L'émulateur Yuzu stoppé net par Nintendo

L’émulateur Yuzu stoppé net par Nintendo



Si vous vous intéressez à l’émulation, peut-être que le nom de Yuzu vous parle. Sinon, ça n’est pas grave ; pour vous situer, Yuzu est un émulateur capable de faire tourner des jeux Nintendo Switch sur Windows, Linux et Android et a été développé par l’équipe derrière Citra, un émulateur 3DS. S’il a fait le bonheur des amoureux de l’émulation, de la préservation du jeu-vidéo et de personnes ne désirant pas (ou ne pouvant pas) se procurer des jeux de la console hybride, le projet est maintenant arrêté. La cause ? Nintendo.

Nous n’allons ni faire l’éloge de l’émulation Nintendo Switch, ni la blâmer ; ça n’est pas ici notre but. L’émulation a un certain nombre d’avantages, le premier étant sans nul doute la préservation du jeu-vidéo dans le temps, mais a également des inconvénients, majoritairement financiers pour les éditeurs et développeurs. Et c’est ce dernier point qui a amené Nintendo à s’attaquer à la Team Yuzu, à l’origine de l’émulateur du même nom.

Un retrait complet et une amende salée

Très récemment, nous apprenions que le constructeur, développeur et éditeur historique Nintendo avait poursuivi en justice l’équipe de développement de Yuzu devant un tribunal fédéral américain, dans le but évident de tuer le projet. La raison évoquée par big-N n’est autre que Yuzu“facilité le piratage à une très grande échelle” ; ainsi, le géant japonais estimait que The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom avait été téléchargé plus d’un million de fois avant même sa sortie et qu’une telle vague de distribution illégale avait été influencée par l’émulateur Yuzu. En d’autres termes, la facilité d’accès au logiciel de la Team Yuzu aurait motivé des millions de personnes à se procurer illégalement un exemplaire digital du dernier Zelda, afin d’en profiter gratuitement ; nous nous demandons d’ailleurs combien se sont retrouvés dans un SteamDeck, délivrant une expérience proche de ce que la Nintendo Switch propose.

En ce 5 mars 2024, la sentence est claire et limpide : Yuzu ainsi que Citra ont complètement fermé leurs portes. Les sites et forums des émulateurs sont inaccessibles ainsi que les ressources permettant de les utiliser ; si le tout subsiste évidemment ici et là à travers le web, il n’y aura plus aucune mise à jour proposée par l’équipe de développement. Le code des émulateurs a lui aussi été rendu privé, empêchant quiconque de se le procurer pour potentiellement maintenir le projet en vie. En plus de la fin du projet, la Team Yuzu se voit contrainte de disparaître des réseaux sociaux … et de payer pas moins de 2.4 millions de dommages et intérêts à Nintendo. Cela résulte d’un accord entre les deux partis, sans lequel la note aurait pu être bien plus salée pour Yuzu.

Le questionnement de la légalité de l’émulation

Cela fait maintenant des dizaines d’années que l’émulation existe et qu’une question la suit de près : est-ce légal ? La réponse est toujours difficile à donner. Si jusqu’ici il était assez limpide de se dire que c’est tout à fait légal, et que c’est la mise à disposition publique des jeux qui ne l’était pas (ainsi que leur téléchargement), le jugement prononcé envers la Team Yuzu vient tout remettre en question. Le risque est simple : que le procès serve de jurisprudence à l’évincement d’autres émulateurs, bien que le tribunal semble affirmer le contraire.

L’un des gros points noirs des émulateurs n’est autre que les fichiers utiles à leur bon fonctionnement. En plus des “roms” de jeux (les fichiers complets des jeux initialement présents sur les cartouches, CD ou autre support officiel), il peut être nécessaire d’utiliser un BIOS d’une console (les fichiers permettant à une console de fonctionner) pour utiliser l’émulateur, BIOS qui est évidemment protégé par droits d’auteur. S’il est possible de récupérer celui de sa propre console, la majorité des gens iront en chercher un illégalement sur le web. Même si la Team Yuzu était claire sur le fait qu’elle ne fournissait aucun BIOS, Nintendo ne l’a pas vu de cet oeil en précisant que l’accès à ce type de fichier était lui aussi trop simple.

Sur son Discord et ses réseaux sociaux, la Team Yuzu a dit adieu à sa communauté en déclarant ceci (traduit de l’anglais) :

Bonjour les yuz-ers et les fans de Citra : nous vous écrivons aujourd’hui pour vous informer que le soutien de yuzu et de Citra est interrompu, avec effet immédiat.

Yuzu et son équipe ont toujours été contre le piratage. Nous avons démarré les projets de bonne foi, par passion pour Nintendo, ses consoles et ses jeux, et n’avions pas l’intention de nuire. Mais nous constatons maintenant que, parce que nos projets peuvent contourner les mesures de protection technologiques de Nintendo et permettre aux utilisateurs de jouer à des jeux en dehors du matériel autorisé, ils ont conduit à un piratage étendu. En particulier, nous avons été profondément déçus lorsque des utilisateurs ont utilisé notre logiciel pour divulguer le contenu du jeu avant sa sortie et gâcher l’expérience des acheteurs et des fans légitimes.

Nous avons décidé que nous ne pouvons pas continuer de permettre que cela se produise. Le piratage n’a jamais été notre intention et nous pensons que le piratage des jeux vidéo et des consoles de jeux vidéo devrait cesser. À compter d’aujourd’hui, nous mettrons nos référentiels de code hors ligne, supprimerons nos comptes Patreon et nos serveurs Discord et, bientôt, fermerons nos sites Web. Nous espérons que nos actions constitueront un petit pas vers la fin du piratage des œuvres de tous les créateurs.

Merci pour vos années de soutien et pour votre compréhension de notre décision.

Team Yuzu

Nul doute que sans l’épisode The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom, Yuzu aurait pu continuer d’exister encore quelques années.

Que pensez-vous de cette information ?
+1
0
+1
0
+1
0
+1
2
Source(s) :


DesBen
1314 articles

Benjamin DESTREBECQ - Joueur de 29 ans, fondateur du site Switch-Actu.fr, je suis passionné par le jeu-vidéo depuis The Legend of Zelda: Ocarina of Time. Je joue sur Nintendo Switch, Xbox One, PlayStation 5, parfois sur mon smartphone. Rédacteur freelance, j'ai également un certain affect pour le webdesign, à mon niveau.

guest

0 Commentaires
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires