Le 16 octobre dernier voyait Légendes Pokémon : Z-A débarquait en deux versions : une pour la première Nintendo Switch et une pour la Nintendo Switch 2. Au programme pour ce nouveau titre Pokémon, réunir deux branches de la saga initiée il y a plusieurs années. Le premier point de départ remonte à 12 ans en arrière avec la sortie de Pokémon X et Y sur Nintendo 3DS, l’une des rares générations à n’avoir pas eu sa version complémentaire ou bien de DLC pour terminer l’histoire entamée. De l’autre côté, Légendes Pokémon : Z-A vient continuer la branche des « Légendes Pokémon » que nous avions découvert en 2022 avec l’épisode mettant en avant le légendaire Arceus. Alors, maintenant que ce deuxième épisode est sorti, pouvons-nous voir un peu plus dans quelle direction Game Freak souhaite nous emmener avec cette série annexe ? Est-ce que les innovations entamées avec Arceus vont être conservées et se poursuivre ?
L’ensemble du test a été réalisé sur la Nintendo Switch 2, avec un paragraphe en fin de page pour parler de la version dédiée à la première Nintendo Switch.
Bienvenue à Illumis
Faisant suite à Pokémon X et Y, Légendes Pokémon : Z-A en reprend son terrain de jeu, ou bien une partie de ce dernier. Toute l’intrigue va se passer dans la ville centrale de la région de Kalos, c’est-à-dire Illumis, une ville largement inspirée de Paris avec sa tour centrale. Vous incarnez un personnage, que vous pouvez nommer et personnaliser selon vos choix, qui débarque fraîchement dans la ville lumière. Très vite, un dresseur (dont le genre sera opposé à votre choix) viendra vous accoster, ce qui aboutira à votre inclusion dans la Team MZ, une équipe qui rythmera l’ensemble de l’aventure en Illumis. Mais avant de parler d’aventure, il faudra d’abord passer par une longue, très longue phase de tutoriel. Dans ce dernier, il ne sera nulle question d’exploration ou de liberté, vous serez invité à suivre un chemin pré-construit dans lequel chacune des actions est forcée par le jeu. Entendons-nous bien, ce long couloir est affreusement long et ne reflète absolument pas l’expérience de jeu finale.
Une fois ce moment pénible passé, le jeu va enfin libérer l’accès à son monde ouvert, un monde qui, vous l’aurez compris, se résume à la ville d’Illumis. Bien que la carte ne soit pas la plus grande que l’on ait vue dans un jeu vidéo, ou bien même dans la licence Pokémon, cette dernière s’avère suffisamment dense pour ne pas s’y ennuyer. On retrouve notamment plusieurs « zones sauvages » au sein de cette ville, qui correspondent à des endroits aménagés dans lesquels on peut retrouver des Pokémon à l’état sauvage. Si au début de l’aventure, ces dernières s’avèrent très peu nombreuses sur la carte, l’avancement dans l’histoire principale va permettre d’en créer de nouvelles un peu partout. Malgré tout, l’objectif de la série des « Légendes Pokémon », visant à créer une cohabitation entre les humains et les Pokémon, tombe quelque peu à plat dans cet épisode avec le côté très artificiel de ces endroits et le manque de vie général qui s’en dégage (entendez par là que les créatures mettent très longtemps à revenir une fois combattues ou capturées).
En plus des phases au sol, Légendes Pokémon : Z-A va prendre un côté Assassin’s Creed (en bien moins nerveux) avec des phases d’exploration des toits de Paris. Il sera possible, en utilisant des échelles ou des téléporteurs, d’accéder aux toits de la ville, qui permettront de croiser des créatures bien spécifiques, de récolter des ressources comme les méga-fragments ou les vis colorées. Si au début ces moments d’exploration peuvent sembler quelque peu frustrants, l’accès à une nouvelle capacité de déplacement en cours de jeu rend ces derniers bien plus fluides et permettent de ressentir un plaisir à se balader de toit en toit.
