la quasi totalité des joueurs les petites lacunes techniques.
Réalisé et écrit à la perfection
-
Réalisé et écrit à la perfection - 90%90%
Résumé
Final Fantasy XII : The Zodiac Age était un RPG déjà classique, voire légendaire pour de nombreux joueurs, et cette version Switch le sublime encore un peu plus. Parcourir Ivalice en 2019 est toujours aussi agréable et incroyable d’immensité, de possibilités, et de complexité. La diversité des personnages, des trames scénaristiques, du gameplay et des décors proposés font de cet opus un grand jeu à n’en pas douter. Les nouvelles fonctionnalités ajoutées à la version Switch ainsi que le mode portable rajoutent encore de l’intérêt à ce 12ème opus de la saga Final Fantasy, qu’il vous faudra acquérir au plus vite si ce n’est pas déjà fait, sous peine de passer à côté d’une aventure mémorable.
Pros
- Une histoire complexe et passionnante
- Une durée de vie monstrueuse
- Un univers riche
- Un gameplay diversifié
Cons
- Le mode portable un peu en dessous