Nintendo semble avoir un mal fou à résumer ce qu’est Tokyo Mirage Sessions #FE Encore au public. De la musique ? Des personnages de Fire Emblem ? Ma théorie, c’est qu’ils avaient peur de promouvoir ce qui est, malgré tout, un jeu de niche, comme semblent le prouver le faible nombre d’exemplaires physiques disponibles dans notre pays. Pourtant, une fois la manette en main, on se rend très vite compte de ce qu’on a en face de nous, en témoigne ce message audio que j’ai envoyé à une très chère amie après avoir passé seulement trois heures sur le jeu : « meuf, il faut vraiment que tu y joues, c’est Shin Megami Tensei, sauf que les personnages ont des Stands à la JoJo’s Bizarre Adventure et que ces Stands sont des personnages de Fire Emblem ». Face à cette phrase, deux réactions possibles : « Génial ! » ou « Hein ? ». Si vous vous situez dans la première catégorie, courez chez le revendeur le plus proche et procurez-vous le jeu, je ne pourrai pas vous donner plus envie que ça. Si vous êtes dans la seconde, en revanche, prenez une chaise et regardez-moi essayer vous expliquer ce qu’est Tokyo Mirage Sessions #FE Encore.
C’est l’histoire d’un mec sur le pont Nihonbashi
Vous êtes à Tokyo. Un Tokyo simplifié, certes, mais dont les quelques zones explorables sont plutôt bien reproduites. Jeune homme sans histoire ni grande ambition, Itsuki Aoi va se retrouver mêlé malgré lui à Fortuna Entertainment, une agence de talents qui cache en fait un regroupement de « Maîtres Mirages », des personnes possédant le pouvoir de pouvoir voir et combattre les monstres de l’Idolasphère, un monde parallèle au notre, dans lequel se cachent lesdits Mirages, des créatures pouvant aussi bien être bienveillantes que malveillantes, et dont les plus mauvaises ne désirent qu’une seule chose : s’emparer de l’énergie créatrice des humains, appelée ici Performa… Ok, je crois comprendre pourquoi Nintendo a eu un peu de mal à expliquer le jeu.
Mais ne vous inquiétez néanmoins pas : si cette histoire est complexe à expliquer à un néophyte, elle se déroule dans la plus grande clarté dans le jeu, grâce à la qualité de sa narration, qui se file entre cinématiques animées de grande qualité et dialogues plus simples – façon visual novel – qui sont, et c’est assez rare pour être souligné, entièrement doublés en japonais par des acteurs fort convaincants, qui ne font qu’augmenter notre affection pour cette bande de personnages bigarrés. La traduction française des textes du titre (sauf, inexplicablement, de ceux des très beaux menus) permettra, qui plus est, à chacun d’entre nous de profiter de cette histoire simple mais passionnante. Un bon point à mettre sur l’édition du jeu par Nintendo car fort est à parier qu’Atlus et ses distributeurs européens auraient été beaucoup plus frileux à l’idée d’offrir des traductions locales aux habitants du Vieux Continent.
You gotta fight for your right to sing
Mais comme dans tout bon jeu dérivé de Shin Megami Tensei, le cœur de Tokyo Mirage Sessions #FE Encore réside dans les donjons et les combats. Ceux-ci prennent place dans l’Idolasphère, un monde parallèle au nôtre qui possède un certain nombre d’entrées dans la ville, qui représentent chacune un donjon différent. Ceux-ci, très bien construits, sont des labyrinthes aux énigmes simples mais efficaces, portés par des designs qui leurs permettent de se différencier les uns des autres (un des reproches faits au très sympathique Digimon Story Cyber Sleuth : Complete Edition, qui évoquait par bien des aspects la série d’Atlus). Vous ne vous perdrez pour ainsi dire jamais, et les aller-retours sont minimisés par des téléporteurs bien placés, qui vous permettront de sortir des donjons facilement en cas de pic de difficulté ou de besoin d’objets. Une des très bonnes idées du jeu est d’ailleurs d’avoir placé au sein des bureaux de Fortuna Entertainment une porte vers des donjons d’entraînement, dans lesquels vous rencontrerez des ennemis de plus en plus forts, qui lâcheront des Tome, consommables qui vous permettront de monter de niveau – pensez aux Bonbons EXP. de Pokémon Épée/Bouclier. Attention, néanmoins, à respecter l’avertissement du jeu et à ne pas abuser de ces séances d’entraînement, au risque de se retrouver avec un niveau trop élevé et, par là même, un jeu trop facile.
