Borderlands Legendary Collection : Claptrap m’en cinq – TEST

Oh, what a day….what a lovely day, un soleil brûlant se lève au large des terres de Pandore, une planète hostile où brigands et créatures dangereuses se côtoient jours après jours et offrent à ce monde une saveur empoisonnée. C’est une journée idéale pour prendre les armes et parcourir l’univers tranchant de Borderlands Legendary Collection, une licence décomplexée et enfantée par un studio Gearbox dans une forme olympique, sous la houlette de 2K Games. Et c’est bien la toute première fois que la célèbre licence débarque sur une console Nintendo par l’intermédiaire d’une compilation regroupant les deux premiers épisodes ainsi que l’interquel qui permet de faire le lien entre les deux. Et si Borderlands a toujours su susciter une euphorie collective de la part de la presse et des joueurs pour son gameplay intelligent et nerveux, il pose également une réflexion sur nous-mêmes, nos limites et notre capacité à nous adapter à chaque situation pour arriver à nos fins, même si cela signifie perdre notre humanité. Reste à savoir si cette alliance de bonnes idées permet à cette licence de trouver le bonheur également sur Nintendo Switch.

Dès le début de l’aventure, le ton est donné. Un paysage désertique, des dialogues acerbes, une violence assumée et comique, Borderlands dégage indéniablement une ambiance certes, belliqueuse, mais diablement savoureuse. À mi-chemin entre l’univers impitoyable de Mad Max et celui de Walking Dead, la licence de Gearbox s’évertue à bâtir un univers totalement négatif, un monde où la violence est entièrement banalisée et où n’y a aucune place pour l’empathie. Pour dire, seule votre arme à feu sera préconisée pour lancer une négociation avec un adversaire puisqu’elle sera considérée comme un moyen de communication particulièrement efficace, bref, vous allez vite comprendre où vous posez les pieds (Et c’est souvent dans la gueule).

Une violence particulièrement présente, mais une violence particulièrement narquoise

C’est ainsi que se déroule la vie sur Pandore et ses alentours, c’est un monde sans pitié, agressif et déloyal. Les équipes de développement ont parfaitement su retranscrire ce ressenti par le visuel en créant une planète désolée où les amas de détritus se cumulent jusqu’à former d’immondes structures semblables à des immeubles hideux, où les plantes peinent à trouver la force de s’ouvrir vers le ciel et où la faune locale semble avoir mutée pour se transformer en créatures abjectes et dangereuses. Il est difficile de trouver un havre de paix dans cet environnement néfaste qui cherche constamment à nous anéantir par tous les moyens. Que ce soit dans les régions arides du premier épisode, les paysages enneigés que l’on retrouve dans le second opus ou Elpis, la lune de Pandore qui sert de cadre pour l’épisode The Pre-Sequel et qui rajoute en supplément une tension palpable sur la gestion de notre oxygène ; il sera nécessaire de ne jamais céder à la faiblesse si vous voulez ressortir indemne de ces trois aventures anarchiques.

Cette surabondance de violences offre un contraste intéressant puisqu’elle amène la série de Gearbox vers le grotesque et donne un trait humoristique à l’ambiance globale. C’est peut-être pour cette raison que les équipes de développement se sont tournées vers un style proche de la bande dessinée en ce qui concerne la direction artistique de la licence, offrant ainsi un caractère cartoonesque à l’expérience. En arborant ce style visuel et en associant la violence à l’absurde, le studio fait mouche. Ils arrivent à donner une identité très forte à la licence, mais aussi à dénoncer la bêtise de notre rapport à cette violence en la célébrant burlesquement de diverses manières, aussi bien par le visuel que par la narration. Et toutes ces petites idées sont réalisées avec soin, sans jamais tomber dans l’auto-parodie. Cette approche sera même embellie à partir du second épisode grâce à des graphismes plus affinés qui permettront à la DA de s’exprimer pleinement, mais aussi grâce à des dialogues encore plus sarcastiques (Claptrap je te hais) et une mise en scène bien plus travaillée même si elle restera toujours en retrait.

La ruée vers l’arche

Pandore est le terrain d’une gigantesque chasse aux trésors, puisque la planète cache un lourd secret, une arche qui renferme toutes les merveilles de l’univers et qui se musse quelque part dans les entrailles de la planète. Réalité ou simple coquecigrue que l’on raconte aux enfants pour les aider à s’endormir ? Peu importe puisque vous incarnez un chasseur dont le but premier est de relever tous les indices qui vous mèneront vers ce butin ultime. Toute l’histoire de Borderlands va d’ailleurs s’articuler autour de cette arche et des dérives qu’elle va causer. Bien entendu, le background de la série va s’étoffer lourdement au fil des épisodes transformant la licence en un véritable space opéra avec ses propres codes et ses envolées épiques, oui rien que ça.

