Je dois admettre que, quand Marvelous a annoncé un remake d’Harvest Moon DS: Grand Bazaar, je n’étais pas plus enthousiasmée que ça. J’adore les farming sim, mais j’ai été plus souvent déçue qu’emballée par la licence Story of Seasons tout au long de la génération Switch, d’autant plus que celle-ci a été très prolifique ces dernières années. Alors, est-ce que Story of Seasons: Grand Bazaar reste sur la lignée des épisodes précédents ou arrive-t-il à sortir du peloton ? Après l’avoir poncé au cours des deux dernières semaines, c’est l’heure du verdict !
À noter : Ce test se base spécifiquement sur la version Nintendo Switch 2 du jeu, qui est aussi sorti sur Nintendo Switch. Niveau technique, il n’y a rien à redire : ça tourne très bien, en 60 fps constant, et à une résolution élevée (1080p en portable, possiblement du 1440p en docké), avec une image qui reste claire et jolie en toutes circonstances. Sans pousser la console dans ses retranchements, l’ensemble est très agréable à l’œil.
Nouvelle maison pour une nouvelle vie
Un petit village qui abritait autrefois un bazar connu du monde entier poste une annonce : « Zéphyria cherche une personne pour reprendre la ferme du village. Nous vous offrirons le logement ainsi que de quoi débuter. Urgent. Non-sérieux s’abstenir ». C’est dès lors à vous d’entrer en scène. Mais qui êtes-vous, au demeurant ? Ça, il va falloir le déterminer en passant par la première étape : la création de votre personnage, qui est le premier point sur lequel j’aimerais saluer le jeu. Comme c’était le cas dans l’épisode précédent, A Wonderful Life, aucune des parties de corps ou options d’habillement ne se limite à un type de corps prédéfini, et vous pouvez choisir vos pronoms avec une option pour les personnes non-binaires (iel/ellui). Un bon exemple de ce que devrait être un créateur de personnage en 2025.
Une fois votre personnage créé, vous arrivez donc dans le village de Zéphyria, ou le maire vous accueille chaleureusement tout en plaçant de lourdes attentes sur vos épaules : il compte bien sur vous pour rendre à son bazar son envergure d’antan. Là où le début des farming sim est souvent un peu longuet, avec de multiples tutoriels, Story of Seasons: Grand Bazaar se détache du lot en proposant un onboarding aussi bref que possible, et introduit ses composantes petit à petit, soit via un petit tutoriel quand vous rencontrez un nouvel élément de gameplay, soit via un PNJ venant toquer à votre porte le matin pour, par exemple, vous offrir une canne à pêche ou vous proposer d’adopter un animal de compagnie. De quoi ne pas se sentir submergé(e) par les informations et pouvoir commencer à s’amuser sans frustration.
Cultiver pour mieux régner
Si, de votre côté, vous êtes là pour vous amuser, ce n’est pas le cas de votre personnage, qui va devoir se mettre au boulot séance tenante. Gagner de l’argent dans Story of Seasons: Grand Bazaar passe par cinq aspects : la culture, l’élevage, la cueillette, la pêche et la transformation. Vous allez donc commencer par acheter des semis au marchand local pour pouvoir les planter et les faire fructifier. On bêche, on plante, on arrose (au moins une fois par jour, avec la possibilité d’arroser une deuxième fois en fin de journée pour augmenter la qualité des récoltes), vous avez l’habitude. La petite nouveauté intelligente de ce jeu réside dans la possibilité d’augmenter la zone d’effet de vos outils en sautant : ce n’est pas très réaliste, mais cela représente un confort non négligeable, d’autant plus que la zone d’effet pourra être encore agrandie en améliorant vos outils et en débloquant le double-saut.
Une fois que vous vous êtes habitué(e) à la culture, il est l’heure de mettre en place l’élevage d’animaux, qui conservent le design très mignon caractéristique de la série : vous pouvez accueillir dans votre ferme des poules, des vaches, des moutons et des alpagas, de manière à récolter des œufs, du lait et de la laine. Pour augmenter le bonheur de vos bêtes, il faudra en prendre soin, en les caressant, les brossant, et en n’oubliant pas de leur donner à manger, soit en les faisant sortir au pré, soit en remplissant leurs mangeoires. Plus tard, toujours dans une optique de faciliter votre vie, vous pourrez adopter un animal de compagnie qui se chargera de faire sortir et rentrer vos animaux de l’étable afin d’automatiser cette étape, vous permettant de consacrer vos ressources les plus précieuses – votre temps et votre endurance – à d’autres activités.
