Star Wars Outlaws, un portage qui met d’accord – TEST

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Il n’y a pas si longtemps, dans notre propre galaxie, il était difficile de concevoir les jeux modernes Star Wars sur console Nintendo. Si les nombreux remasters (à la qualité parfois très douteuse) ont submergé la Nintendo Switch tout au long de sa vie, espérer jouer aux derniers Star Wars Jedi ou encore le récent Star Wars Outlaws ne semblait être qu’une fantaisie. Jusqu’à ce qu’Ubisoft annonce l’arrivée d’Outlaws sur Nintendo Switch 2. Un portage qui aura fait parler (négativement) jusqu’à sa sortie, et il faut aussi avouer que les images montrées lors des Nintendo Direct ne donnaient pas envie de s’enthousiasmer. Enthousiasme qui est revenu à la sortie du jeu, avec une aventure des plus solides sur la nouvelle hybride de Nintendo. 

Quand Ocean’s Eleven rencontre Star Wars 

Star Wars Outlaws prend place entre l’Empire Contre Attaque et Le Retour du Jedi, alors que l’Alliance Rebelle n’est pas dans la meilleure des formes, que Luke Skywalker a perdu sa main juste avant d’apprendre que le tyran local était son père et qu’Han Solo fait une sieste chez Jabba le Hutt dans la carbonite. C’est dans ce contexte géopolitique compliqué que l’on retrouve Kay Vess, la protagoniste de l’histoire, et son petit animal Nix, un tout mignon merqaal de compagnie. Kay vit à l’étage d’une cantina sur la planète Cantonica, dans la ville de Canto Bight, qui est littéralement Las Vegas dans l’espace. Notre personnage est une voleuse, elle a appris les filons par sa mère, qui l’a abandonnée. Kay vit désormais de petits larcins, jusqu’au jour où tout tourne mal. 

Alors qu’elle est chargée de piller le coffre de Sliro, un très riche habitant de Canto Bight, elle se retrouve piégée par ses camarades. Forcément, la victime du casse n’était autre que le leader d’un tout nouveau syndicat du crime nommé Zerek Besh, et dont la place dans le crime organisé monte en flèche. Bien aidée par sa créature toute mignonne Nix, Kay parvient à s’échapper de chez son tortionnaire et vole un vaisseau pour s’enfuir de la seule planète qu’elle n’ait jamais connu. Ça ne plaît pas à Zerek Besh, qui place sur sa tête une « marque de mort », lançant à sa poursuite bon nombre de chasseurs de primes. C’est à partir de ce moment là que l’aventure de Kay Vess commence pleinement : elle doit trouver une solution pour retirer sa prime, et cela va passer par un casse de grande envergure.  

Sans jamais être l’histoire la plus originale, Star Wars Outlaws a plusieurs mérites : d’une part, ne jamais s’intégrer dans des enjeux plus grands que ses personnages. Kay Vess est une simple voleuse, douée certes, mais son personnage n’aura jamais dans l’idée de sauver l’univers. Kay a beaucoup de similitudes avec un Han Solo, mais c’est aussi un personnage marqué par l’abandon, qui peine à faire confiance et en a ras-le-bol d’être trahie sans arrêt, sauf qu’elle doit apprendre à vivre dans un milieu où la trahison est une tradition. D’autre part, Star Wars Outlaws a aussi le style de s’éloigner de tout ce qui tourne en général autour de l’univers de la Guerre des Étoiles : les Jedi. Vous ne verrez pas un seul sabre laser durant votre aventure… Et ça fait du bien de voir un jeu s’absoudre de ces impératifs ! 

Pour effectuer le plus grand casse de sa vie, Kay Vess va monter une équipe. Elle est accompagnée de ND-5, un droïde commando tout droit issu de la prélogie (et peut-être le personnage le plus marquant du jeu). Froid et très premier degré, ce droïde a peut-être la meilleure évolution de tout le jeu. Les autres compagnons de Kay seront au mieux sympathiques, au pire oubliable. C’est peut-être là que Star Wars Outlaws manque le coche : l’équipe de personnages n’est pas particulièrement marquante, ni attachante. Et cela aussi s’explique, car la majorité du temps, on joue Kay Vess non accompagnée, ce qui ne permet pas de développer les relations avec son équipe, à l’exception de ND-5, toujours en communication avec elle. 

Toute votre aventure sera rythmée par des musiques qui respirent l’univers Star Wars. C’est toujours difficile de passer après les travaux de Williams, mais le compositeur du jeu Wilbert Roger II a su intégrer les sonorités propres à la licence et rend une copie très satisfaisante à l’oreille. Seul défaut : à l’exception du thème principal, rien ne m’est resté en tête. 

Des planètes en veux-tu, en voilà 

Dans Star Wars Outlaws, vous allez aussi être amené à voyager d’un système à l’autre. De nombreuses planètes seront à votre portée : Toshara (créée pour l’occasion), Akiva, Tatooine, Kijimi… telle sont les destinations proposées par le jeu. Des planètes aux biomes différents qui vont permettre de renouveler les décors et l’intérêt. Chacune propose (sauf Kijimi) une vaste zone ouverte dans laquelle notre personnage sera libre de se balader en speeder pour découvrir les nombreux secrets qui la composent.