Mais ces phases d’exploration et de découvertes ne concernent qu’une partie du temps de jeu de Légendes Pokémon : Z-A. Dès la tombée de la nuit, c’est un autre visage que présente la ville d’Illumis : le visage du Royale Z-A. Derrière ce nom se cache un tournoi, qui vise à faire passer le joueur du rang de base (le rang Z) jusqu’au rang A. Pour ce faire, il s’agit d’enchaîner une grande quantité de combats dans les rues de la ville afin d’amasser des points, qui permettent eux-mêmes d’obtenir un ticket pour réaliser le match de rang. Si l’idée est intéressante sur le papier, le titre l’équilibre assez mal et ne va pas jusqu’au bout de son idée initiale.
Des combats à la sauce Xenoblade
Parlons des combats justement : si le passage à l’open-world s’est fait étape par étape avec les différentes sorties sur Nintendo Switch (Terres Sauvages d’Épée et Bouclier, zones ouvertes de Légendes Arceus avant Paldéa d’Écarlate et Violet), c’est bien du côté des combats que s’opère la plus grosse évolution de ce Légendes Pokémon : Z-A. En lieu et place du système de combat au tour par tour cher à la franchise, on retrouve un système prenant le chemin de l’action RPG. On y dirige directement le dresseur qui va devoir se déplacer pour esquiver les attaques, mais également donner les indications des capacités à utiliser à son Pokémon. Ces capacités sont désormais régulées par un timer, à la façon des Xenoblade Chronicles, indiquant quand l’attaque sera disponible à nouveau. Ce nouveau système de cooldown implique de devoir réfléchir davantage au set d’attaque de ses créatures. Bien que rendant les affrontements plus dynamiques, on peut regretter un certain manque de clarté lors des affrontements lorsque bien des effets se superposent.
L’histoire principale du jeu prend place cinq ans après les évènements vécus dans Pokémon X et Y. On y retrouve quelques personnages connus, notamment l’illustre A-Z, ce vieil homme de 3000 ans, déjà à l’origine de l’histoire des jeux de la sixième génération. Ce dernier s’est reconverti en gérant d’un hôtel, hôtel qui servira de base à la Team MZ pour lancer ses opérations. Au début de l’aventure, les missions principales consisteront majoritairement à passer les différents rangs lors du Royale Z-A ou bien rencontrer quelques personnages importants de l’intrigue. Mais juste avant que cette tâche ne devienne trop répétitive, le jeu parvient à instaurer une mécanique venant renouveler l’expérience avec beaucoup de justesse : les Méga-Ferox. En parlant de l’histoire de Légendes Pokémon : Z-A, il faut mentionner un manque cruel dans ces opus : les doublages. De nombreuses cinématiques viennent nous présenter des personnages complètement muets, ce qui nuit considérablement à l’expérience, il est temps que Pokémon évolue sur ce point.
Ces combats contre des Pokémon en forme méga-évolués constituent l’une des forces majeures du titre. On peut assimiler ces affrontements à de véritables boss dans lesquels il faut visualiser les schémas d’attaque de l’adversaire afin que dresseur et Pokémon puissent les esquiver, tout en trouvant les moments opportuns pour contre-attaquer. On peut par ailleurs saluer la grande quantité de Méga-Ferox à affronter tout au long de l’aventure, plus d’une dizaine, avec des affrontements presque tous différents avec des sets d’attaques très divers. Profitons également de cet élément de gameplay pour saluer les nouvelles formes de méga-évolutions, présentes en quantité très satisfaisante dans Légendes Pokémon : Z-A, avec des designs plus ou moins réussis selon l’appréciation de chacun.
Légendes Pokémon : Z-A propose aussi un mode de combat en ligne, qui s’avère assez catastrophique. Votre joueur et son équipe de trois Pokémon sont projetés dans une arène avec trois concurrents. L’objectif est alors de marquer le plus grand nombre de points avant la fin du chronomètre. Ces points s’obtiennent en réalisant des KO contre les autres concurrents dans la partie. Dans les faits, le système de combat du titre rend ces affrontements brouillons et il s’agit uniquement de réussir à achever les adversaires les plus mal en point pour s’accaparer les points. Un système assez oubliable en soi.
