A Dream About Parking Lots, mais quel est le sens de ce jeu ? – TEST

A Dream About Parking Lots tesst
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Il existe des jeux qui ne cherchent pas à divertir, mais à vous confronter à vous-même. A Dream About Parking Lots fait partie de ceux-là. Ce très court jeu narratif vous plonge dans une série de rêves étranges, où l’on erre dans des parkings labyrinthiques pour retrouver une voiture, tout en échangeant avec un psychologue. C’est minimaliste, introspectif, et surtout, assez spécial dans son approche.

Une ambiance qui touche au réel

Dès les premiers instants, le jeu pose son ton : flou visuel, ambiance sonore discrète, parking vide d’humain mais plein de voitures. On comprend vite que ce rêve récurrent n’est qu’un prétexte. Le véritable sujet, c’est l’anxiété, le blocage créatif, ou peut-être même le deuil d’un soi ancien. Et si ces parkings n’étaient qu’un reflet mental de la sensation d’être « perdu » dans sa vie ? Le cœur du jeu, ce sont les dialogues avec le thérapeute. Bien écrits, bien traduits (pensez à changer la langue dans les options avant de jouer), ils réservent quelques surprises. L’écriture n’est pas linéaire ni évidente. Certains rêves sautent des numéros (on passe du rêve 1 au rêve 7 sans raison apparente), comme pour imiter le fonctionnement aléatoire de la mémoire ou des pensées nocturnes. Par moments, le jeu va même jusqu’à briser le quatrième mur ou inverser les rôles : c’est vous qui posez les questions, pour mieux vous y confronter ensuite.

Et c’est là que A Dream About Parking Lots frappe plus fort qu’on aurait pu le croire. Derrière cette mise en scène absurde, c’est un malaise existentiel qui émerge. Le jeu peut toucher ; en particulier si vous avez connu ces moments de perte de repères, de questionnements, de fatigue émotionnelle. Il ne propose aucune réponse, mais il sait poser les bonnes questions. Il ne faut pas non plus y voir une vraie thérapie : si le sujet est creusé, il ne va pas non plus très loin et ne remplacera jamais une vraie séance chez une ou un psy. Forcément, si vous n’avez jamais rien vécu de tel (ça n’est pas un jugement), le jeu ne vous parlera pas et ce test vous semblera peut-être même trop formel, voire un tantiné abusé dans ma façon d’écrire ce que j’ai pensé du jeu. Et c’est tout à fait normal.

Un gameplay minimal mais pas vide

L’objectif est simple : retrouver sa voiture dans un parking. Pour cela, il faut appuyer sur une clé pour déclencher un klaxon et des phares, mais ça ne fonctionne qu’à proximité de la dite voiture. Le jeu introduit alors quelques mécaniques bien vues : la voiture qu’on croit entendre est en réalité un étage au-dessus ou bloquée par des murs et certains niveaux trichent volontairement avec votre perception. Malheureusement, ces idées ne vont pas très loin. Une fois qu’on a compris que la voiture se trouve généralement à la fin du niveau, on peut finir certains rêves très vite, parfois avant même que le dialogue avec le thérapeute ne soit terminé. Il en résulte une situation étrange : attendre devant la voiture que la discussion s’achève. Est-ce une faiblesse de game design, ou un choix volontaire pour vous forcer à lâcher prise, à ne rien faire, à écouter sans vouloir constamment agir ? On peut y voir les deux.

Une expérience courte, accessible, mais marquante

En moins de quarante minutes, tout est dit. Ce n’est pas frustrant, car le jeu ne s’étire jamais inutilement (sauf lorsque l’on parvient trop vite à la voiture), mais c’est tout de même étonnant. Son rythme est calme, mais constant, donnant justement d’autant plus envie de continuer, de ne pas être coupé net de la sorte. Par ailleurs, sa simplicité le rend accessible à tous : pas de système complexe, pas de difficulté ou de pièges trop frustrants, pas d’interface surchargée. Si vous avez envie de vivre une expérience narrative, même sans être joueur régulier, A Dream About Parking Lots vous tend la main. Il suffit juste d’accepter de s’y perdre un peu, pour quelques euros.

Une direction artistique rétro, mais un jeu (très) flou

Techniquement, A Dream About Parking Lots est extrêmement basique. Les décors sont bruts, la modélisation simple, les textures sont parfois très pauvres. Pourtant, cela semble volontaire. Le style low-poly évoque les premières heures de la PlayStation 1, avec cette esthétique rugueuse et déstabilisante. Ce n’est pas juste une contrainte de moyens, c’est une volonté de vous faire ressentir une certaine gêne. Un inconfort visuel en écho à l’inconfort psychologique. Sur Switch, en revanche, le flou excessif nuit à cette proposition artistique. Le manque de netteté rend parfois la navigation désagréable, même si le gameplay reste fonctionnel. Difficile d’y voir là encore une volonté du développeur, puisque les captures sur d’autres plateformes montrent bien que le flou n’est pas le même ailleurs.

A Dream About Parking Lots, mais quel est le sens de ce jeu ? - TEST
  • Mais pourquoi forcément chercher le sens de ce jeu ? - 65%
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Mais pourquoi forcément chercher le sens de ce jeu ?

Comment noter un jeu qui vous dit, justement, qu’il n’est pas nécessaire de tout analyser ou de toujours chercher un sens ? C’est toute la difficulté avec A Dream About Parking Lots. Ce n’est ni une claque narrative, ni une véritable thérapie. Mais il a ce mérite rare : celui de faire réfléchir, de nous pousser à confronter certaines pensées, parfois en miroir de notre propre vécu. Certaines personnes seront profondément touchées, d’autres resteront largement à distance. Et c’est très bien aussi. Malgré tout, le jeu aurait peut-être gagné à s’allonger un peu plus. Même s’il ne coûte que quelques euros, il peut rester un arrière goût d’inachevé une fois la fin du jeu atteinte. Le concept n’aurait pas pu durer 5 heures, c’est évident ; mais au moins une heure complète, ça n’aurait pas été de trop.

Les +

  • Une ambiance immersive, étrange et cohérente
  • Une écriture soignée, avec une nuance psychologique
  • Des dialogues intéressants et parfois presque déstabilisants
  • Une direction artistique rétro cohérente avec le propos
  • Un jeu très accessible

Les -

  • Des graphismes vraiment très flous sur Nintendo Switch
  • Un gameplay limité et parfois expédié trop vite
  • Certains dialogues ne sont pas terminés alors que l’action est déjà finie
  • Une boucle de gameplay qu’on comprend un peu trop vite et qui casse l’idée de recherche
  • Tout de même particulièrement court
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Joueur de 30 ans, fondateur du site Switch-Actu.fr, je suis passionné par le jeu-vidéo depuis The Legend of Zelda: Ocarina of Time. Je joue sur Nintendo Switch, PlayStation 5, parfois sur mon smartphone. Rédacteur freelance qui parle hardware et software.


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