Windbound boit la tasse - TEST
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Windbound boit finalement la tasse – TEST



S’il y a un jeu qui m’a surpris cette année, c’est bien Windbound. Débarqué à l’improviste dans mon radar par le biais d’un très joli trailer au mois d’avril dernier, le bougre s’était directement placé dans ma liste des jeux les plus attendus sur Switch. Avec ses faux airs de mashup indépendant de Wind Waker (le bateau, tout ça, tout ça) et de Breath Of The Wild (les herbes folles et le planeur, tout ça, tout ça), le titre développé par 5 Lives Studios possédait, au final, assez d’arguments pour que je tente l’aventure. Malgré tout – et au vu des récentes difficultés qu’ont les studios tiers pour porter leurs jeux en 3D sur la dernière console de Nintendo – mon instinct me poussait tout de même à regarder Windbound avec un certain scepticisme. Y a-t-il anguille sous roche derrière les belles promesses que nous offre l’univers marin de Windbound ? A-t-il réussi à concrétiser les bonnes impressions initiales qu’il m’avait laissé lorsqu’il s’était dévoilé à nous ? Levons l’ancre, hissons les voiles et partons à la recherche des réponses aux questions que soulève l’arrivée de Windbound sur Switch.

Une mer déchaînée, un navire en perdition, une jeune femme aux abois et un inévitable naufrage qui nous plonge dans les abysses d’un monde qui nous est encore inconnu : voilà en substance l’accueil que nous réserve Windbound. Dit comme cela, ce résumé pourrait sonner comme la fin d’une oeuvre que nous aurons alors à peine commencée, mais ce serait mettre de côté deux points importants. Le premier d’entre eux étant que Kara, l’héroïne du titre, se réveillera, quelque temps après avoir sombré, face à un étrange portail de lumière qui la mènera vers un archipel à explorer. Le second point quant à lui nous fera réaliser que cela faisait tout de même bien longtemps qu’il ne nous avait pas été donné d’observer une si jolie direction artistique dans un jeu modélisé en trois dimensions sur Switch.

Windbound est lumineux, les effets marins sont réussis et le characterdesign de Kara n’a pas à rougir de ses concurrents venus d’Hyrule. Cerise sur le gâteau, les expressions faciales de notre héroïne sont diablement bien retranscrites. Crème chantilly sur la cerise, le tout tient également techniquement la route sur Switch. Aucune chute de framerate à déplorer, une distance d’affichage correcte et pas de flou sur nos écrans, que se soit en mode nomade ou en docké. C’est du tout bon pour Windbound qui nous laisse ainsi une excellente première impression lors de nos grands débuts.

Attention, ça tangue

Malheureusement, cet état de grâce ne tiendra pas bien longtemps. D’une part parce que je m’étais fait une fausse idée de ce qu’allait être le jeu, d’autre part parce que celui-ci n’ira jamais au bout de ses ambitions. Raccrochons les wagons et parlons tout d’abord du gameplay proposé par le titre édité par Deep Silver. Windbound est en réalité un jeu de survie à part entière, où il nous faudra construire nos outils, notre bateau et nos armes avec les ressources que nous ramasserons sur les îlots. Il nous faudra surtout gérer notre endurance et notre faim qui influeront négativement sur notre santé s’ils sont négligés trop longtemps. Impossible donc de partir cheveux au vent et sans préparation à l’aventure, au risque de se retrouver à court d’énergie et de passer de vie à trépas aussi rapidement que notre barre d’endurance se réduit lorsque Kara se retrouve à l’eau. Surprises donc, à nous les joies de la récolte permanente de baies, d’herbes sèches, de pierres et autres branches de bois et bonjour aux recettes de craft, parmi lesquelles se trouveront les premiers éléments pour construire notre futur destrier des mers.

Celui-ci sera essentiel pour progresser dans notre quête puisqu’il sera notre unique moyen de nous déplacer d’île en île en nous servant astucieusement de la direction du vent. Après un petit temps d’adaptation, voyager en bateau se fera assez naturellement pour peu que l’on ait assez de ressources pour y installer un mât et une voile. Le côté ludique de ces traversées sera quant à lui très vite contrebalancé par la durée parfois interminable qu’elles prendront et le vide laissé par l’absence d’objectifs autres que celui d’arriver à bon port.