Profiter des richesses de la nature
Vous pourrez ainsi par exemple sortir de votre ferme et explorer les lieux pour récolter des matières premières (cuivre, argent, bois…), des fleurs, pêcher, ou simplement aller parler aux habitants du village pour augmenter leur affection pour vous, ce qui peut aussi être accompli en les aidant ou en leur offrant des cadeaux. À terme, vous pourrez ainsi fonder une famille avec l’habitant(e) de votre choix. L’exploration du village et des lieux environnants se fait de manière très fluide grâce à un saut efficace, mais aussi l’ajout d’un parapente, qui vous fait gagner du temps en exploitant le vent dont l’intensité varie de jour en jour. Vous pouvez ainsi, quand le vent souffle fort, atteindre des zones inatteignables en temps normal. On regrettera juste le fait que le vent souffle toujours d’ouest en est (mais c’est la caractéristique d’un zéphyr, d’où le nom du village), de même que la relative mollesse du mini-jeu de pêche, qui peine à nous impliquer.
La qualité des produits récoltés dans la nature n’est ni aléatoire ni vraiment dépendante de la qualité de vos outils, et s’augmente en faisant don du fruit de votre travail à des petits lutins, ce qui permet de créer un petit dilemme : j’ai pêché dix poissons, je pourrais les vendre ou faire une croix sur mon argent en les donnant au lutin de la rivière qui me permettra de pêcher des poissons qui vaudront plus d’argent la prochaine fois, que faire ? Un système intéressant, d’autant plus que donner des objets aux lutins vous permet d’amasser en masse des « points de bonheur » (qui se gagnent aussi en accomplissant vos actions du quotidien) qui vous permettent d’acheter derrière des objets inaccessibles autrement, comme de très pratiques points de téléportation.
Au four et au moulin
Enfin, l’aspect transformation vous permet de changer vos matières premières en des produits plus élaborés et, donc, plus chers. Et c’est là que réside en partie le génie du jeu : la transformation se fait par votre cuisine mais aussi par des moulins, une solution bien plus pratique que d’acheter des dizaines de machines spécifiques à tel ou tel matériau comme c’est souvent la norme, et permet d’imbriquer tous les systèmes du jeu les uns dans les autres, nécessitant une vrai réflexion pour arriver à un produit. Imaginez que vous vouliez faire des mochis à la fraise : il vous faudra faire pousser du riz et des fraises, faire cuire votre riz, le transformer en pâte à mochi (ce qui prend du temps, car la transformation dans les moulins nécessite plusieurs heures voir plusieurs jours), et enfin assembler le tout, en prenant donc en compte les temps de pousse mais aussi le fait que les divers ingrédients finissent par périmer.
À mon sens, une bonne farming sim nécessite d’impliquer les joueurs et joueuses à la fois sur le court, le moyen et le long terme, et c’est ce que Story of Seasons: Grand Bazaar arrive à faire absolument brillamment avec sa gestion de la transformation des produits, mais aussi son bazar. Car oui, le mot n’est pas juste là pour faire joli dans le titre : si vous pouvez toujours vendre le fruit de votre récolte à la boutique, vous êtes incités, pécuniairement mais aussi pour faire progresser l’histoire, à tout vendre au marché qui se tient le samedi, via un mini-jeu aussi stressant que rigolo dans lequel il faut gérer votre stock, rameuter des clients, et les servir rapidement. Il vous faut donc planifier votre semaine pour avoir assez de produits à vendre au bazar, tout en essayant de proposer un maximum de produits à la mode, ce qui permet de garder les joueurs et joueuses engagé(e)s et de créer ce fabuleux sentiment d’addiction qui pousse à se dire « allez, encore une dernière journée et j’arrête« . Et, de mon côté, je ne suis pas prête d’arrêter.
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Le roi vient reprendre sa couronne - 90%
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Le roi vient reprendre sa couronne
Story of Seasons: Grand Bazaar est un vrai bijou et l’une de mes plus belles surprises de l’année. Je joue à beaucoup de jeux du genre ; je suis donc exigeante sur le sujet et j’ai été très impressionnée par la maîtrise de Marvelous sur ce nouvel opus, qui est à mes yeux le meilleur représentant du genre depuis Stardew Valley. Ses multiples systèmes s’imbriquent parfaitement pour obtenir un jeu toujours engageant et très addictif, et, loin d’être un gimmick, le bazar est un réalité un véritable point d’orgue permettant d’ajouter du rythme aux semaines. Si vous aimez les farming sim, vous pouvez y aller les yeux fermés.
Les +
- Une DA très mignonne et sublimée par la résolution d’image de la Switch 2
- La personnalisation du personnage inclusive
- Très agréable à jouer, sans avoir l’impression d’aller au travail
- De nombreuses possibilités d’amélioration tout en gardant un esprit low-tech
- La transformation par les moulins, une bonne idée
- Le mini-jeu du bazar est très amusant
- Assez complexe pour ne pas être redondant, avec une vraie réflexion demandée sur la planification
- Des PNJ charmants et aux lignes de dialogues qui s’adaptent aux diverses situations
- De nombreux événements au cours de l’année qui permettent de casser la routine
- L’exploration du monde est fluide et agréable
Les -
- Le mini-jeu de pêche, longuet et peu palpitant
- Bruitages un peu envahissants avec le réglage de base
- Le vent qui souffle uniquement dans une direction