Oceanhorn 2 Switch
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Oceanhorn 2, quand le trop devient l’ennemi du bien – TEST

Si j’en crois le test de DesBen ainsi que les quelques vidéos de gameplay que j’ai pu en voir sur YouTube, le premier Oceanhorn était un Zelda-like assez sympathique, qui proposait une aventure honnête en ne tentant pas de réinventer la roue. C’est donc avec de l’espoir que j’ai lancé sa suite, beaucoup plus ambitieuse sur le papier : en effet, les niveaux d’Oceanhorn 2 sont plus ouverts, ses graphismes plus beaux, ses combats plus spectaculaires…. Enfin, ça, c’est ce que le studio finlandais Cornfox & Bros voudrait vous faire croire. La vérité, c’est que, malgré toute la bonne volonté du monde, on ne peut pas faire un film hollywoodien avec le budget d’une troupe de théâtre amateur.

The Mimic Cap

Dès le début, pourtant, le studio nous fait une déclaration d’intention forte : eux aussi ont envie de nous raconter quelque chose de grandiose, une aventure épique à échelle humaine mais aux fortes implications. Mais cela ne tient pas dès que l’on regarde les cinématiques du jeu, peuplées de bonshommes hagards aux regards incrédules, qui sont mis en scène comme l’étaient les premiers jeux 3D : avec des animations sommaires et des personnages qui ne bougent que lorsque c’est leur tour de parler. Même le doublage, plutôt bon, ne parvient pas à nous faire croire que l’on regarde autre chose qu’un petit théâtre de marionnettes, et ce n’est pas le name-dropping constant de personnages, objets et légendes dont on ne sait rien – ou du moins, pas sans avoir touché au premier jeu, ce qui revient au même – qui arrive à nous impliquer dans ce qui nous est conté.

L’histoire est pourtant classique : vous êtes un élu, un enfant qui à été confié à Maître Mayfair par un démon et qui, une fois adulte, entreprend le parcours pour devenir un chevalier, un métier dangereux mais indispensable pour son monde. Une fois ce statut acquis, vous serez confrontés à une force qui vous dépasse et devrez retrouver trois “emblèmes sacrés” qui vous permettront de vaincre ce mystérieux ennemi. Bref, une histoire basique, que l’on pourrait très bien retrouver dans un Zelda, à la différence près qu’Oceanhorn 2 troque la fantasy pour un monde plus steampunk, avec machineries, motos volantes, robot géants… Cette ambiance visuelle est peut-être la seule chose qu’il réussit bien : le monde est souvent vide mais reste crédible et, sans être magnifiques, les environnements ont une certaine patte graphique. Dommage que la redondance guette vite et que les assets réutilisés de niveau en niveau traduisent un probable manque de budget.

Moujora’s Mask

Dommage, aussi, que ce monde charmant n’ait pas bénéficié d’un level design intéressant : les niveaux sont encore plus plats que la Belgique et cachent sous l’apparence de l’ouverture des couloirs bien basiques. Votre héros, qui malgré sa jauge d’endurance ne peut ni sauter – enfin, presque, j’y reviendrai, ni grimper, ni même nager plus de dix secondes, est toujours bloqué par des rochers, des planches, des arbres, bref, autant d’éléments que vous ne pourrez pas franchir, sauf quand le jeu l’aura décidé (en plaçant une échelle, par exemple). On ne se perd jamais, on n’éprouve même aucun plaisir à explorer un monde qui ne récompense jamais notre curiosité et notre engagement. Les quelques énigmes auxquelles on sera confrontés pour avancer sont très basiques (généralement exploser un mur, appuyer sur un bouton ou taper sur un levier), et le seul moment où j’ai dû me creuser les méninges c’est parce que je devais utiliser une mécanique de jeu qui ne m’a jamais été introduite par ce dernier.

On se laisse donc porter par Oceanhorn 2, enchaînant des combats contre des ennemis aux designs peu inspirés, combats qui vous poseront problème dès que ceux-ci seront trop nombreux : en effet, il est tout bonnement impossible de locker un ennemi en attaquant (alors que lever votre bouclier bloque bel et bien la caméra) et on balance donc de nombreux coups d’épée dans le vide, tout en se faisant toucher par des attaques que l’on n’avait pas vues venir. Pire encore, contrer correctement un assaut immobilise certes votre adversaire mais vide aussi votre jauge d’endurance, vous empêchant de faire une roulade pour esquiver le prochain coup qu’il vous portera : un choix de game design incompréhensible qui va à l’encontre de tout le reste de la production vidéoludique, où réussir un contre est systématiquement récompensé. Alors, oui, vous avez un “pistolet à sorts” à votre disposition, mais l’utilisation de celui-ci est limitée et laborieuse, ce qui vous poussera toujours à sortir votre épée de votre fourreau et à placer quelques attaques lentes aux animations molles pour tenter d’éliminer vos adversaires : quand on est habitués à ce que propose désormais la concurrence (Breath of the Wild, Kingdom Hearts III, pour ne citer qu’eux), où les attaques, contres et esquivent s’enchaînent de manière fluide et agréable, ce retour en arrière est insupportable.