Sam Fischer, Nathan Drake, Kay Vess… même combat ?

Pour cambrioler, il faut savoir faire preuve de discrétion. Si Star Wars Outlaws est un jeu d’action / aventure dans lequel vous pouvez sortir votre blaster pour faire le ménage, vous allez souvent vous faufiler discrètement pour atteindre vos objectifs. Sans jamais proposer un arsenal d’infiltration comme dans Splinter Cell, Kay Vess dispose tout de même d’alternatives pour se créer des chemins : à commencer par Nix. Ce petit merqaal trop mignon est aussi l’outil de diversion parfaite. Vous allez pouvoir l’envoyer faire le clown devant les gardes pour les contourner, l’envoyer faire exploser des barils pour créer la panique, lui faire ouvrir des portes, des passages, désactiver des alarmes, et même lui faire attaquer directement les ennemis. Nix est un candidat parfait pour le sidekick de l’année : trop mignon dans l’histoire, super efficace en jeu.

Vous allez aussi être amené à utiliser les talents de Kay en hacking pour avancer dans l’histoire, ouvrir des portes et verrouiller les caméras de surveillance, et plutôt qu’un simple bouton sur lequel appuyer, Massive a trouvé une formule de mini-jeux vraiment agréable. Entre un jeu de rythme sur lequel il faut appuyer au moment où la lumière s’allume et le petit jeu de memory, ces tâches sont toujours des petits moments de satisfactions.  Il y a aussi un point d’honneur à mettre sur le level design. S’il ne vous fait pas exploser le cerveau, le jeu propose de nombreuses approches et manières différentes de parcourir les niveaux, si bien qu’entre ma partie sur PS5 à la sortie du jeu en 2024, et celle de la version Switch 2, j’ai fait des choses d’une toute autre façon. 

Parfois, quand la manière douce ne fonctionne pas, il est temps de sortir les armes. Si les gunfights de Star Wars Outlaws ne resteront pas au Panthéon du jeu vidéo, ils ont le mérite d’être efficaces. Kay a une palette de mouvement variée, elle peut tirer au jugé quand elle se cache, glisser et tirer en même temps, mais surtout, elle a un blaster aux multiples facettes. Entre les lasers normaux, les rayons électriques ou encore les tirs plus explosifs, les séquences de combats se transforment parfois en vrai petits casses-tête pour déterminer quelle arme est la plus efficace face aux ennemis. Nix a encore une fois sa grande utilité dans ces séquences, vous pourrez l’envoyer chercher des armes ennemies tombées ou encore des soins. 

Vous pourrez aussi voyager dans l’espace dans Star Wars Outlaws ! À bord du Trailblazer, vous allez pouvoir naviguer en orbite autour des planètes que vous visitez. Un nouvel espace ouvert où vous pourrez y trouver objets, quêtes etc. Si la conduite et les combats à vaisseau ne sont pas aussi maîtrisés que dans un Star Wars Squadrons, le tout reste efficace et fonctionne bien. Seul regret, le manque de missions dans l’espace tout au long de la quête principale. 

Un système de compétences qui favorise la découverte

Si Star Wars Outlaws n’est jamais vraiment une révolution, il a l’audace de tenter parfois des choses. Son système de compétences est un bon exemple. Fini les points de compétences amassés avec de l’expérience, pour obtenir de nouvelles capacités, il faudra faire des actions et récupérer des objets. Un système vraiment agréable, qui invite le joueur à jouer différemment dans les phases d’actions et d’infiltrations, mais qui pousse aussi au contenu annexe du jeu. Certains objets à récupérer pour débloquer une compétence sont difficilement accessibles sur le chemin de la quête principale, et les développeurs vous invitent à dévier de la trajectoire initiale pour rendre Kay plus efficace. Un choix vraiment pertinent, même s’il peut être désagréable d’avoir à faire du secondaire pour développer certaines compétences. À savoir aussi que si certaines compétences peuvent vous faciliter la vie, elles ne sont pas nécessaires au bon déroulement de votre aventure, et vous pourrez passer outre sans vous en préoccuper. 

Les syndicats, belle idée

Tout au long du jeu, vous allez devoir collaborer avec les syndicats du crime de l’univers pour avancer dans l’histoire et le contenu annexe du jeu. Vous rencontrerez les Hutts, l’Aube Écarlate, le clan Ashiga et les Pykes, tous bien connus de l’univers. Kay se faisant rapidement une réputation, elle est contactée par les syndicats pour de multiples contrats. Sauf que voilà, les syndicats aiment se tirer dans les pattes et Kay sera souvent utilisée pour ça. Vous allez avoir tout au long de l’aventure un baromètre de vos relations avec chaque syndicat : allant d’ « Atroce » à « Excellente ». Sous ce système se cache plein de particularités sympathiques : vous pourrez aller et venir sans soucis dans les bases d’un syndicat qui vous aime bien, tandis que les syndicats qui vous méprisent finiront par envoyer des tueurs à votre poursuite et tireront à vue. Plus que ça aussi, le niveau de confiance vous ouvrira les portes de certaines boutiques et de certains objets et cosmétiques, en plus d’avoir un léger impact sur la fin de l’histoire (veillez à avoir au moins un syndicat dans la poche !). 

