Rift of the NecroDancer, un flow d’énergie – TEST

90%

Brace Yourself Games et la musique, c’est une longue histoire. En 2015, ils avaient su faire fusionner jeu de rythme et dungeon crawler avec Crypt of the NecroDancer. Depuis, le studio a pris du galon, et a même eu l’immense honneur (et pression aussi, je suppose) de diriger un jeu The Legend Of Zelda avec Cadence of Hyrule. Des années après, la musique reste toujours au coeur de l’ADN du studio, et après un long couvage, c’est Rift of the NecroDancer qui arrive enfin sur Switch. Exit le dungeon crawler pour une formule qui reprend les bases d’un Guitar Hero… et twiste encore la formule. 

Twist le rythme 

Rift of the NecroDancer est un jeu de rythme fantastique. Voilà, c’est dit. Vous pourriez presque arrêter la lecture et ouvrir l’eShop pour l’acheter. Mais quelque chose me dit que vous avez besoin de plus d’arguments que ça. 

Déjà, l’entrée en matière : énergique. La saynète d’introduction, quand on lance le jeu, veux tout de suite nous mettre en haleine. Avec une animation jolie et rythmée qui a des goûts de dessin animé, on est directement happé par l’ambiance du titre. Enfin, on arrive devant l’écran titre, prêt à jouer. Et parce qu’on n’est pas prétentieux, on va quand même lancer le tutoriel, qui nous fait réaliser que Rift of the NecroDancer n’est pas un jeu de rythme comme les autres.  Le gameplay est simple comme bonjour : vous avez trois lignes verticales, chacune correspondant a une touche (à gauche, la flèche gauche, au milieu, la flèche du haut et à droite la flèche de droite). L’objectif sera bien sûr d’appuyer sur les notes qui atteignent le bas de la ligne au bon moment pour marquer des points. Facile ! Sauf que ce ne sont pas des notes qui descendent dans Rift of the NecroDancer : ce sont des monstres. 

Des blobs, des squelettes, des chauves-souris, des dragons… le bestiaire de Rift of the Necrodancer n’est pas avare en créatures. Et forcément, vous n’allez pas simplement devoir toucher une fois les monstres en rythme pour les faire disparaître. Le blob vert par exemple, il est tout simple, il suffit de le toucher une fois pour l’avoir, comme une note. Le blob bleu doit être touché deux fois en rythme avec le tempo, et le blob jaune trois fois. Alors imaginez que la chauve-souris doit être touchée deux fois, mais qu’elle change de ligne une fois touchée, où alors qu’un crâne fait apparaître deux squelettes derrière lui une fois touché, là ça se corse. Ça fait beaucoup d’informations et c’est tout le sel du jeu : une pluie constante de nouvelles mécaniques qui viennent pimenter les parties et rendre chaque piste absolument gratifiante une fois terminée.

Je ne vais pas vous mentir, une fois les trois phases de tuto terminé, j’ai eu une petite goutte de sueur, me demandant si j’avais fait le bon choix en demandant une copie du jeu pour un test. Doute qui se sont estompés pendant les premières heures du mode histoire. Le jeu parvient à doser le challenge petit à petit pour éviter que le joueur ne soit pas submergé cognitivement. Vous n’allez pas avoir les monstres les plus durs dès votre premier niveau, mais au fur et à mesure, les parties vont commencer à s’épicer (sauf si vous choisissez les modes de difficultés les plus élevés, mais en normal, le challenge s’équilibre brillamment). 

Par exemple, les monstres ne sont pas toujours sur le même tempo, certains sont en demi-temps et demanderont d’autres réflexes. De cette manière, Rift of the NecroDancer parvient a donner une sensation que je ne m’attendais pas à ressentir : l’impression de jouer de la musique. Je ne sais pas si vous, en tant que lecteur, vous jouez de la musique, mais pour ma part, sur certains moments de Rift, j’ai eu des sensations similaires à celle que je pouvais avoir en réussissant un solo de guitare ou un break de batterie. Quelque chose de naturel et particulièrement jouissif, tout en devant mesurer mon excitation parce que le morceau continue. 

On ne peut pas parler de Rift of the NecroDancer sans parler de flow, cet état ou vous êtes tellement concentré que plus rien ne semble exister autour de vous. À l’instar d’un Tetris Effect, Rift of the NecroDancer vous plongera très régulièrement dans cet état. En demandant de connaître, lire les patterns des monstres, les voir arriver, vous n’avez pas d’autres choix que d’être focus à 100 %. C’est d’ailleurs aussi peut-être là ou le jeu pêche : à moins de l’avoir déjà fini et de connaître les monstres par cœur, c’est difficile de se motiver à lancer le jeu après une journée de boulot. J’en prends pour preuve des sessions de vendredis soirs où j’avais l’impression de ne jamais pouvoir passer un niveau, avant de réussir le lendemain matin du premier coup.

