Depuis l’annonce puis la sortie de la Nintendo Switch 2, les critiques vont bon train envers big-N. Parfois à juste titre, parfois non, mais dans tous les cas il est toujours difficile de se positionner sur les différentes décisions récentes du constructeur. Entre les cartes clés de jeu, l’augmentation globale des prix, les annonces parfois vues comme incohérentes, il y a de quoi se poser des questions. Mais selon Masakazu Sugimori, ancien compositeur et développeur de chez Capcom, Nintendo agit pour protéger l’industrie.
Si ce discours peut prêter à sourire, il n’est pas pour autant dénué de sens. Il est difficile d’imaginer une entreprise aussi pérenne et riche que Nintendo augmenter ses prix pour le bien, c’est évident. Et sans dire que nous pensons comme Masakazu, il peut être intéressant de réfléchir à la déclaration qu’il a publié sur son compte Twitter/X :
Parmi les arguments que l’on entend souvent à l’étranger, il y en a un qui semble être le seul vraiment légitime : « C’est absurde que ce que j’ai acheté devienne injouable quand le service s’arrête un jour. »
Personnellement, je pense que la décision de Nintendo a la signification suivante :
- Carte-clé → Empêche la copie illégale et réduit le risque d’avoir un inventaire ;
- Augmentation des prix des jeux → Les sociétés de jeux qui ont dû faire face à la récente hausse des prix ont levé le drapeau pour augmenter leurs prix ;
- Désactiver les services en ligne pour le matériel ancien → Définir la « durée de vie utile ». Cela facilite la réédition des jeux sur les nouvelles consoles. Mieux encore, cela crée du travail autour des « portages ».
J’ai l’impression que l’objectif principal est de protéger l’industrie du jeu vidéo, et plus largement celle du divertissement numérique. Peut-être que je suis un peu trop indulgent, mais le fait que Nintendo montre l’exemple facilite la décision des autres sociétés de suivre le mouvement pour se protéger.
Pensez-vous vraiment qu’une entreprise qui a déjà gagné autant d’argent le ferait uniquement pour gagner encore plus ? Même si plus rien ne se vendait à partir de maintenant, ils pourraient nourrir tous leurs employés jusqu’à leur retraite avec les liquidités qu’ils ont en banque. Je pense donc que leur priorité est de se demander : « Quelle action permettrait de protéger l’industrie ? » C’est autour de cela que tourne leur réflexion, selon moi.
Pour nuancer légèrement son propos, Masakazu ajoute tout de même que continuer à toujours augmenter les prix pourrait également porter préjudice au marché du jeu-vidéo :
Cela dit, notre industrie du jeu vidéo reste, au fond, un vendeur de « produits de loisir » — les premiers auxquels les ménages renoncent en cas de restriction budgétaire.
Si nous augmentons trop les prix et que les gens se détournent de nous, nous aurons tout perdu, donc il faut trouver le juste milieu, évidemment .
Surtout qu’aujourd’hui, la concurrence est énorme dans le domaine du divertissement. Vraiment… c’est une époque compliquée.
Ces déclarations rappellent à toute fin utile que derrière chaque décision d’un constructeur comme Nintendo peut se cacher une réflexion plus large que le simple profit. Si les joueurs peuvent légitimement s’agacer de certaines pratiques, comme le prix d’un certain Super Mario Galaxy + Super Mario Galaxy 2, il est aussi intéressant de prendre du recul et de voir comment ces choix pourraient s’inscrire dans une logique globale de protection et de pérennisation de l’industrie.
Reste à savoir si cette stratégie portera ses fruits sur le long terme sans trop éroder la confiance des joueurs ni les pousser vers d’autres formes de divertissement. Il est tout à fait logique que les joueuses et joueurs n’aient pas envie de dépenser plus dans ce loisir, dans un monde où tout coûte toujours plus cher au fil des mois et des années.