Les trois épisodes qui cimentent cette compilation vont tous aborder le sujet d’une manière semblable en adoptant une structure de progression assez similaire. Ainsi au début de chaque aventure, vous devrez choisir un personnage suivant la liste proposée en prenant garde de bien vérifier ses caractéristiques et ses armes si vous ne voulez pas avoir de mauvaises surprises par la suite. Une fois cette étape passée, l’aventure peut commencer. Elle se caractérise par une succession de quêtes principales et secondaires que vous devrez mener à bien pour avancer vers votre objectif ultime. Bien entendu, accomplir la sale besogne vous permettra de gagner des points d’expérience, de monter vos niveaux et de débloquer des compétences. Ainsi, Borderlands n’hésite pas à piocher dans les ressources du jeu de rôle pour enrichir son contenu. Cela se traduit par la présence d’éléments traditionnels à l’image de l’arbre des compétences découpé en trois parties ou encore la possibilité de pouvoir s’équiper de plusieurs types d’armes, de boucliers, de modules ou d’artefacts capables de booster les caractéristiques de votre personnage.

Borderlands Legendary Collection propose donc une progression non linéaire, même si les environnements ne sont pas totalement ouverts sur les trois épisodes. Néanmoins, ce choix attire également des défauts qui ne sont pas négligeables. En effet, les quêtes vous obligent trop souvent à devoir réaliser d’incessants allers et retours à travers les régions (coupées par des temps de chargement) pour cocher les cases de ces missions et les valider auprès de leurs commendataires. Histoire de camoufler cette contrainte, les développeurs ont implémenté un véhicule pour des déplacements plus rapides, mais ce dernier est difficilement maniable en plus de paraître considérablement lourd à l’usage. Même si celui-ci fait partie intégrante du gameplay en offrant la possibilité aux joueurs de participer à des batailles entre carrioles, ce moyen de transport est aussi la cause de nombreux bugs de collisions. Il est fréquent que votre véhicule se retrouve bloqué quelque part (un rocher par exemple) avec l’impossibilité de le dégager, c’est à la fois rageant, mais surtout sacrément frustrant. Point positif tout de même, le second épisode apporte une légère amélioration de côté-là.

Aussi, il existe également un moyen de se téléporter d’une région à une autre, mais cela n’empêche pas la progression de perdre en rythme à cause des quêtes secondaires qui embrassent le style FedEx, bien qu’elles contribuent parfois à agrémenter le background du jeu. Ce nonobstant, ces dernières, en théorie optionnelles, sont bien trop souvent nécessaires à réaliser pour gagner de l’argent, se payer de nouveaux équipements et surtout accumuler de l’expérience pour pouvoir s’atteler à l’objectif principal sans subir trop de bobos.

Des gunfight dynamiques, riches et diablement intelligents (bien plus que les ennemis)

Pour accompagner l’hostilité de la planète Pandore et de sa lune, Gearbox n’avait pas d’autres choix que de délivrer un système de combat puissant et nerveux. Et le pari est réussi puisque les trois jeux peuvent se vanter de proposer des gunfight passionnants grâce à la grande diversité des armes proposées et du feeling ressenti à chaque tir réalisé. Ainsi, vous pouvez vous équiper au maximum de quatre armes à feu différentes, sans compter les explosifs, qu’il faudra utiliser de manière intelligente. De mon côté, sur les trois jeux, j’ai beaucoup aimé switcher entre le sniper, le revolver et le fusil à pompe, cette simple combinaison m’a sauvé les miches plus d’une fois. Il sera primordial d’alterner sans cesse entre vos différents équipements pour conclure un combat proprement. Cela donne un aspect frénétique au jeu et ça nous pousse inlassablement à faire preuve de concentration à tout instant.

Si on ajoute à ça, la possibilité de dénicher des armes avec des compétences élémentaires (poison, feu…etc), on se rend vite compte qu’au-delà du dynamisme des affrontements, il faudra également user de stratégie et de préparation avant de se lancer bêtement dans une fusillade. Pour imager ces propos, certains ennemis seront plus vulnérables face à une arme élémentaire de type feu, d’autres seront plus fragiles au poison. C’est un savant mélange entre le FPS traditionnel et le jeu de rôle. On prend rapidement un plaisir non dissimulé à tenter plusieurs combinaisons d’armes possibles pour pouvoir s’adapter aux faiblesses de nos adversaires. A noter que le gameplay adopte une nouvelle dimension avec Borderlands The Pre-Sequel, la gravité sur le satellite de Pandore étant différente, les combats changent de perspectives puisque le studio a eu la bonne idée d’adapter son level design en fonction de cet élément en lui donnant plus de verticalité. Et même si cette démarche ne change pas fondamentalement les bases du jeu, elles ont le mérite d’apporter une touche d’originalité et de forcer le joueur à aborder certaines situations autrement, c’est très intelligent de la part de Gearbox.