Une visibilité à toute épreuve

Et si le jeu parvient aussi bien à nous faire ressentir ce sentiment de flow, c’est parce qu’il a aussi une lisibilité à toute épreuve. Malgré un écran qui peut rapidement se retrouver surchargé par les effets et les monstres, la direction artistique fait un travail assez impressionnant pour ne jamais perdre une information. Et c’est que parfois, il y en a ! 

Parce que je vous ai parlé des monstres et des tempos, mais il y a aussi les pièges ! Certains vont se placer sur la piste pour venir vous challenger encore un peu plus : des flammes qui font accélérer les monstres, des plaques qui les font changer de ligne, un piège qui transforme le monstre en point d’interrogation, et qui vous pousse à regarder plus haut pour savoir à quoi vous avez affaire. Les pièges sont une bonne manière d’apporter un peu de challenge quand vous commencez à trop bien vous débrouiller, un rappel à la réalité simple et efficace.Il faut aussi préciser que vous avez une jauge de vie, étonnant non ? Étant donné que vous affrontez des monstres, si vous en loupez trop, vous allez finir par tomber Game Over. Avec dix points de vies, une partie peut s’arrêter subitement si vous perdez vos repères à un moment où la piste est fournie. Mais le jeu n’abuse pas et vous offrira par moment de la nourriture qui vous régénérera, à condition d’appuyer dessus sur le bon tempo, toujours. 

Le jeu propose plusieurs niveaux de difficulté : facile, moyen, difficile et extrême. Il faut mettre un point d’honneur à la gestion de cette difficulté d’ailleurs. J’ai fait le jeu une première fois en moyen, avant de recommencer en difficile et la courbe d’apprentissage s’est révélée très agréable. Mais j’ai beaucoup de respect pour ceux qui arriveront à faire un rang S+ dans le mode de difficulté le plus élevé. À ce stade, le jeu ne fait plus de cadeaux. Le jeu s’appuie aussi sur un système de multiplication de score, qui vous permettra à plusieurs reprises dans la partie de multiplier votre score pour tenter d’aller chercher la meilleure performance possible. On l’utilise peu au début, ou alors on l’utilise comme bouclier, car il permet de ne plus subir de dégâts pendant les quelques secondes où il est activé. Mais une fois les mécaniques maîtrisées, il devient un outil essentiel dans l’optimisation de votre score et des performances. 

Une playlist qui va régler vos esgourdes 

Puis, forcément, comment ne pas évoquer la musique. L’âme du jeu. À la composition, on retrouve principalement Dany Baranowski, qui a par le passé oeuvré sur Super Meat Boy et Binding of Isaac (en plus de Crypt of the NecroDancer et Cadence of Hyrule). Il n’est cependant pas le seul a oeuvré sur Rift of the NecroDancer, on retrouve Jules Conroy (Cadence et Crypt) Alex Moukala (Like a Dragon! Ishin), Sam Webster, Josie Brechner, Nick Nausbaum sont aussi à la manœuvre. Et il faut avouer que le mélange en jette. 

Rift est une véritable bombe musicale à toute épreuve, certains des morceaux ont terminé immédiatement dans ma playlist. Et le jeu n’abuse pas des pistes ultra énergiques avec un gros bpm : si on a des pistes bien rock et rapide, le jeu se permet quelques pas de côté avec des expériences plus douces. Globalement, c’est l’électro qui est au cœur de l’expérience musicale. J’ai même à de quelques occasions lancé quelques morceaux pendant que j’écrivais dans ma rédaction, et ça n’a pas déplu à mon collègue plutôt adepte de musiques électroniques. 

Le DLC Céleste

La sortie de la version Switch du jeu a aussi lancé une première salve de DLC avec l’arrivé d’une sélection de morceaux tiré de la bande originale de Céleste (composée par Lena Raine). À noter que les morceaux ne sont pas retravaillés pour le jeu, mais son bien les pistes originales du jeu de 2018 (Vous retrouverez cependant une reprise par Dany Baranowski d’un titre, disponible sans acheter le DLC). Si c’est avec un plaisir non dissimulé qu’on retrouve les excellents morceaux, on reste un peu sur notre fin niveau quantité. Cinq titres pour cinq euros, c’est certes peu onéreux, mais la bande originale du titre d’Extremely OK Games est tellement marquante qu’on aimerait en avoir plus.

Un flow d'énergie
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Un flow d'énergie

Rift Of The NecroDancer est une fabuleuse réussite. Un jeu énergique, généreux et intelligent de bout en bout. Ses mécaniques peuvent être intimidantes au début, mais les développeur.euse.s réussissent à prendre les joueurs par la main sans jamais la tirer trop fort pour donner un élan suffisant de satisfaction, et une volonté d’aller toujours chercher mieux. Brillant. 

Les +

  • Original et maîtrisé 
  • Une BO qui déchire 
  • C’est beau ! 
  • Très varié dans son gameplay et son bestiaire
  • Intelligent dans sa progression
  • Un pur jeu à flow

Les -

  • Difficile à jouer en mode portable 
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Journaliste un peu trop joueur de jeux vidéo pour son propre bien. Militant pour la sortie de Wind Waker HD sur Switch.


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