Mais techniquement, Légendes Pokémon : Z-A c’est encore à la ramasse
Non. Aussi surprenant que cela puisse paraître, Légendes Pokémon : Z-A gomme une bonne partie des défauts mentionnés dans les jeux de la neuvième génération. La direction artistique regorge de couleurs et s’avère extrêmement agréable. Elle met particulièrement en valeur les modèles des différents personnages du jeu ainsi que des créatures. Alors oui, certains détails restent toujours faibles, notamment l’élément qui n’aura échappé à personne : les fenêtres et de manière plus globale, la modélisation des bâtiments. On ne peut pas dire que c’est sur ce point que le titre brille, mais cela ne vient pas vraiment gâcher l’expérience de jeu à moins de rester des heures à fixer ces modélisations maladroites. Enfin, un petit mot sur le framerate du jeu : il est tout à fait irréprochable. Légendes Pokémon : Z-A garde une fluidité exemplaire du début à la fin, sans avoir constaté la moindre baisse lors des plus de 70 heures que j’ai passées en Illumis.
Prenons également un temps pour aborder l’une des grandes forces du titre : sa bande-son. La grande majorité des titres sont une ode à la nostalgie en reprenant à merveille l’ambiance des titres de la Nintendo 3DS. Ces morceaux accompagnent à merveille l’exploration apaisante dans la ville d‘Illumis. Notons par ailleurs que les thèmes de combats ne sont pas en reste, avec leur violente opposition avec les musiques journées apaisantes. Petite mention particulière pour l’affrontement contre une dirigeante d’un grand hôtel de la ville dont le thème est absolument incroyable.
Si l’ensemble de ce test a été réalisé sur une version Nintendo Switch 2, qu’en est-il du titre sur la première hybride de Nintendo ? Et bien l’ensemble reste très correct. On y perd un petit peu au niveau textures qui se montrent moins fines que sur sa petite sœur. La différence se fait malgré tout ressentir sur deux points en particulier : le framerate et les temps de chargement. Si le tout reste très correct sur la première hybride, force est de constater qu’après 70 heures avec le 60 FPS de la Switch 2, le 30 FPS de la Nintendo Switch paraît un peu plus sec à prendre en main. De la même manière, les temps de chargement quasi inexistants sur la dernière née sont un peu plus longs sur la vieille machine, sans que cela crée un trop gros handicap.
Conclusion - Légendes Pokémon : Z-A : une boucle de gameplay efficace malgré quelques imperfections
Légendes Pokémon : Z-A est une proposition qui vient une nouvelle fois rafraîchir la formule de la licence Pokémon. Une fois encore, l’exploration du monde ouvert est une force de ce jeu, et bien qu’un peu à l’étroit dans cette ville d’Illumis, la densité générale d’activité à faire sur la carte permet de ne pas s’ennuyer. Une fois l’effroyable tutoriel terminé, la boucle de gameplay consistant à enchaîner captures, quêtes secondaires, combats la nuit, puis affrontements contre les Méga-Ferox plus tard dans le jeu fonctionne à merveille. Le nouveau système de combat apporte des côtés positifs comme un rythme plus important, tout en livrant des côtés négatifs avec la perte de lisibilité de l’action.
Enfin, du côté de la technique, Légendes Pokémon : Z-A s’en sort plutôt bien au vu du passé de la série : la direction artistique rend tout à fait honneur au jeu, tout comme les modèles 3D des personnages et des créatures. On regrettera toujours la faible modélisation des bâtiments et des fenêtres. Pour finir, un gros point positif pour la bande-son du titre : entre nostalgie et accompagnement d’ambiance à la perfection, c’est un presque sans faute.
- La boucle de gameplay diaboliquement efficace et addictive
- La capture de Pokémon toujours au centre de l’expérience
- Des affrontements de boss réussis
- Une exploration de la ville et de ses toits prenante
- Des affrontements plus dynamiques
- Une direction artistique charmante
- Des modélisations de personnages de Pokémon en net progrès
- Un framerate stable tout le long de l’expérience
- Une bande-son de qualité
- Un tutoriel trop long et lent
- Une ville un tout petit peu trop petite
- Les zones sauvages trop artificielles
- L’absence de doublage
- Des combats qui perdent en lisibilité
- Les combats en ligne fastidieux
- Des modélisations de bâtiments et fenêtres trop faibles