Devil May Cry 3 Special Edition, le vieux revient – TEST

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Attention : le ton de ce test, disons-le d’avance, ne sera pas ouvertement positif. Avant de m’insulter sur Twitter et de menacer ma famille, quelques points sont à clarifier : premièrement, je n’avais jamais, avant cette version Switch, joué à Devil May Cry 3 (oui, je sais, ce n’est pas bien). Deuxièmement, je n’ai pas oublié qu’il s’agissait d’un portage, mais cela ne m’empêche pas de le juger comme j’ai jugé les portages de Star Ocean ou de Phoenix Wright (un autre jeu de chez Capcom, tiens) : en jugeant de son intérêt en 2020, dans le contexte du line-up de la console hybride de Nintendo. Ceci étant dit, montez et attachez votre ceinture, c’est parti pour le test !

Un portage paresseux

De faire bonne impression, Devil May Cry 3 Special Edition ne semble en avoir cure : l’on est accueilli dans le jeu par une cinématique et des menus « dans leur jus », tout droits venus de la PlayStation 2. Et autant je peux pardonner à Capcom pour la première cutscene (bien qu’il y ait désormais des outils numériques pour upscaler une vidéo, par exemple), pour les menus, c’est une autre histoire. Systématiquement hideux, certains d’entre eux sont même présentés avec un ratio 4:3 qui contraste grandement avec celui du jeu, preuve du manque de soin apporté au portage par l’éditeur, qui vend pourtant le jeu pour une poignée d’euros de moins que la collection HD de la première trilogie sur Steam, et qui, surtout, nous avait habitué à mieux avec les portages qualitatifs de Phoenix Wright : Ace Attorney Trilogy, Dragon’s Dogma et Monster Hunter Generations Ultimate.

Certes, cette version Switch de Devil May Cry 3 offre quelques nouveautés par rapport à celle disponible sur PC : la capacité de jouer immédiatement en tant que Virgille frère de Dante, un mode survival nommé Bloody Palace, ainsi que, surtout, la possibilité de changer de style de combat en plein jeu, un ajout qui vous permettra d’atteindre plus facilement le rang SSS durant les affrontements, le tout en rendant ceux-ci plus variés. En jeu, l’aspect visuel a lui aussi été amélioré de manière assez classique, mettant le titre au niveau de ce qui s’est fait sur d’autres portages PS2, notamment ceux de chez Square Enix (Final Fantasy X, Final Fantasy XII). On ne peut néanmoins pas en dire autant du son, dont la sur-compression – absolument inutile au vu de la taille du jeu – m’a donné l’impression d’écouter les musiques et dialogues du jeu sur un baladeur MP3 de 2004.

Le beat them all de pépé

Mais passons. Passons, et essayons de se plonger dans ce qu’on m’avait vendu comme un incontournable chef-d’œuvre. Alors, disons que soit vous souffrez tous d’une forme d’hallucination collective depuis quinze ans, soit Devil May Cry 3 n’a pas spécialement bien vieilli. Je ne vais pas nier les bons points, absolument indiscutables : les combats sont indubitablement funla plupart du temps, mais j’y reviendrai, l’humour fonctionne toujours, il y un certain sens du style dans la composition des cinématiques, et le character design est aussi réussi que l’atmosphère. C’est à peu près tout, et c’est surtout un problème dans la mesure où il est possible de trouver un contrepoint à chacune des qualités citées : l’humour désamorce les enjeux dramatiques, les cinématiques sont au service d’une histoire inintéressante, et les niveaux dans lesquels évoluent les personnages sont assez hideux et pas très bien designés.