Le seul souci de ce système, c’est qu’il ne se marie pas forcément bien avec la narration du jeu. Par exemple, vous pouvez avoir une relation atroce avec un syndicat, mais l’histoire décide que vous allez avoir une discussion avec leur chef qui vous fait confiance pour une mission (et ce, malgré de multiples trahisons !).

Pleins d’à côté

Et derrière tout ça, le jeu profite d’un contenu annexe très généreux, avec beaucoup de quêtes secondaires, des contrats à remplir, mais aussi des mini-jeux très chouettes : l’univers est rempli de petits jeux à faire, que ce soit de la simple borne d’arcade aux paris de courses de chevaux. Sans oublier le Sabacc de Kessel, le poker de l’univers de Star Wars qui est tout simplement génial, et où en plus, on peut tricher sans vergogne ! 

On peut rajouter à ça les deux DLC « Wild Cards » et « A Pirate’s Fortune » ; le premier vraiment chouette, qui permet de mettre en avant le personnage de Lando Calrissian et tourne autour d’un tournoi de Sabacc rappelant un certain Casino Royale. Le second lui, est plus discret, moins captivant, mais fait le café, et permet pour les fans de retrouver l’excentrique Hondo Ohnaka, qui a toute sa place dans l’univers d’Outlaws. 

Une petite claque technique 

Mine de rien, c’est encore difficile d’établir, quelques mois après sa sortie, les véritables capacités de la Nintendo Switch 2. On disait à l’époque que ce Star Wars Outlaws pourrait être l’un des jeux qui en dirait le plus sur ce que la machine est capable de cracher. Et autant dire qu’on a en face de nous un portage terriblement impressionnant.

Pour être clair, après plus de 20 heures sur la version Switch 2, je n’ai jamais eu l’impression de jouer à une sous-version, et pourtant, j’ai découvert Outlaws à sa sortie sur PS5. Une fluidité quasi-imparable en 30 FPS, des textures qui ne font pas tache et des décors qui gardent leur splendeur sont les éléments qui rendent Star Wars Outlaws sur Switch 2 un vrai régal de bout en bout. On peut noter des défauts : les cheveux de Kay qui sont très alliasés (ce qui semble être un souci global sur une bonne partie des productions tiers sur la console), les effets d’explosions qui ne sont vraiment pas folichons, tout comme les effets de lasers par moment, mais cela reste de l’ordre du détail devant l’immensité de la production. Les temps de chargements entre l’espace et la planète sont aussi plus longs que sur console de salon et PC. En portable, le jeu est moins fin et certains défauts visuels cités au-dessus sont accentués, mais il reste une expérience tout à fait honnête qui ne dénature pas l’œuvre originale. À noter que le jeu utilise du ray-tracing, et que par moment, dans ses éclairages, il parvient à faire mieux que la version Series S selon Digital Foundry, une performance à souligner. 

Un portage impressionnant
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Un portage impressionnant

Star Wars Outlaws est un chouette jeu autant qu’il est un portage impressionnant sur la console de Nintendo. Un portage à saluer et qui ne fait pas tache comme pouvaient l’être beaucoup trop de jeux tiers sur Switch première du nom. Outlaws dépeint une partie de l’univers Star Wars que l’on a eu trop peu l’habitude de voir, et le fait de prendre les enjeux de l’univers sous un autre angle est très rafraîchissant. Si vous êtes fan de l’univers de Lucas, difficile de ne pas vous imaginer prendre du plaisir en traçant à toute vitesse sur votre speeder dans les plaines. Ce portage, comme celui de Cyberpunk 2077, continue d’être un signal extrêmement positif. Quand les volontés d’offrir un portage de grandes qualités sont là, ça se ressent. 

Les +

  • Kay Vess, chouette protagoniste
  • Nix et ND-5, des side kicks de qualité…
  • Un beau jeu 
  • Une histoire qui s’éloigne de ce que raconte habituellement la franchise 
  • Un portage techniquement impressionnant…
  • Ne faiblit (quasiment) jamais sur le framerate.
  • Beaucoup de contenu
  • Des DLC efficaces
  • Les syndicats, très bonne idée
  • Le système de compétences

Les -

  • Les autres personnages sont plutôt oubliables
  • Quelques concessions graphiques malgré tout (cheveux / effets d’explosions) 
  • Les DLC malgré tout inégaux 
  • Les syndicats ne s’intègrent pas toujours très bien au scénario 
  • Un contenu annexe un peu trop forcé
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Journaliste un peu trop joueur de jeux vidéo pour son propre bien. Militant pour la sortie de Wind Waker HD sur Switch.


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