Les combats sont définitivement le point fort de Borderlands, ils sont clairement jouissifs et atteignent leur point d’orgue avec les boss et leurs introductions classes et souvent très drôles (surtout dans le deuxième épisode). Implacables et inflexibles, ils vous amènent à devoir appliquer l’ensemble des subtilités du système de combat pour empoigner la victoire. Ils peuvent sembler difficiles dans un premier temps, mais avec une bonne combinaison d’armes, de bons équipements et une bonne maîtrise du gameplay, les faire tomber sera un jeu d’enfant.

Malgré tout, les ennemis souffrent d’une IA complètement dépassée les faisant agir de manière désordonnée et parfois même incompréhensible. Si pour les monstres, cela ne se révèle pas dramatique, pour les êtres humains, c’est un peu plus compliqué. En effet, il n’est pas rare que ces derniers agissent bêtement, en restant bien à découvert par exemple, ce qui peut ternir l’immersion et c’est bien dommage. L’IA a toujours été un problème dans ce type d’expérience, il est regrettable que cette défaillance bien connue du jeu vidéo s’amuse également à assombrir ce beau tableau, d’autant plus quand il s’avère être reluisant sur de nombreux autres points.

Quid de la qualité du portage ?

Borderlands Legendary Collection est une compilation complète qui vous agrippera et vous retiendra naturellement dans le confort de votre canapé pour des dizaines et des dizaines d’heures histoire de clôturer les trois jeux ainsi que leurs DLC associés. Il est aussi important de relever la présence d’un mode coopération en ligne que je n’ai malheureusement pas eu l’occasion de tester (débit internet bien trop faible) pour vous et j’en suis fort navré.

La version Switch, quant à elle, est tout à fait honnête en plus d’être entièrement fluide, que ce soit en mode salon comme en mode portable. Et même si la partie technique pure reste en deçà des productions AAA actuelles, elle demeure raisonnable et nous offre même le luxe de pouvoir contempler, à certaines occasions, quelques panoramas épatants, notamment sur Borderlands 2 et Borderlands The Pre-Sequel. Reste la regrettable présence de quelques bugs de collision (qui étaient sûrement présents dans les jeux d’origine) et quelques plantages, que j’ai pu relever lorsque j’étais sur l’écran de choix de quêtes pour les deux premiers épisode. Fort heureusement, je n’ai pas remonté cette anomalie sur l’interquel. Espérons tout de même un patch pour corriger tout ça rapidement.

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Maxi Mad et sans ménagement
  • Maxi Mad et sans ménagement - 80%
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Maxi Mad et sans ménagement

C’est difficile de ne pas succomber au charme que dégage cette Legendary Collection. En plus de nous abreuver d’un cocktail flamboyant à la recette riche en vitamines, le titre de Gearbox se permet même de nous bombarder un univers complètement cintré qu’il est impossible d’ignorer. Qu’on apprécie ou non l’humour noir propre à cette saga, on ne peut pas y rester indifférent. Pandore est un monde exagérément barbare où la violence caresse l’hyperbole pour la rendre complètement ubuesque. Et cette approche fonctionne parfaitement, c’est drôle, on se prête au jeu et on en redemande. Si on ajoute à cela une direction artistique efficace et un gameplay passionnant, conseiller Borderlands aux joueurs de la Switch en deviendrait presque un pléonasme.

Les +

  • Un univers déjanté, viscéral et drôle
  • Une direction artistique unique
  • Des personnages sans foi, ni loi
  • Claptrap
  • Une version Switch réussie
  • Un gameplay dynamique, intelligent et riche
  • Trois jeux complets pour le prix d’un seul

Les -

  • Les quêtes FedEx
  • La conduite des véhicules
  • Une IA aux fraises
  • C’est un peu daté graphiquement
  • Quelques bugs parfois gênants
  • Prévoir de l’espace dans la mémoire de votre console….
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3 Commentaires
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joydivision78

J’ai joué a Borderlands 2 sur PSVita et mon dieu qu’il était bugué, dommage car j’aimais bcp ce jeu mais quand ça plante 4 fois à la fin de la même mission (assez dure en plus) …, j’ai jamais pu le finir, je vais surement craquer pour la version switch 😀

Dernière modification le 3 années il y a par joydivision78
DesBen

Ce jeu m’a toujours un peu frustré : il a beau être excellent comme tu le dis, j’ai beau prendre du plaisir dessus, je n’ai jamais réussi à jouer plus de quelques heures. J’ai pourtant Borderlands 1er du nom sur PC, PS4 et Xbox One. Et peut-être vais-je craquer sur la version Switch, pour essayer encore une fois …

Je pense qu’il faut que tu te forces un peu, le gameplay prend réellement tout son sens dans la suite du jeu et à partir du deuxième épisode, l”univers de la licence commence vraiment à s’ouvrir, en plus d’être encore plus sarcastique et drôle. Après la série a une identité très forte, peut-être que tu es juste réfractaire au style tout simplement et ça ne te donne pas vraiment envie de continuer. Essaye peut-être en multi 🙂