A Link to the Bâille

Cette mollesse ne s’arrête malheureusement pas qu’aux combats et touche tout le jeu, où l’on a plus l’impression de conduire un transpalette que de diriger un jeune chevalier : absence regrettable de bouton de course, héros qui ralentit dès qu’il traverse des hautes herbes, sauts automatiques dès que l’on approche d’un rebord… on se croirait en train de jouer à Shenmue, l’ambiance et les affrontements réussis en moins. Incompréhensible pour un titre de 2020. Continuer à jouer à Oceanhorn 2 pour ce test s’est révélé être une véritable épreuve tant la fatigue et l’ennui m’envahissaient dès le lancement du jeu. Et pourtant, Cornfox & Bros ont essayé de donner au titre une fibre épique, mais que l’on combatte des fantômes de glace (en faisant des roulades et leur tirant dessus, ô joie) ou que l’on vole sur un engin en évitant les attaques ennemies (j’ai eu plus de sensations de vitesse devant Euro Truck Simulator 2), la lourdeur des déplacements et des animations, sans compter une musique d’ambiance qui ne s’adapte pas toujours aux situations rencontrées, font que l’on peine à rester éveillé et intéressé par ce à quoi l’on joue.

Qui plus est, Oceanhorn 2 est rempli de petits bugs et d’approximations : impossible, par exemple, d’utiliser des sorts de soin durant les deux premiers boss du jeu sans que celui-ci ne crashe, et je ne compte plus le nombre de fois où j’ai dû relancer la partie parce que mon personnage s’était coincé dans – ou dessous – un élément de décor (note : les développeurs sont au courant et un patch sera sans doute proposé). Et encore, recharger ma sauvegarde ne serait pas si contraignant si le jeu proposait d’enregistrer sa progression n’importe quand, mais non : c’est sauvegarde automatique pour tout le monde, et celles-ci sont placées erratiquement. Tout cela donne l’impression que Cornfox & Bros ont eu les yeux plus gros que le ventre et ont préféré sortir un titre ambitieux mais mal fini plutôt que de se concentrer sur ce qu’ils savaient faire. Oceanhorn 2 aurait pu être un clone de Zelda honnête, avec des graphismes 3D mignons et une vue top-down à la Link’s Awakening : à la place, on nous propose un jeu d’action-aventure sans âme, vu et revu, qui semble enfermé dans un passé révolu. C’est peut-être suffisant sur Apple Arcade ; mais il y a tellement mieux à découvrir sur Switch.

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Quand le trop devient l'ennemi du bien
  • Copié et mal collé - 30%
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Copié et mal collé

Oceanhorn 2 ne reprend que des concepts déjà vus ailleurs : cela ne serait pas un problème si l’exécution n’était pas systématiquement inférieure à la concurrence. Le level design est médiocre et le gameplay mou et peu inspiré : même l’ambiance un peu originale du jeu ne peut rattraper ces défauts. Cela n’aurait déjà pas été amusant à l’époque de la PlayStation 2 ; en 2020, c’est carrément insultant vu ce qui est proposé ailleurs. Ne perdez pas votre temps et allez plutôt fouiller l’eShop à la recherche de clones de Zelda qui ne vous décrocheront pas la mâchoire.

Les +

  • L’ambiance steampunk, originale pour le genre
  • La musique est globalement correcte
  • Les décors ne sont pas moches
  • De bonnes intentions

Les -

  • Mou du genou
  • Combats très mal exécutés
  • Aucune originalité
  • Level design raté
  • Énigmes trop simples
  • Personnage désagréable à contrôler
  • IA aux fraises
  • Mise en scène d’un autre âge
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Note des lecteurs :
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giomosby
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Fan de consoles Nintendo et de jeux japonais depuis que je suis en âge de tenir une manette. Si je ne suis pas dispo, c'est probablement que je visite un parc Disney.

tipee

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1 Commentaire
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Nico

Un peu sévère ce test