Devil May Cry 3 se vend comme un jeu de genre « Stylish Action », une façon de ne pas assumer être un beat them all (certains sur internet, y compris Wikipedia, disent que c’est un hack ‘n slash, mais c’est autant un hack ‘n slash que moi je suis le pape) : les combats en arènes fermées, les combos, la possibilité de changer d’arme… tous les classiques du genre sont bel et bien présents. On est donc sur un créneau qui est déjà occupé sur Switch, et avec beaucoup de talent. Il est très probable que les gens l’ayant apprécié en 2005 soient contents de le retrouver en 2020 – même s’il leur faudra fermer les yeux sur certaines vieilleries – mais, pour tous les autres, jouer à Devil May Cry 3 après s’être éclaté sur les deux Bayonetta et Astral Chain, c’est comme visionner L’Arrivée d’un train en gare de La Ciotat après avoir vu Le Parrain.

L’enfer de Dante

Difficile, déjà, de s’amuser sur un beat them all quand on passe une partie non négligeable de son temps à faire des aller-retours, à se perdre dans des niveaux trop sombres (le tout dans un silence pesant, qui n’est interrompu par une musique agressive que lorsqu’il y a des ennemis à l’écran), et à résoudre des énigmes qui ne consistent que trop souvent en « va chercher un objet à l’autre bout du niveau puis reviens le mettre là », sans que ni le chemin à emprunter, ni les objets à trouver, n’aient vraiment de sens : j’ai eu plus d’une fois l’impression de me retrouver perdu comme dans un point ‘n click, avec une irrésistible envie de consulter une solution ou d’exploser ma console d’agacement. Retrouver sa route n’est pas non plus facilité par la caméra fixe (ou semi-fixe) à la Resident Evil, votre pire ennemi dans le jeu. Fracasser des monstres et esquiver leurs attaques avec précision quand l’angle de la caméra n’arrête pas de changer n’est tout simplement pas amusant, et génère une difficulté inutile.

Le fait est donc que, même si les combats peuvent être amusants (tuer des monstres avec style l’est toujours), ils sont beaucoup moins précis que ceux d’un beat them all de chez Platinum Games (pour ne citer qu’eux), tout en étant moins fun que ceux d’un Kingdom Hearts III. Le jeu n’est pas non plus aidé en cela par la Switch, un support qui ne lui sied pas vraiment, puisque du fait du peu de « points de sauvegarde » et, surtout, d’un gameplay qui ne s’adapte pas vraiment aux petits boutons des Joy-Con, vous n’aurez une expérience de jeu appréciable qu’en docké, avec votre manette Pro. La question se pose donc : outre l’aspect « conservationnel » d’un tel morceau de l’histoire du jeu vidéo, quel est l’intérêt de rejouer à Devil May Cry 3 aujourd’hui ? Ses amateurs l’auront déjà fini, et plutôt deux fois qu’une ; quant aux autres, ils trouveront aujourd’hui beaucoup mieux dans le catalogue de la console de Nintendo.

Le vieux revient
  • Venez pour la bagarre, restez pour la bagarre - 50%
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Résumé

Portage médiocre d’un titre qui a plutôt mal vieilli, Devil May Cry 3 Special Edition devrait contenter ses fans et les amateurs les plus hardcore du genre. Tous les autres pesteront devant ses niveaux labyrinthiques et sa caméra d’un autre temps, qui génèrent un énervement et une frustration inutile : l’on passe finalement plus de temps dans le jeu à faire des trucs ennuyeux que des trucs amusants. Dix heures pour le finir, voilà au moins qui est assez court, mais je n’ai pas envie de le relancer pour autant.

Les +

  • Les combats sont satisfaisants…
  • Dante est un personnage sympathique
  • L’atmosphère du jeu
  • Le character design des ennemis
  • On rigole plus d’une fois
  • Jolie refonte des graphismes
  • Dante ne ressemble pas à Laurent Wauquiez

Les -

  • … quand il n’y a pas de problème de caméra
  • Audio sur-compressé
  • Menus immondissimes
  • On se perd tout le temps
  • Histoire sans intérêt
  • Désagréable à jouer en portable
  • La caméra, putain
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lunapolitana
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Fan de consoles Nintendo et de jeux japonais depuis que je suis en âge de tenir une manette. Si je ne suis pas dispo, c'est probablement que je visite un parc Disney.