De fait, le système de combat se savoure mieux avec des ennemis plus forts que nous (même si une mort quasi instantanée vous guette si ceux-ci sont trop puissants). Très stratégique, il fera appel à toute votre intelligence et à votre sens de la planification, avec un indicateur de l’ordre d’action des personnages qui n’est pas sans rappeler celui de Final Fantasy X. S’il peut paraître trop complexe de prime abord, n’ayez crainte : mis en place petit à petit par des didacticiels, celui-ci est aussi simple à comprendre que complexe à maîtriser, et est d’une profondeur rare, qui ravira les amateurs de J-RPG, qui le reconnaîtront, tout simplement, comme l’un des meilleurs systèmes de combat au tour par tour de l’histoire du jeu vidéo, rien de moins. Pour essayer de l’expliquer simplement, votre personnage peut porter un coup normal, mais possède aussi des « skills », capacités qui puiseront dans votre jauge de magie. Ces capacités possèdent toutes un type (feu, vent, électricité…), ce qui tombe bien, car les ennemis possèdent tous des vulnérabilités. Si vous touchez l’ennemi avec une attaque d’un type face auquel il est faible, bingo : vous déclenchez une « session », c’est-à-dire que les autres personnages pourront, eux aussi, porter un coup à l’ennemi au cours de votre tour.
Les petites annonces du Carnage
Vous l’aurez compris, la gestion de ces faiblesses et des « sessions » est absolument primordiale pour ne pas se retrouver pris de court par des ennemis qui peuvent aussi en déclencher : cela serait mentir que de vous dire que je n’ai jamais connu la mort, mais je n’ai jamais, non plus, trouvé Tokyo Mirage Sessions #FE Encore injuste. Un autre aspect important du jeu est la création d’armes : sous réserve d’avoir récupéré les matériaux nécessaires, vous devrez souvent demander à Tiki de crafter pour vous ce qui s’appelle dans le titre un « Carnage ». Chacun d’entre eux vous permettra d’acquérir, petit à petit, de nouveaux skills : une fois une arme maîtrisée à 100%, vous avez donc tout intérêt à en changer, même si la nouvelle fait légèrement moins de dégâts. Une manière de toujours renouveler légèrement les combats et de se passer de « la quête à l’arme la plus puissante », présente dans beaucoup de J-RPG, et d’uniformiser pour tous les joueurs la courbe de difficulté.
Les immenses qualités de Tokyo Mirage Sessions #FE Encore, tant au niveau du gameplay que d’un point de vue narratif, compensent sans aucun problème une technique qui sent un peu le formol, avec des textures simplistes et des animations rigides, ainsi qu’une musique légèrement passe-partout, malgré les très sympathiques morceaux de J-Pop qui ponctueront votre aventure. Je ne sais toujours pas pourquoi – si ce n’est pour apporter encore plus de variété au catalogue de la Switch – Nintendo a choisi de porter ce titre, parmi tous les titres Wii U disponibles (il a été porté avant Super Mario 3D World !). Mais les amateurs des J-RPG d’Atlus ne peuvent qu’être reconnaissants de pouvoir jouer à cet excellent titre, et ce, dans les meilleures conditions possibles.
Les vrais le savent très bien
-
Les vrais le savent très bien - 85%85%
Résumé
Si vous espériez Persona 5 sur Switch, et si vous attendez avec impatience la sortie de Shin Megami Tensei V, jetez-vous sans plus tarder sur Tokyo Mirage Sessions #FE Encore. Le titre d’Atlus s’inscrit dans la droite lignée de leurs productions précédentes et vous propose de vivre une aventure passionnante, rythmée par l’un des meilleurs systèmes de combat au tour par tour que je n’ai jamais vu. Un jeu de niche, certes, mais quel jeu de niche !
Les +
- Un système de combat génial
- Une histoire engageante
- Des personnages attachants
- (Re)voir Tokyo, toujours un plaisir
- Humour bien géré
- Cinématiques animées magnifiques
- Courbe de difficulté parfaite
- Les morceaux de J-Pop sont engageants
- Petits clins d’œil à Fire Emblem agréables
Les -
- Pas de touche pour courir plus vite
- Musique un peu bateau
- Des graphismes vieillots
- Personnages rigides
- Trop de fan service