Le fun et l’ennui sont sur un bateau, le fun tombe à l’eau…

Windbound répétera d’ailleurs cet écueil à plusieurs reprises. Sur le papier, le jeu de survie de 5 Lives Studios se veut être une aventure scénarisée, où il nous faudra chasser des bêtes féroces pour nous nourrir et explorer les environs pour trouver trésors et ressources, utiles pour nos futures constructions. Dans la réalité, la narration du jeu se limite le plus souvent à des lignes de texte en surimpression sur l’écran de notre Nintendo Switch et à quelques cinématiques dont une bonne partie sera recyclée lorsque le même type d’action sera réalisé. La chasse, quant à elle, me fera soupirer de dépit à chaque fois qu’un objet nécessitera de récupérer une ressource sur un animal. Véritable melting pot de maladresses, cette activité cumulera une IA de nos ennemis aux fraises, des soucis de collisions en pagaille, un effet de ralenti désagréable et surtout plus que gênant lorsque nos adversaires dépassent le nombre astronomique de deux, la lourdeur des déplacements de Kara et une caméra qui a du mal a suivre les charges des bêtes sauvages qui nous attaquent.

Côté exploration, c’est le minimum syndical. Nous faisons vite le tour des ressources à récolter et seuls les éclats bleus – la monnaie du jeu – et quelques améliorations pour vos barres de vie et d’endurance viendront récompenser les dix minutes de voyage nécessaire sur votre radeau en bambou pendant lesquelles rien de notable ne se sera passé. La structure même de Windbound vient appuyer cette problématique. Séparée en chapitre, la progression dans le jeu répétera toujours le même principe, en s’offrant même la possibilité de recycler quelques-uns de ses environnements. Il faudra atteindre le sommet de trois tours disséminées dans l’océan avant de pouvoir emprunter un portail qui vous mènera face à un titan marin (toujours le même). L’affronter se fera lors de phases de traversées qui se résumeront tout bêtement à aller d’un point A à un point B en bateau en évitant des obstacles. Loin d’être trépidantes, elles n’auront pour seuls intérêts de pouvoir acheter à la fin une bénédiction avec vos éclats bleus, qui nous donneront la possibilité de récupérer un objet incassable pour le prochain chapitre ou un bonus quelconque pour la suite de notre voyage.

Le flop du rogue

Attention toutefois à ne pas mourir en chemin, sous peine de perdre totalement notre bateau ainsi qu’une bonne partie de nos richessesseuls nos sept premiers emplacements de ressources sont sauvegardés à notre réveil. Cependant, la mauvaise ergonomie de l’inventaire et le manque de lisibilité des icônes qui symbolisent nos ressources ne nous pousseront absolument pas à nous organiser en conséquence. La frustration qu’engendre la disparition de notre fidèle écuyer des océans et de nos précieuses possessions durement amassées viendra mettre à mal cette formule rogue-like, imbriquée au forceps dans les mécaniques de gameplay de Windbound.

Pire, la mort ne sera pas la seule responsable de la perte de votre progression puisqu’il faudra également composer avec les nombreux crashs du jeu. N’ayant pas assez de doigts pour les compter, ils furent, pour chacun d’entre eux, à l’origine de la perte de ma sauvegarde, me forçant à recommencer au tout début du chapitre en cours. Le boulet de trop accroché sur les chevilles du pauvre Windbound, coulant inexorablement dans les fins fonds de ma liste des meilleurs jeux sur Nintendo Switch.

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Windbound boit finalement la tasse
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Summary

Windbound fut plus une mauvaise surprise qu’autre chose. À vouloir tout faire, le titre de 5 Lives Studios ne parvient jamais à proposer une expérience satisfaisante. La faute à un univers qui montre très vite ses limites en termes de narration et en intérêt ludique. Reposant sur la même structure du début à la fin et peinant à se renouveler sur la durée, Windbound n’arrive pas à aller plus loin que les premiers frissons d’aventure qu’il nous procure lors de nos débuts dans le jeu, dommage.

Les +

  • Windbound tient techniquement la route
  • Le pilotage du bateau
  • La jolie direction artistique
  • L’aspect survie fonctionne bien

Les -

  • L’ergonomie de notre inventaire
  • Des mécaniques rogue like, hors de propos
  • Les combats sont brouillons
  • Le recyclage de certains environnements
  • Les traversées entre les chapitres qui se ressemblent toutes
  • Les crashs fréquents du jeu
  • La perte, trop punitive, de votre bateau et d’une partie de vos ressources a chacune de vos morts
  • Un monde vide, et souvent ennuyeux
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Ducksan
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La légende raconte qu'il est tombé dans le puit sans fond des jeux indépendants quand il était petit. Elle rajoute qu'une fois remonté, il plongea malencontreusement dans le puit du voisin d'à côté, celui de la collectionnite aigüe pour les versions boîtes de jeux Nintendo Switch.